Ryan Nugent-Hopkins à Montréal: commotion à Edmonton

Ryan Nugent-Hopkins à Montréal: commotion à Edmonton

Par David Garel le 2025-06-29

C’est une onde de choc qui a secoué l’Alberta.

Une rumeur, lancée à voix basse par RG Media, relayée à demi-mot dans les cercles médiatiques d’Edmonton, a suffi à faire basculer la ville dans un état de panique totale : Ryan Nugent-Hopkins, l’un des joueurs les plus fidèles de l’histoire des Oilers, pourrait être échangé au Canadien de Montréal contre Mike Matheson.

Ryan Nugent-Hopkins, l’homme qui a refusé des millions pour rester à Edmonton, le centre loyal, discret, adulé par les partisans pour son humilité et son attachement indéfectible à l’organisation, pourrait lever sa clause de non-échange pour rejoindre le CH.

Et en retour, les Oilers recevraient Mike Matheson, le défenseur québécois mal-aimé du Tricolore.

La commotion a été instantanée. Les réseaux sociaux à Edmonton sont en feu. Les lignes ouvertes de la radio sportive locale sont prises d’assaut.

Et dans les coulisses de Rogers Place, certains journalistes grincent des dents.

« C’est une blague? », a même osé dire un chroniqueur en ondes.

Car pour plusieurs, c’est un sacrilège.

RNH, comme on l’appelle affectueusement, a accepté en 2021 un contrat de huit ans à 5,125 M$ par saison. À l’époque, il aurait pu facilement obtenir entre 6,5 M$ et 7 M$ sur le marché. Mais il a accepté moins. Par loyauté. Par amour pour sa ville. Pour ses coéquipiers. Pour l’espoir de gagner avec McDavid et Draisaitl.

Aujourd’hui encore, cette décision est vue comme un geste noble, quasi romantique dans un monde où les dollars dominent tout.

Alors, l’idée même qu’il soit jeté dans la vitrine au profit d’un défenseur qui est une machine à revirement et qui se plaint du traitement cruel des partisans à son endroit… c’est une trahison en règle.

Mais quand on gratte un peu, la logique de l’échange est évidente.

Edmonton a un problème évident en défense. Evan Bouchard est spectaculaire offensivement, mais horrible défensivement.

Darnell Nurse coûte une fortune pour des performances irrégulières. Mattias Ekholm vieillit. Et les options de profondeur, comme Brett Kulak et Jake Wallman, ne font pas peur à personne.

Vous pensiez que Matheson était un danger public au niveau défensif? Jake Wallman est bien pire.

Mike Matheson, lui, malgré ses tourments émotionnels à Montréal, demeure l’un des défenseurs les plus rapides de la LNH.

Il transporte la rondelle avec une fluidité rare, il joue 25 à 27 minutes par match, ce qui peux expliquer ses revirements à la pelletée, et il a encore une année de contrat à un prix dérisoire de 4,875 M$. Pour les Oilers, coincés sous le plafond salarial, c’est une aubaine.

Et de l’autre côté?

Pour le Canadien, ce serait un coup de maître.

Ryan Nugent-Hopkins viendrait combler un trou béant au poste de deuxième centre. Depuis des années, le CH cherche un complément à Nick Suzuki.

Dach est fragile, autant physiquement que mentalemnt. Dvorak est hors du portrait, lui qui va tester le marché des agents libres.

RNH apporterait une stabilité immédiate. Un centre gaucher, bon dans les deux sens de la patinoire, expérimenté, capable de produire 50 à 60 points par saison, et qui peut jouer sur le "power play" et en désavantage numérique. Tout ce que Martin St-Louis recherche.

De plus, à 5,125 M$ pour encore quatre saisons, le contrat est extrêmement raisonnable. Dans un marché où les Pierre-Luc Dubois gagnent 8,5 M$ pour décevoir, Ryan Nugent-Hopkins est une denrée rare : un vétéran productif, humble, abordable.

Mais pourquoi accepterait-il de quitter Edmonton?

C’est ici que l’histoire se complique.

RNH détient une clause de non-mouvement complète. Il doit approuver tout échange. Et selon plusieurs proches de l’organisation, il ne veut rien savoir de quitter les Oilers. Il aime la ville. Il aime ses coéquipiers. Et il croit toujours au rêve de remporter la Coupe avec McDavid.

Mais ce rêve, justement, commence à s'effondrer.

Edmonton a échoué encore cette année. La fenêtre se referme. McDavid commence à s’impatienter et pourrait seulement signer une prolongation de contrat de quelques saisons et un une entente de 8 ans.

La masse salariale est serrée comme jamais. Et les besoins sont énormes à la ligne bleue, devant le filet et aussi en attaque, alors qu'il manque de profondeur.

Il faudra bouger. Et sacrifier un morceau.

Si les Oilers expliquent à Nugent-Hopkins que son départ est le seul moyen d’améliorer l’équipe, il pourrait écouter. Et Montréal a des arguments de poids à lui présenter.

Noah Dobson vient d’arriver. Le CH ne reconstruit plus. Il attaque. La fenêtre vient de s'ouvrir. Et pour un vétéran comme RNH, l’idée de jouer dans une ville mythique, dans une organisation qui s’enligne pour gagner, pourrait séduire.

Et surtout : Montréal serait prête à lui donner un rôle majeur.

À Edmonton, il joue souvent sur la troisième ligne en tant que centre ou est mut à l'aile gauche pour jouer avec McDavid.

Pour un centre, être envoyé à l'aile est la chose la plus frustrante possible.

À Montréal, il redeviendrait un joueur de premier plan. Et dans une ville passionnée comme celle-là, il pourrait rapidement devenir un favori des partisans, lui qui incarne exactement les valeurs que le public adore : engagement, modestie, constance.

Mais attention : ce ne serait pas une transaction sans controverse de l’autre côté.

À Montréal, Mike Matheson est un enfant du pays. Il a eu une petite l'été dernier. Il a encore un garçon en bas âge (3 ans).  Il ne veut pas quitter. Il l’a dit, il l’a répété. Et surtout, il vit déjà assez difficilement la pression médiatique pour ne pas être expédié sans ménagement après s’être vidé le cœur devant les journalistes.

Il faut le rappeler : Matheson est allé au micro cette saison pour dénoncer les critiques incessantes. Il a parlé de sa santé mentale. De la pression. De la douleur de voir sa famille lire les insultes à son sujet sur les réseaux sociaux. Ce n’était pas du théâtre. C’était un cri du cœur.

Et voilà qu’on le lie à un départ vers Edmonton, comme si son mal-être à Montréal allait se résoudre par un exil?

Pour lui, ce serait une trahison émotionnelle. Même si, d’un point de vue strictement sportif, il ferait un bien immense aux Oilers.

C’est là tout le paradoxe de cette rumeur.

Elle est cruelle. Elle est logique. Elle est émotive. Et elle est stratégique.

Elle confronte deux joueurs loyaux, impliqués, respectés. Deux joueurs qui veulent rester là où ils sont. Et qui pourraient être sacrifiés parce que leur équipe croit avoir besoin d’un électrochoc.

Et ce n’est pas la première fois que le nom de Ryan Nugent-Hopkins est lié au Canadien.

Plus tôt cette année, une autre rumeur circulait : Samuel Montembeault contre RNH. Un scénario jugé farfelu à l’époque, mais qui prenait appui sur une réalité : Edmonton cherche un gardien. Et Montembeault, sous contrat à 3,15 M$, représente une solution abordable et crédible.

Aujourd’hui, cette avenue semble écartée. Le Canadien veut garder Montembeault… pour l’instant. 

L’idée de sacrifier Matheson pour obtenir Ryan Nugent-Hopkins est maintenant sur toutes les lèvres au Québec et en Alberta.

Et pendant que la rumeur enflamme Edmonton et Montréal. Kent Hughes, lui, garde le silence. Comme toujours.

Mais dans les couloirs du Centre Bell, on sent que quelque chose se prépare. Dobson, Hutson, Demidov, Slafkovsky, Suzuki, Caufield, Guhle, Reinbacher. Tout est en place. Il ne manque qu’un deuxième centre.

À Edmonton, qu’on le veuille ou non, les sacrifices s’en viennent. La commotion d’aujourd’hui n’est peut-être que le prélude à un bouleversement bien plus grand.

Ça va brasser. L'été ne fait que commencer.