Rupture entre François Legault et Geneviève Guibault: Mario Dumont cause la séparation

Rupture entre François Legault et Geneviève Guibault: Mario Dumont cause la séparation

Par David Garel le 2025-09-08

Il y a des rumeurs qui meurent au premier cycle de nouvelles. Il y en a qui agonisent une semaine. Et il y a celles qui reviennent, encore et encore, comme des virus indestructibles, jusqu’à ce qu’elles se transforment en prophétie autoréalisatrice.

La rumeur Mario Dumont appartient à cette catégorie. Elle refuse de mourir. Elle gagne des couloirs, traverse des studios, et finit par s’asseoir à la table des stratèges : et si Mario remplaçait Legault?

Ce n’est plus un murmure de fin de soirée. C’est une idée fixe qui s’installe au cœur d’un parti en état de panique. La CAQ s’effondre, se déchire, et se parle désormais par-dessus la tête de son chef, au grand jour. Les chiffres pour 2026? On chuchote le pire scénario : zéro député. Exagéré? Absolument pas. Révélateur? Totalement.

Pendant que François Legault télégraphie un remaniement depuis des semaines, qu’il proroge la session et repousse la rentrée parlementaire, la réalité le rattrape : les démissions s’additionnent, les avertissements des régions sonnent creux, et le parti cherche déjà le nom du prochain pilote. C’est une fin de régime qui ne dit pas son nom, un crépuscule à ciel ouvert.

Le symptôme le plus cru de cette dérive? L’expulsion de Pierre Dufour du caucus. Pour avoir mis un ultimatum public : si l’Abitibi-Témiscamingue n’obtient pas un siège au Conseil des ministres, il songe à la mairie de Val-d’Or.

On a déjà vu des punitions. On a déjà vu des vengeances. Mais l’exclusion sèche, en pleine tempête, c’est un choix digne de Napoléon.

Un geste de dictateur qui sent la fin.

Le parti répond que c’est la règle, la tradition, la « suprématie incontestable du premier ministre ». Rien de nouveau sous le soleil parlementaire. Mais, politiquement, c’est suicidaire.

Car ce que cette exclusion raconte, c’est un parti plus occupé à gérer des "traîtres" qu’à voter des solutions. Un mouvement qui tranche des têtes pour éviter de regarder le thermomètre.

Et dans le même souffle, une autre ministre démissionne pour aller au municipal; d’autres ne se représenteront pas en 2026. La fuite vers les issues de secours s’accélère.

Pendant que Legault joue le temps, le parti joue la succession. Et le nom qui revient, encore et encore, c’est Mario Dumont. Ancien chef de l’ADQ, voix omniprésente dans les médias, figure familière pour la base caquiste.

Pourquoi lui? Parce qu’il projette ce que la CAQ a perdu : clarté, rythme, aplomb, capacité d’incarner. En crise, les partis cherchent un visage, pas un programme. Dumont coche cette case.

Sauf que… Dumont est mieux dehors que dedans.

Il est au sommet de sa courbe médiatique : radio le matin, télé pendant la journée à LCN, analyses en prime; une machine parfaitement huilée.

On parle d’un revenu d’environ un million par année avec l’écosystème QUB/LCN/TVA et les à-côtés. Et surtout, il progresse pendant que d’autres décrochent.

La bataille des ondes est cruelle : Patrick Masbourian prend l’ascendant aux matins de Radio-Canada; Patrick Lagacé recule au 98,5; Mario Dumont se hisse dans le peloton de tête, de plus en plus proche de Lagacé.

Pourquoi quitter un trône médiatique qui grimpe pour aller éteindre un incendie politique?

Dumont nie publiquement, dément en privé. Mais la politique, c’est une vieille piqûre. Il connaît la tentation. Et la CAQ sait qu’avec son nom sur l’affiche, la conversation change instantanément.

Dumont n’a aucune raison rationnelle de quitter maintenant. Politiquement, la CAQ a toutes les raisons de le vouloir; personnellement, il a toutes les raisons de dire non.

Au cœur de ce chaos, une rumeur persiste : Geneviève Guilbault n’a jamais digéré le fait que François Legault l’ait envoyée « sous l’autobus » lors de son témoignage devant la commission.

Humiliée publiquement, fragilisée dans son rôle, la vice-première ministre aurait choisi de riposter en douce. Selon plusieurs sources, elle pousserait désormais pour un scénario où Mario Dumont prendrait la relève, avant même que Legault ait la chance de l’expulser de son gouvernement.

En clair, Guilbault préparerait sa trahison, convaincue que son salut politique passe par la chute du premier ministre. Avant qu’il ne la congédie, c’est elle qui espère lui planter le couteau dans le dos.

Selon Guibault et de plus en plus de ministres, la CAQ a besoin d’un récit de renouveau. La marque « Legault » est usée; la marque « Dumont » est fraîche.

Les donateurs et les réseaux veulent croire à une campagne vendable en 2026. Un chef connu rallume le chéquier.

Les médias savent que « Mario en politique » est un blockbuster permanent. Chaque démenti fait une manchette. Chaque hésitation fait un cycle.

Et tant que la crise SAAQclic durera, tant que la discipline de caucus semblera punitive, tant que les sondages continueront d’annoncer le naufrage… le nom Dumont reviendra.

La question n’est donc pas : « Est-ce vrai? »

La question est : « À quel prix Mario renoncerait-il à son empire médiatique pour porter un parti en perte de vitesse? »

À court terme, tout indique que le prix est trop élevé. L’audience grimpe pour lui, l’écosystème le paie bien, et il n’a pas besoin de la politique pour exister.

À moyen terme, si la CAQ implose vraiment et que l’appel du sauvetage devient irrésistible, la tentation peut ressurgir. Mais pas tant que la maison brûle et que les coupables restent en place.

Selon nos informations, on joue dans le dos de Legault. Des députés souhaitent son départ, le pressent de démissionner, l’isolent de plus en plus.

Dans un système hyper-centralisé, c’est un signe d’épuisement collectif.

Le chef essaie de sauver la face en Napoléon tardif, multiplie les annonces de reconfiguration, mais ne tranche pas sur l’essentiel : qui porte le blâme pour SAAQclic; qui assume l’errance stratégique; qui reconstruit le pont avec les régions; qui parle au nom d’un gouvernement qui a perdu sa boussole.

Tant que ces réponses n’arriveront pas, la rumeur Dumont continuera d’occuper le vide. Et tant que Dumont dira non, l’angoisse grandira.

En attendant, Legault doit montrer la porte de sortie à Geneviève Guibault avant qu'elle ne le trahisse.

Elle devrait bel et bien perdre son poste de vice-première ministre et son ministère des Transports mercrdi. Mais plus le temps passe, plus sa sortie éventuelle ressemble à une capitulation tardive de Legault plutôt qu’à un acte d’autorité.

Mario Dumont, lui, n’a rien à prouver en ce moment. Il gagne à l’antenne. Il gagne en influence. Il gagne en valorisation.

La politique lui offrirait un champ de mines : un parti usé, une marque abîmée, un chef qui vacille, des réseaux divisés, un chantier idéologique confus.

S’il y va, c’est qu’on lui promet les pleins pouvoirs et un tapis blanc.

S’il n’y va pas, la rumeur continuera de jouer à son avantage : il reste l’homme désiré, sans payer aucun coût.
Dans les deux cas, il domine la conversation.

Au fond, cette histoire ne parle pas que d’un chef qui s’épuise ou d’un animateur qu’on courtise. Elle parle d’un système politique qui a perdu l’instinct de trancher, d’un parti qui doute, et d’un paysage médiatique devenu le véritable thermomètre du pouvoir.

Tant que Guilbault restera l’icône d’un fiasco non assumé, tant que Legault cherchera de congédier tous ses anciens alliés devenus ennemis, tant que la CAQ voudra Mario sans être capable de se vouloir elle-même, la rumeur ne mourra pas.

Elle se nourrira de chaque rumeur, de chaque exclusion, de chaque fuite, de chaque sondage... de chaque trahison..

Et plus elle enflera, plus elle asséchera le peu d’oxygène qui reste au gouvernement.

Aujourd’hui, la CAQ n’a que deux chemins : choisir de changer ou laisser la rumeur choisir pour elle.

Et si elle ne tranche pas, c’est Mario Dumont qui tranchera… en choisissant, tout simplement, de rester dans ses chaussons à un million de dollars... pendant que la politique s’éteint au ralenti.