Samuel Blais pensait avoir gagné sa place : la réponse glaciale de Martin St-Louis

Samuel Blais pensait avoir gagné sa place : la réponse glaciale de Martin St-Louis

Par André Soueidan le 2025-10-05

Samuel Blais a quitté la glace hier soir avec le sentiment d’avoir fait tout ce qu’on attendait de lui.

Le gars souriait, sincèrement convaincu d’avoir livré un match solide.

« Je me sentais à l’aise ce soir. J’ai donné ce que j’avais. J’ai voulu montrer que je pouvais aider cette équipe », a-t-il expliqué devant les journalistes, un brin essoufflé, mais fier de sa prestation.

Pendant un instant, on aurait presque cru à une fin heureuse. Mais quand Martin St-Louis est arrivé au podium, la température a chuté de dix degrés.

Le coach du Canadien, impassible, n’a pas voulu s’avancer. Pas de louanges, pas d’assurance. Juste ce ton neutre et ce regard qui dit tout sans rien dire.

« Je ne regarde pas une seule performance, a-t-il répondu sèchement quand on lui a parlé de certains joueurs. Je regarde comment les pièces s’emboîtent. »

Une phrase simple, mais lourde de sens. Pour ceux qui lisent entre les lignes, elle sonnait comme un verdict différé.

Blais, lui, croyait avoir envoyé le bon message.

Son trio a travaillé, a frappé, a créé quelques occasions.

« Je me sens bien dans mon jeu. Je crois que j’ai montré ce que je pouvais apporter, » a-t-il ajouté, visiblement satisfait.

Il ne se doute pas encore que dans la tête de St-Louis, la décision est probablement déjà prise.

Le coach, lui, pense en termes de structure, de vision, d’équilibre.

Il regarde son tableau comme un casse-tête à résoudre avant l’ouverture de la saison.

Et dans ce casse-tête, chaque pièce doit s’emboîter parfaitement. Blais n’est peut-être pas la mauvaise pièce, mais il n’est peut-être pas la bonne non plus.

« On évalue comment chacun s’insère dans notre identité d’équipe, » a précisé St-Louis.

Pas un mot de plus. Ce genre de phrase, c’est du code : ça veut dire que l’heure est venue de trancher, que la marge est mince, et que certaines présences ne suffisent plus à sauver un siège.

À ce moment de la saison, les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Le Canadien veut amorcer la saison avec treize attaquants.

Beck, Florian Xhekaj et Engström devraient descendre à Laval. Pour équilibrer les effectifs, un nom devra s’ajouter à la liste. Et tout pointe vers Samuel Blais.

Le plus ironique dans tout ça, c’est qu’il n’a rien fait de mal.

Le joueur de Saint-Étienne-de-Lauzon a été fidèle à son style : travailleur, impliqué, honnête. Mais parfois, l’effort ne suffit pas.

Dans la tête de Martin St-Louis, ce qui compte, c’est la cohérence du tout. « C’est la LNH », a-t-il soufflé, presque pour lui-même.

« Tout le monde mérite sa place. La question, c’est : qui l’a gagnée pour maintenant ? »

Cette phrase-là, elle gèle. Parce qu’elle ne vise personne en particulier, mais elle frappe tout le monde.

Et dans le silence du vestiaire, Blais l’a sûrement entendue comme si elle lui était destinée.

Le joueur pensait avoir convaincu. Le coach, lui, voyait déjà plus loin.

Ce n’est pas une défaite, ni une punition. C’est juste la réalité d’un vestiaire où chaque détail compte, où un bon match ne garantit plus rien.

Blais a donné son maximum, sans calculer. Mais Martin St-Louis ne regarde pas les émotions. Il regarde le puzzle.

Et parfois, une pièce solide ne trouve simplement pas sa place.

Dans ce puzzle, la place de Blais s’est faite gruger, lentement mais sûrement.

Joe Veleno, lui, a gagné du terrain avec ses mises au jeu, sa polyvalence et sa vitesse.

Il offre plus d’options. Il peut alterner entre l’aile et le centre, il peut compenser pour un Dach en difficulté, et il amène cette touche de dynamisme que St-Louis recherche dans un treizième attaquant.

Pendant ce temps, Blais incarne une version plus classique du joueur de soutien : fiable, énergique, mais limité dans son impact offensif.

Dans un contexte où Montréal veut accélérer son jeu, sa valeur devient floue.

Les cartes se placent, et l’image commence à se dessiner :

Suzuki, Caufield et Slafkovsky forment l’évidence.

Dach sera au centre de Laine et Bolduc, un trio qui doit exploser ou disparaître.

Newhook, Kapanen et Demidov composent la ligne créative, celle du mouvement constant.

Gallagher, Evans et Anderson tiennent le rôle des anciens, du muscle et de l’éthique.

Et derrière tout ce monde, Veleno semble destiné à devenir le treizième homme celui qui reste prêt, celui qui comprend sa mission.

Pour Blais, le message est clair, même s’il n’est jamais formulé : le temps des auditions est fini.

La logique prend le relais du cœur. Et dans cette logique, il n’y a pas toujours de place pour les bons soldats.