Revirement de situation à New York: la vie de Patrick Roy chavirée

Revirement de situation à New York: la vie de Patrick Roy chavirée

Par David Garel le 2025-04-21

Il y a quelques jours à peine, tous les regards pointaient vers Patrick Roy.

La saison des Islanders de New York venait de s'effondrer en queue de poisson, l'équipe n'avait pas réussi à atteindre les séries éliminatoires, et une partie de la presse new-yorkaise appelait carrément à son congédiement.

Mais dans un revirement absolument spectaculaire, c'est plutôt Lou Lamoriello, le vénérable directeur général de 81 ans, qui pourrait se retrouver à la porte. Et Patrick Roy, lui, sort grand gagnant d'un duel électrique en coulisses.

Tout a commencé avec une cohabitation forcée. Lamoriello n'a jamais choisi Patrick Roy. Ce dernier a été imposé par le propriétaire Scott Malkin, lassé des insuccès de Lane Lambert.

Lou, habitué à contrôler chaque détail, a vu d'un très mauvais oeil l'arrivée de Roy, dont la personnalité flamboyante contraste violemment avec la sienne. Dès le départ, des tensions se sont installées.

Un conflit d'époque, un conflit de style. Lamoriello veut une structure rigide, disciplinée, et des joueurs dociles. Roy, lui, croit à l'émotif, au lien humain, à la responsabilisation. Roy pousse ses jeunes, Lou les étouffe. Les deux hommes ne se parlent presque plus.

Mais voilà que Scott Malkin, le propriétaire milliardaire de l'équipe, commence à trancher. Et selon Chris Botta, ancien vice-président des communications des Islanders devenu analyste respecté à New York, la décision est pratiquement prise.

"Il y a de la fumée, et cette fois, elle ne vient pas de Patrick Roy," a-t-il affirmé.

Malkin aurait été très impressionné par la façon dont Roy a su mobiliser les joueurs malgré une tempête de blessures, dont celle de Mathew Barzal.

La fiche de 35-35-12 cache une fin de saison combative, marquée par un regain d'énergie et un vestiaire réconcilié.

Anders Lee et Barzal ont publiquement défendu leur entraîneur. Le vestiaire est derrière lui.

Lou Lamoriello, à l'inverse, a été blâmé pour son absence de plan à long terme. Sa gestion du plafond salarial est considérée comme passé date.

Son recrutement est en panne. Et surtout, il représente le passé. Roy incarne le renouveau.

Ce qui s'annonçait comme un mandat transitoire pour Roy pourrait maintenant devenir un véritable règne. Scott Malkin, très conscient des frustrations des abonnés, ne veut pas se contenter de changements "cosmétiques".

J'espère que les modifications ne seront pas simplement pour la forme," a ajouté Botta.

Les pièces s'alignent : Roy pourrait rester, voire obtenir plus de contrôle sur les décisions hockey. Et Lamoriello, icône de l'ancien monde, pourrait quitter sur une note amère.

Ce serait une première depuis des décennies : un entraîneur qui pousse Lou Lamoriello vers la sortie. Un changement de garde épique. Une victoire symbolique pour une nouvelle génération d'entraîneurs.

Et surtout, une consécration pour Patrick Roy, le même homme que tout le monde voyait comme le maillon faible en février. Aujourd'hui, c'est lui qui sort debout, fier, en contrôle.

Une autre bataille que le "King" vient de gagner.

Mais au-delà de la bataille politique entre Lou Lamoriello et Patrick Roy, il y a une réalité humaine qui commence à inquiéter tout le monde autour de Roy.

L’homme de 59 ans est fatigué. Éreinté. Il a le teint rouge, les traits tirés, les yeux cernés. Ceux qui l’ont croisé récemment dans les corridors du UBS Arena disent tous la même chose : Patrick Roy est au bout du rouleau. 

La saison avec les Islanders a été d’une violence émotionnelle rare. Chaque défaite l’atteint au plus profond. Il porte encore cette intensité viscérale d’un compétiteur qui ne tolère pas la médiocrité. Mais le poids des années et l’usure du métier d’entraîneur sont en train de rattraper le “Roi Pat”.

Sa famille le sait. Ses amis proches le savent. Ce n’est pas pour rien qu’il a déjà confié à Jeff Gorton, lors de son entrevue pour devenir DG du Canadien de Montréal, qu’il ne voulait plus nécessairement coacher à long terme, mais bien occuper un rôle de direction. 

Cette rencontre entre Gorton et Roy, qui a précédé la nomination de Kent Hughes, n’était pas une simple formalité. Roy voulait être DG. Il le veut encore. Et il en parle ouvertement dans son cercle restreint.

Ce n’est donc pas un hasard si, dans les bureaux de Long Island, plusieurs commencent à se poser la question : et si Lou Lamoriello partait… est-ce que Patrick Roy pourrait prendre le relais comme directeur général?

Ce scénario, encore tabou publiquement, commence à circuler avec de plus en plus d’insistance. Parce que tout le monde voit bien que Roy n’a pas le profil d’un coach de transition. 

Il veut bâtir. Il veut choisir. Il veut régner. Et s’il devenait DG, il n’aurait aucun mal à trouver son successeur derrière le banc.

Le nom de Benoît Desrosiers, son bras droit fidèle, revient en boucle. Roy l’adore. Il l’a amené partout. Il lui fait une confiance aveugle.

Mais attention : l’autre nom qui circule aussi, c’est celui de Pascal Vincent, qui veut revenir dans la LNH. Un autre Québécois respecté, un formateur, un enseignant, qui pourrait incarner un duo québécois audacieux à Long Island si Roy devient DG.

Ce qui est paradoxak, c’est que Lou Lamoriello, lui, refuse encore de croire à la reconstruction. Il veut gagner maintenant. Il continue de bâtir comme s’il avait 45 ans devant lui.

Il vit dans le passé. Il multiplie les signatures à court terme, les transactions de vétérans. Il n’a jamais voulu entendre parler d’un plan à long terme.

Ce refus obstiné de regarder la réalité en face est exactement ce qui exaspère Scott Malkin, le propriétaire, et ce qui a permis à Patrick Roy de gagner des points dans l’ombre.

Roy, lui, ne craint pas la reconstruction. Il sait comment bâtir. Il sait comment motiver des jeunes. Il l’a prouvé à Québec. 

Et il a encore cette flamme de bâtisseur, cette obsession du contrôle qui le pousse à vouloir façonner une équipe à son image.

Alors qu’on croyait que Roy allait prendre la porte… c’est peut-être lui qui va ouvrir la prochaine. Et cette fois, en DG, avec carte blanche.

Ce serait un scénario tiré tout droit d'un film à Hollywood. Mais avec le roi Patrick, tout est possible.