Le secteur médiatique québécois se trouve à un tournant décisif.
Alors que Pierre-Karl Péladeau, l'"empereur" de Québecor, se débat dans une mer d'incertitude avec TVA Sports, une véritable commotion à retardement vient de secouer ses fondations.
Radio-Canada, l'ennemi juré qu'il a toujours souhaité voir s'effondrer, pourrait bien récupérer certains des matchs du Canadien de Montréal à la faveur de la nouvelle entente francophone pour les droits de diffusion.
Oui, vous avez bien lu. Alors que Péladeau se prépare à débrancher son bébé, TVA Sports, du respirateur artificiel, voilà que l'inimaginable se profile à l'horizon : la société d'État pourrait se voir offrir une part de ce gâteau juteux que Québecor et RDS se sont toujours disputé avec tant de férocité.
Les nouvelles rumeurs qui enflent à Ottawa, concernant la renégociation des droits de télévision pour les matchs du CH, font trembler le cœur de Péladeau.
Lui qui a toujours dénoncé l'influence et le financement de Radio-Canada, se trouve aujourd'hui sur le point de perdre le plus grand trésor médiatique francophone du Québec, celui qu'il a convoité pendant des années : le hockey, en particulier le Canadien de Montréal.
Pierre-Karl Péladeau n'a jamais lâcher le morceau lorsqu'il s'agit de Radio-Canada. Pour lui, la société d'État est un symbole de gaspillage et d’injustice dans un paysage médiatique où la concurrence est déjà féroce.
Dans ses critiques cinglantes, il a dénoncé à maintes reprises le soutien financier que reçoit Radio-Canada, particulièrement lorsque celle-ci utilise nos taxes pour financer des droits de diffusion sportifs, dont une partie pourrait bien concerner les matchs du Canadien de Montréal.
« Pourquoi utiliser l’argent des contribuables pour subventionner une entreprise publique qui bénéficie déjà d’une longueur d’avance sur les acteurs privés ? », s’est-il emporté lors d’une récente sortie.
Péladeau voit dans ce système un affront à la saine concurrence et une injustice pour les chaînes privées qui, elles, se battent pour chaque dollar publicitaire dans un marché saturé.
Le contrat signé entre Rogers et la Ligue nationale de hockey, d'une valeur ahurissante de 11 milliards de dollars, a amplifié cette colère.
Non seulement la diffusion des matchs du CH est verrouillée entre les mains de Rogers pour les prochaines années, mais l'impact sur les diffuseurs comme TVA Sports est catastrophique.
Péladeau, qui avait espéré une reprise des droits francophones, a vu ses ambitions anéanties par cette entente historique. Il est évident que cette situation est une gifle pour toute l’industrie des médias au Québec. On parle ici de milliards de dollars que TVA Sports ne pourra jamais égaler, surtout dans le contexte actuel de crise financière au sein de Québecor.
Mais là où la situation prend une tournure particulièrement acerbe pour Péladeau, c’est le spectre de Radio-Canada, ce "monstre" qu’il dénonce depuis des années, maintenant bien ancré dans cette même compétition. Le plus grand coup de théâtre ?
Le fait que Radio-Canada pourrait, à terme, diffuser des matchs du Canadien de Montréal avec l’argent des contribuables.
Un scénario qu’il juge non seulement absurde, mais scandaleux. Comment accepter qu'une société d'État, financée par les taxes, puisse récupérer des matchs alors que les chaînes privées, comme TVA, se battent pour chaque contrat ?
Péladeau voit là un renversement des rôles où, paradoxalement, ce sont les citoyens qui finissent par financer le sport qu'ils suivent, au profit d'une entreprise publique qui se permet de rafler le contenu phare du marché.
Pourquoi laisser Radio-Canada acheter ces droits avec l'argent des contribuables, alors que l'industrie privée est mise à genoux ? C'est une question de principe, mais aussi une question de justice économique.
Péladeau a raison dans une nouvelle charge contre la société d'État. Cette situation crée un climat où la compétition entre médias n'est plus régulée par l'offre et la demande, mais par les décisions politiques et les subventions publiques. Une situation qui met en péril l'avenir des chaînes privées et leur capacité à se battre sur un pied d'égalité.
Péladeau voit dans ce jeu de pouvoirs médiatiques et financiers une défaite personnelle et stratégique. TVA Sports, déjà gravement fragilisée par des pertes financières répétées et des investissements ratés, ne pourra sans doute pas survivre à un environnement aussi déséquilibré, où Radio-Canada semble désormais avoir la main sur un marché qu'il a longtemps dominé.
Pour TVA Sports, la situation est simple, mais brutale : pour conserver les droits francophones de la LNH, la chaîne devrait débourser une somme astronomique, un montant totalement hors de portée dans le contexte actuel de crise financière chez Québecor.
Rogers a signé un contrat record de 11 milliards de dollars pour les droits de diffusion de la LNH au Canada pour les 12 prochaines années.
À titre de comparaison, l’accord que TVA Sports avait conclu en 2013, pour un montant de 720 millions de dollars sur 12 ans, représentait environ 13,8 % de la valeur totale de l’entente entre Rogers et la LNH.
Si on applique le même ratio à l’accord actuel de Rogers, cela signifie qu'il faudrait à TVA Sports investir environ 1,52 milliard de dollars pour maintenir l'exclusivité des droits de diffusion francophones.
Ce montant de 1,52 milliard de dollars est tout simplement irréaliste pour TVA Sports, une chaîne qui a perdu près de 300 millions de dollars depuis sa création en 2011 et qui lutte déjà contre des pertes de revenus publicitaires, des audiences en chute libre, et des difficultés internes majeures.
Avec des coûts opérationnels en constante hausse et des salaires de stars médiatiques qui ne génèrent pas les retours attendus, il devient clair que TVA Sports ne dispose ni de la trésorerie nécessaire ni du modèle économique pour assumer un tel investissement.
Cela représente plus du double de ce que TVA avait payé en 2013 pour les droits de la LNH. Alors que Québecor se débat avec ses pertes et qu’une restructuration en profondeur semble inévitable, cet investissement de plus d’un milliard et demi de dollars serait un pari insensé, à la fois financier et stratégique. Même un miracle économique ne suffirait probablement pas à rendre cette transaction viable.
Imaginez l'effet d'une telle nouvelle : après une décennie de pertes infinies, où TVA Sports s'est enfoncée dans le sable mouvant des coûts faramineux, voilà que le diffuseur public pourrait bien récupérer les matchs que Péladeau a rêvé de conserver à tout prix.
Le sport, c’est de l’émotion brute. Ce sont des cris dans le salon. Ce sont des frissons au but en prolongation. Ce sont des larmes à l’élimination." Mais ces émotions, TVA Sports ne les capte plus. La chaîne a échoué à se connecter avec son public.
Entre les chroniques froides de Jean-Charles Lajoie, les polémiques autour d’Élizabeth Rancourt et une grille de programmation qui n'a jamais réussi à s'imposer, le lien entre la chaîne et ses téléspectateurs est devenu trop ténu pour survivre.
Pire encore, alors que les Canadiens amorcent une nouvelle ère avec de jeunes talents prometteurs comme Ivan Demidov et Lane Hutson, c’est RDS, le monstre historique, qui semble se positionner pour reprendre les rênes des droits de diffusion, sur le point d'étouffer toute concurrence.
C'est une ironie brutale. TVA Sports, qui a parié 720 millions de dollars en 2014 pour devenir le diffuseur francophone exclusif de la LNH, pourrait bien se voir reléguée à l'arrière-plan, alors que les droits de télévision se redéfinissent sous l'ère du numérique et des partenariats stratégiques.
À l'horizon, une entente historique entre Rogers et la LNH, d'une valeur de 11 milliards de dollars, fait trembler l’industrie médiatique. Péladeau le sait : cette guerre, il l'a perdue avant même d'avoir pu dégainer. Le modèle économique de TVA Sports est désormais passé date.
Les pertes s'empilent, les résultats financiers sont désastreux, et les rêves d'une revanche médiatique contre Bell se dissipent dans le néant.
La fermeture de TVA Sports, une possibilité que Péladeau n’a cessé d'évoquer ces derniers mois, se profile désormais comme une issue inévitable.
L’entreprise se noie sous les dettes et les coûts de diffusion, tout en voyant des entreprises comme Rogers, avec ses poches pleines, signer des contrats record avec la LNH.
L'avenir de TVA Sports semble écrit : une relégation aux ententes régionales, à la marge, avec des miettes de droits, loin de l’ambition qu’elle nourrissait il y a encore quelques années.
Et puis, dans ce contexte apocalyptique, voilà qu'une autre menace se profile : Radio-Canada. Non seulement la société d'État pourrait récupérer des matchs du CH, mais elle pourrait également bénéficier d’une plateforme renouvelée pour ses productions sportives, un coup de maître que Péladeau aurait du mal à digérer.
Si cet accord se concrétise, l'impact serait dévastateur pour Québecor, déjà sur les genoux. Péladeau, qui a toujours dénigré la place de Radio-Canada dans le paysage médiatique, verrait là un coup fatal à ses ambitions, à ses investissements et à ses rêves de domination du marché.
Dans un dernier sursaut, Péladeau pourrait bien essayer de jouer ses dernières cartes, mais la réalité des coûts à supporter pour conserver les droits de la LNH, dans un contexte où chaque cenne compte, rend la situation presque impossible à surmonter.
TVA Sports, tel un navire en perdition, pourrait bien être sur le point de couler, avec l'épave de ses ambitions qui se brise contre la réalité économique.
Et pendant que la tempête fait rage, l’avenir des matchs des Canadiens en français est bien différent de ce que Péladeau avait imaginé. Une fois de plus, c’est TVA Sports qui est au banc des perdants.
La réalité des milliards en jeu, des taxes et de la montée en puissance de Radio-Canada dans le domaine des droits de diffusion du hockey va hanter les nuits de Pierre-Karl Péladeau.
Car l’aspect le plus percutant de cette débâcle pour Péladeau reste la possibilité que son ennemi radio-canadien, financée par l'argent des contribuables, vienne récolter des miettes du gâteau qu’il convoitait.
Cette perspective de voir la société d'État utiliser nos taxes pour acheter les matchs du Canadien – un contenu en or – dans un système déjà dominé par des géants financiers comme Rogers, est un coup de poignard dans le cœur de Péladeau.
Comment accepter que, dans un pays où les chaînes privées luttent pour leur survie, une société publique vienne s'immiscer sur ce terrain avec l'argent des citoyens ?
Ce fantôme d’une concurrence faussée par des financements publics et des privilèges accordés à Radio-Canada va faire perdre la tête au président de Québecor, car il ne s’agit pas seulement de chiffres, mais de son propre projet de domination médiatique, un projet en voie de se réduire à néant.
Une rêve radio-canadien... un cauchemar "québécorien"...