Parfois, dans le monde du sport, l’orgueil est l’arme des faibles. Et dans le cas de Martin St-Louis, il est en train de devenir son pire ennemi.
Alors que tout Montréal réclame à l’unisson ce qui semble être l’évidence même — offrir à Ivan Demidov la place qui lui revient sur le premier trio et la première unité d’avantage numérique — l’entraîneur du Canadien de Montréal se braque, résiste, et répond comme un enfant de six ans pris en faute :
« C’est moi le coach, je fais ce que je veux. »
Voilà où on en est.
Dans une saison où le CH joue sa qualification pour les séries à la toute dernière seconde, avec une pression médiatique et populaire qui explose comme jamais depuis les années Carey Price, Martin St-Louis choisit le chemin le plus dangereux : celui de la rigidité, de l'ego mal placée et de l'attitude bornée.
Et pourtant, toutes les alarmes sont déclenchées. L’avantage numérique du Canadien? Une horreur. Derniers dans la LNH pour le mois d’avril. Une seule réussite en 17 occasions.
Des unités sans imagination. Des vétérans qui patinent dans le vide. Et pendant ce temps, Ivan Demidov, la nouvelle coqueluche du Québec, reste coincé sur la deuxième unité comme s’il fallait encore « le ménager ».
Mais ménager quoi, exactement? Ce "kid" de 19 ans a inscrit un but et une passe à son premier match. Il a dominé la possession, créé du jeu, dynamisé un trio mort depuis des semaines.
Et tout ça sans même jouer avec les meilleurs éléments du club. Imaginez si on le laissait faire ce qu’il fait de mieux : distribuer la rondelle à des marqueurs élites comme Suzuki et Caufield.
Mais non. Martin St-Louis a décidé que non.
Et pourquoi? Parce qu’il a peur.
Peur de froisser Juraj Slafkovsky, qui n’a pas marqué depuis des lustres, mais qui est protégé comme un joyau d’État par St-Louis.
Peur de faire éclater la fragile chimie d’un vestiaire où certains vétérans, comme Patrik Laine, traînent la patte mais exigent toujours leur chaise dorée.
La réalité, c’est que Martin St-Louis est intimidé. Intimidé par ses propres soldats. Intimidé par l’idée qu’un nouveau venu puisse leur voler la vedette. Il ne veut pas d’un sauveur, dit-il. Il veut un groupe uni.
Mais qu’est-ce que l’unité quand le navire coule et que le seul matelot capable de ramer dans la bonne direction est laissé sur la plage arrière?
C’est d’ailleurs ce qui s’est produit hier. Au moment même où Martin St-Louis avait une chance en or d’utiliser Demidov pour briser l’égalité contre une équipe de réserve des Hurricanes, il a encore refusé.
Encore une fois, Demidov a été écarté de la première vague en avantage numérique. Encore une fois, le Russe n’a pas été placé avec Suzuki et Caufield. Et pourquoi?
Parce que « c’est lui le coach, pis c’est lui qui décide ».
Ce qui devait être un moment de courage est devenu un acte d’orgueil.
Et pour empirer les choses, Patrik Laine aurait, selon plusieurs témoins à Brossard, explosé de rage en apprenant qu’il ne serait pas sur le trio de Demidov.
Résultat? Joel Armia a été rétrogradé, Laine replacé sur l’aile droite, et comme par magie, le trio a cessé de fonctionner.
C’est exactement ce qu’on craignait. Martin St-Louis n’écoute plus personne. Pas les fans. Pas les journalistes. Et surtout pas la logique.
Ce qui choque encore plus, c’est de voir que l’utilisation de Demidov reproduit exactement le même schéma toxique que celui vécu en KHL.
Là-bas aussi, Roman Rotenberg refusait de lui donner des responsabilités, l’utilisait sporadiquement, en avait peur.
Et ici? C’est la même chose. Un coach frileux, incapable de dire non à ses vétérans, mais toujours prêt à ménager les pleurnicheux susceptibles au détriment de la performance.
Le CH a inscrit UN SEUL but en avantage numérique ce mois-ci. UN SEUL. Et Martin St-Louis ose encore dire qu’il n’est pas prêt à tester Demidov sur la première unité? Qu’est-ce qu’il faut de plus? Un miracle?
Non. Ce qu’il faut, c’est du courage.
Ce qu’il faut, c’est qu’un coach arrête de penser à son ego, à sa hiérarchie interne, et commence à penser comme un stratège. Parce qu’en ce moment, le seul qui pense comme un général, c’est Kent Hughes.
Hughes, qui a tout risqué pour ramener Demidov de Russie, qui a tenu tête à ceux qui critiquaient son voyage diplomatique, qui a gagné son pari. Et maintenant, il regarde son entraîneur saboter l’arme secrète qu’il lui a livrée sur un plateau d’argent.
Et pendant ce temps, le Québec retient son souffle. Les fans ne comprennent pas. Les experts se grattent la tête. Et le Centre Bell gronde. La lune de miel avec Martin St-Louis est terminée.
Il n’est plus ce petit coach charismatique qui inspire la jeunesse. Il est maintenant ce technicien entêté qui refuse d’ouvrir les yeux.
Et la preuve de ce malaise? Elle s’est manifestée ce matin à Brossard. C’était tendu. La presse marchait sur des œufs.
On dit même que certains employés de l’organisation étaient « embarrassés » de devoir répondre à des questions sur la non-utilisation de Demidov. Comme si toute la ville savait que quelque chose cloche, sauf l’entraîneur lui-même.
On a vu les images. On a vu Martin St-Louis repousser les questions avec agacement. Comme un prof frustré qu’on ose remettre en question son bulletin.
Mais la vérité, c’est que St-Louis joue avec le feu. Si le Canadien rate les séries mercredi, il en portera seul la responsabilité. Pas Suzuki. Pas Gallagher. Pas Montembeault. LUI.
Et si, par miracle, le CH se faufile en séries, il devra alors expliquer à tout le Québec pourquoi Ivan Demidov, le joueur le plus dangereux sur la glace, ne joue pas avec les meilleurs. Pourquoi l’élément le plus spectaculaire et créatif est encore utilisé avec des coéquipiers de soutien.
La réponse, malheureusement, est déjà connue : parce que Martin St-Louis fait ce qu’il veut.
Mais à force de faire ce qu’il veut, il risque de perdre ce qu’il avait : le cœur du Québec.
La patience des partisans a une limite. Et cette limite a été atteinte.
La bonne nouvelle? Il est encore temps de corriger le tir. Mais il faudra que St-Louis prenne une décision cruciale : mettre son orgueil de côté. Et placer Demidov là où il doit être.
Pas pour faire plaisir à la galerie. Pas pour le spectacle. Mais parce que c’est la seule décision logique.
Sinon, ce sera encore une fois « tout pour l’ego », et rien pour l’équipe.