Rupture silencieuse : Arber Xhekaj ne joue plus pour Martin St-Louis

Rupture silencieuse : Arber Xhekaj ne joue plus pour Martin St-Louis

Par André Soueidan le 2025-12-16

Le match contre les Flyers au Centre Bell n’a pas seulement révélé une équipe frustrée et immature.

Il a surtout exposé quelque chose de beaucoup plus inconfortable à regarder : un défenseur qui n’a plus l’air de savoir pour qui il joue.

Arber Xhekaj revenait dans l’alignement après avoir été publiquement pointé du doigt par son entraîneur pour des « erreurs niaiseuses ».

Le message de Martin St-Louis, livré devant les micros après le match contre les Rangers, ne laissait aucune place au doute.

Sans le nommer, tout menait à Xhekaj. Le lendemain, la sanction est tombée. Retiré de l’alignement. Mis sur la glace froide de la réflexion. Exposé.

Retour dans la formation contre les Flyers, non pas par choix stratégique, mais parce que Mike Matheson est blessé.

Un retour par la petite porte, à reculons, dans un contexte déjà chargé émotionnellement.

Résultat : un joueur absent. Pas discret. Absent.

Aucune présence physique marquante.

Aucune réponse quand Rasmus Ristolainen a décidé de transformer la glace en zone de guerre. Juraj Slafkovsky se fait frapper violemment en zone neutre, projeté sur le derrière devant tout le Centre Bell, et la seule vraie réaction vient d’Ivan Demidov avec un double-échec irréfléchi… pendant que le supposé shérif regarde la scène se dérouler sans intervenir.

Ristolainen a fait ce qu’il voulait.

Il a brassé, intimidé, dicté le ton.

Personne ne l’a ralenti. Personne ne l’a challengé. Et surtout, personne n’a pris le relais du rôle que Xhekaj est censé incarner.

Pendant ce temps, Josh Anderson, complètement sorti de son match, passait la soirée à courir après Trevor Zegras.

Une plume.

Un joueur provocateur, oui, mais certainement pas celui qui faisait basculer la rencontre.

Le malaise s’est amplifié tout au long du match.

Après l’erreur coûteuse de Jacob Fowler derrière son filet, scène révélatrice : regards qui se croisent, bâtons pointés, gestes d’incompréhension.

Chacun cherche le coupable. Personne ne prend le contrôle. Une équipe qui se fragmente au lieu de se resserrer.

Et c’est là que la question devient impossible à éviter.

Est-ce qu’Arber Xhekaj a encore envie de jouer pour Martin St-Louis ?

Parce qu’il y a un aspect humain qu’on fait semblant d’ignorer dans cette ligue.

Être critiqué fait partie du métier.

Être publiquement exposé, puis immédiatement sorti de l’alignement, ça laisse des traces.

Surtout chez un joueur dont l’identité repose sur la confiance, l’instinct et l’émotion.

La réaction contre les Flyers ressemblait à celle d’un joueur qui se protège.

Qui ne veut plus être celui qui fait l’erreur de trop.

Qui choisit de se cacher plutôt que de s’imposer. Et pour un défenseur bâti pour imposer le chaos, c’est un aveu brutal.

Attention. La LNH n’est pas un club école émotionnel.

Refuser inconsciemment de jouer son rôle devient un jeu extrêmement dangereux pour une carrière.

Peu importe le malaise, peu importe l’ego froissé, la ligue ne pardonne pas longtemps ce genre de retrait silencieux.

À un moment donné, le choix devient simple.

Enfiler le chandail. Accepter la critique. Assumer le rôle. Défendre ses coéquipiers. Faire ce pourquoi on est là.

Parce que si Arber Xhekaj ne joue plus pour Martin St-Louis, la prochaine étape pourrait être bien plus définitive que quelques matchs dans les gradins.

Misère...