Revirement de situation dans le vestiaire: Ivan Demidov tasse Cole Caufield

Revirement de situation dans le vestiaire: Ivan Demidov tasse Cole Caufield

Par Marc-André Dubois le 2025-04-20

C’est une scène digne des séries éliminatoires. Avant même que la rondelle ne tombe pour le match numéro un, l’entraîneur-chef des Capitals de Washington, Spencer Carbery, vient de lâcher une grenade verbale dans le vestiaire du Canadien de Montréal. Et cette grenade s’appelle Ivan Demidov.

Carbery, fin stratège ou maître de la manipulation, a tenu des propos lourds de sous-entendus dimanche après l’entraînement.

Et si à première vue ils semblent flatteurs envers le jeune prodige russe, ceux qui connaissent les dynamiques internes d’un vestiaire savent très bien ce qu’il essaie de faire.

Carbery l’a dit sans détour : 

« Beaucoup de jeunes arrivent dans la ligue et voient des Nick Suzuki ou des Cole Caufield et ils se disent qu’ils ont réalisé beaucoup de choses, alors ils ont tendance à céder le pas, mais pas Demidov. »

Boum. Voilà. Le message est lancé.

Et ce n’est pas tout. Carbery enfonce le clou :

 « Demidov sait qu’il peut être celui qui fait le jeu, celui qui va marquer. Il respecte les autres, oui, mais… il se voit au sommet. »

C’est clair comme de l’eau de roche : Carbery tente de briser l’unité du Canadien. Il veut injecter le doute, faire naître des tensions entre les vétérans comme Suzuki, Caufield, et le phénomène Demidov.

Et franchement, c’est une tentative aussi perverse qu’ingénieuse. Car tout le monde sait que Martin St-Louis a bataillé toute l’année pour contenir le "hype" autour de Demidov.

Il l’a tenu loin de la première unité d’avantage numérique. Il l’a protégé dans les médias. Il a tenté de gérer les egos, les attentes, les équilibres internes.

Mais voilà que Carbery vient faire ce que St-Louis redoutait le plus : dire à haute voix ce que tout le monde pense tout bas. 

Que Demidov est déjà, peut-être, le joueur le plus électrisant du club. Que son talent dépasse déjà les limites hiérarchiques. Que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il prenne la place des « anciens ».

Martin St-Louis doit être furieux.

On connaît le coach du CH. On sait à quel point il valorise la culture de vestiaire, le respect de la hiérarchie, la cohésion. C’est son combat quotidien : maintenir un groupe uni dans l’adversité. Et voilà que Carbery, avec une série de phrases « admiratives », vient semer le poison.

Pire encore : il le fait devant tous les médias. Devant toutes les caméras.

Imaginez Saint-Louis, en train d’écouter ces propos. Imaginez-le entendre un coach adverse dire que « Demidov ne se voit pas en bas de l’échelle ». Qu’il « veut prendre le tir décisif », qu’il est là « pour dominer ».

C’est un coup bas. Une tentative de frapper là où ça fait mal.

Ce n’est pas la première fois que le nom d’Ivan Demidov est utilisé pour attaquer Martin St-Louis. On l’a vu à Montréal. On l’a vu dans les médias québécois. Et maintenant, voilà que les médias de Washington entrent dans la danse.

Carbery le dit lui-même : 

« On n’a pas beaucoup de vidéo de lui. Mais on voit qu’il est le genre de joueur qui veut la rondelle, qui veut prendre le tir final, qui veut être sur la glace dans les moments clés. »

Autrement dit : Demidov a l’ADN d’un joueur de première unité. D’un leader. D’un "franchise player".

Mais ce n’est pas ainsi qu’il est utilisé à Montréal. Et ça, tout le monde le sait. Et maintenant que l’adversaire le dit aussi, la pression publique sur Martin St-Louis vient de monter d’un cran.

Carbery connaît la psychologie du sport.

Le coach des Capitals n’est pas stupide. Ce qu’il tente, c’est un vieux tour de passe-passe psychologique. Il veut que St-Louis panique. Il veut que l’entraîneur du CH sente le besoin d’agir, de changer sa stratégie, de mettre Demidov sur la première unité pour éviter d’avoir l’air borné.

Il veut le forcer à sortir de son plan de match.

Mais encore plus subtilement, il veut que des tensions s’installent dans le vestiaire du CH. Que Suzuki se demande si le petit nouveau le respecte. Que Caufield, frustré de ses statistiques en avantage numérique, se sente menacé. Que les vétérans perdent patience. Que la confiance s’effrite.

C’est du jeu d’échecs mental. Et Carbery vient de jouer un fou.

Saint-Louis contre-attaquera-t-il ?

La grande question maintenant : que fera Martin St-Louis ?

Va-t-il garder le silence, fidèle à son habitude, en espérant que le vestiaire reste sourd aux voix extérieures ?

Ou va-t-il répondre, oeil pour oeil, en protégeant ses vétérans et en lançant une contre-offensive médiatique ?

On le sait, Martin est un homme d’émotions. Il a déjà utilisé le souvenir de sa mère pour souder son groupe. Il a parlé de résilience, de discipline, de « jouer pour l’autre ». Mais là, il est visé personnellement. Et on sait que Martin St-Louis déteste qu’on vienne briser sa dynamique d’équipe.

Au cœur de tout cela, il y a un jeune homme de 19 ans qui, bien malgré lui, se retrouve au centre d’une guerre psychologique. Il ne l’a pas demandé. Mais il est maintenant l’arme utilisée contre son propre entraîneur.

Carbery l’a transformé en symbole. Le symbole du nouveau talent, plus grand que le vestiaire, plus fort que la hiérarchie.

Et si le vestiaire du Canadien ne tient pas bon, c’est toute la structure bâtie par Saint-Louis qui pourrait s’effondrer.

On pensait que la guerre se jouerait sur la glace, entre Ovechkin et Montembeault, entre Suzuki et Carlson, entre Laine et Wilson.

Mais non. La première manche vient de se jouer dans les médias. Et Carbery vient de frapper fort.

Il a nommé Demidov. Il l’a glorifié. Il l’a opposé aux piliers du Canadien. Il a touché au point le plus sensible de Martin St-Louis : l’équilibre fragile d’un groupe encore en construction.

Lundi, la vraie série commence. Mais ce soir, à Washington, les Capitals rient doucement.

Parce que pour eux, c’est clair : le Canadien est déjà en train de se battre… avec lui-même.