Revirement de situation pour Jonathan Marchessault: Kent Hughes a le dernier mot

Revirement de situation pour Jonathan Marchessault: Kent Hughes a le dernier mot

Par Marc-André Dubois le 2025-05-19

Ça chauffe à Toronto.

Aujourd’hui, le nom de Jonathan Marchessault est murmuré dans les couloirs du Scotiabank Arena, évoqué comme une cible potentielle pour les Maple Leafs de Toronto par le journaliste Elliotte Friedman.

Et là, le monde du hockey québécois s’arrête une seconde. Pas pour applaudir. Mais rire de la situation.

Parce qu’il n’y a pas si longtemps, ce même Jonathan Marchessault avait transformé Montréal en punching bag pour justifier son refus de signer avec le Canadien.

Rappelons les faits. L’été dernier, Marchessault devenait joueur autonome. Kent Hughes l’a contacté. Il y a eu des discussions. Des échanges sérieux. Le Canadien de Montréal lui a offert un contrat de deux ans, bien payé, mais prudent.

Marchessault voulait cinq ans. Il a choisi Nashville. Jusqu’ici, rien de choquant. Mais c’est dans le discours public qui a suivi que la situation a dérapé.

Marchessault n’a pas simplement dit non à Montréal. Il a justifié sa décision en attaquant directement la pression médiatique québécoise et en remettant en question la qualité de vie offerte à un joueur de hockey dans ce marché.

« Je venais une fois par année à Montréal et je me disais que c’était correct », a-t-il déclaré, d’un ton condescendant qui a fait grimacer bien des partisans.

Et ce n’était que le début. Il a enchaîné, expliquant que l’intensité du marché l’avait dégoûté :

« Il y a tellement de médias et de pression. Je suis un joueur offensif et quand un joueur offensif ne marque pas pendant 6-7-8 matchs, il se retrouve rapidement dans des rumeurs d’échange. »

« Je me demandais aussi si ça valait la peine que mon nom soit dans le journal à chaque jour ou à chaque deux jours. Soit tu es un roi, soit tu es un zéro. »

Puis il a sorti la carte la plus "touchy", celle des enfants :

« Ils sont assez vieux pour comprendre tout ça. À l’école, est-ce qu’ils se font écœurer? Ce sont des choses à prendre en considération, pas juste comme joueur de hockey, mais aussi en tant que père. »

En résumé : trop de journalistes, trop de partisans, trop de passion… trop de Montréal.

C’est ce discours-là, exactement ce discours-là, qui rend aujourd’hui la rumeur Toronto totalement surréaliste.

Parce que si tu veux éviter l’intensité, tu ne veux pas joueur à Toronto. Si tu veux protéger tes enfants, tu ne les déménages pas dans la ville où chaque pause publicitaire entre deux périodes est disséquée par cinq panels différents.

Si tu crains les rumeurs après 3 matchs sans point, tu ne t’embarques pas avec les Maple Leafs, où les mots “flop”, “échange” et “échec” sont des titres de une avant même la fin d’un match.

Et pourtant, le nom de Marchessault circule à Toronto. Elliotte Friedman, dans son balado 32 Thoughts, a évoqué l’idée.

Pas comme une rumeur fondée, mais comme une hypothèse logique pour une équipe en pleine reconstruction de sa culture.

Toronto veut du caractère, des gars qui ont gagné. Marchessault a remporté la Coupe Stanley, a été sacré joueur par excellence des séries en 2023. Il coche les cases. Sur papier.

Mais dans le narratif public, il incarne l’opposé exact de ce qu’il disait rechercher. Reste qu'il pourrait être convainvu par le fiasco qu'il a vécu à Nashville.

Chez les Predators, la saison de Marchessault est une catastrophe. Les Predators sont 30es. Lui-même, blessé au bas du corps, a raté plusieurs matchs. Il a reconnu la difficulté de la saison :

« Je n’ai jamais connu une saison comme celle-là. Être dans la cave de la ligue, ç’a été dur. »

Et quand son entraîneur Andrew Brunette a pointé le manque de professionnalisme des vétérans avec des contrats à long terme, tout le monde a su qu’il visait des gars comme Marchessault.

En coulisses, on parle même de contrat difficile à échanger (5,5 M$ par année pour encore 4 ans), à moins que Nashville ne retienne une portion significative du salaire.

Marchessault a beau avoir encore une production respectable (49 points en 72 matchs), son impact réel est dilué dans l’échec collectif d’une équipe qui avait investi 108,5 millions en joueurs le 1er juillet.

Mais c’est dans ses dernières déclarations que le masque a réellement commencé à tomber. L’homme qui avait écarté le Canadien avec arrogance s’est mis à encenser le CH avec émotion.

« Je vois une équipe inspirée et ça part de la direction et de l’entraîneur. Ils ont un plan et le suivent. Ils jouent comme Martin St-Louis jouait. »

Puis il a osé comparer, de son propre chef :

« Je regardais les Rangers hier. Ils ne méritent pas de rentrer en séries. Je trouve que le Canadien mérite d’être en séries. »

Le tout, en pleine course pour les séries. À des journalistes montréalais. Devant les micros qu’il déteste tant.

Ce ne sont plus des regrets entre les lignes. Ce sont des fleurs lancées à la volée, dans l’espoir que quelqu’un, quelque part, les attrape.

Mais Montréal ne les attrapera pas.

Kent Hughes ne regrette rien. Il a refusé de s’engager cinq ans pour un ailier vieillissant, et il a eu raison. Le Canadien vers la jeunesse, vers un modèle à long terme. Et aujourd’hui, l’équipe est sur le point de faire les séries, pendant que Marchessault regarde ça du banc des blessés.

Toronto? C’est un autre cirque. Une autre cage à lions. Et si Marchessault y va, il devra avaler toutes ses paroles, ligne par ligne.

Il devra justifier pourquoi la pression torontoise est acceptable… mais pas celle de Montréal.

Il devra expliquer pourquoi ses enfants peuvent affronter les moqueries à l’école ontarienne, mais pas québécoise.

Et il devra vivre avec cette vérité fondamentale :

Ce n’est pas la pression qu’il fuyait. C’était Montréal, même s'il continue de dire le contraire.

« L’équipe qui m’intéressait le plus, à part Nashville, c’était Montréal, je le jure. J’y ai vraiment pensé longtemps. Il y avait de bonnes discussions avec Montréal, je trouve que l’organisation et le personnel d’entraîneurs, c’est assez inspirant. Je trouve qu’ils font vraiment des belles affaires et j’aurais voulu faire partie de cette histoire-là. »

« Mais au point où je suis rendu dans ma carrière, Nashville était un meilleur fit pour moi. Tu veux toujours avoir une chance de compétitionner pour la Coupe Stanley, surtout à mon âge. » (Nashville est arriévé dans la cave).

« Si les Nordiques avaient fait la même offre que les Predators, je l’aurais prise. »

Aujourd’hui, le karma lui a tendu un miroir. Il ne le sait peut-être pas encore, mais il y lit son propre mensonge.

Et dans le vestiaire du Canadien, personne ne pense à lui.

Le train est passé.

Et les micros sont encore là.

Mais Marchessault, lui, n’y parlera plus jamais en rouge, blanc et bleu.

Selon Friedman, il sera seulement en bleu et blanc. Et il deviendra un membre de la gangs des perdants....depuis 1967...