À Montréal, il y a des buts qui font mal… et d’autres qui changent une saison.
Le tir de Sam Reinhart, presque du coin, au-dessus de l’épaule d’Samuel Montembeault, appartient clairement à la deuxième catégorie.
Pas parce qu’il était spectaculaire. Pas parce qu’il était imparable.
Mais parce qu’il arrivait exactement au mauvais moment.
Tout allait pourtant dans la bonne direction.
Retour dans la LNH.
Match serré.
Zéro-zéro après 40 minutes.
Une mature, qui joue safe devant son gardien.
Une performance calme, posée, rassurante.
Le genre de match qui sert justement à reconstruire une confiance fragile.
Puis, bang.
Un tir sans réelle menace. Un gardien déjà à genoux. Un angle ouvert. Une rondelle qui passe là où elle ne devrait jamais passer dans la Ligue nationale.
À Montréal, quand ce genre de but-là rentre… tout le monde le sait.
Si le Canadien perd ce match, on ne parle que de ça.
Le récit est écrit d’avance. Le retour raté. Le gardien pas fiable. Le doute qui revient. Le banc qui hésite. Le non-retour.
Et ça, Pierre Houde l’a parfaitement senti.
La question posée à Samuel Montembeault, en direct à RDS, n’était pas anodine. Elle était prudente. Mesurée.
Presque trop douce. Mais elle était là pour une raison : ce deuxième but posait problème.
La réponse de Montembeault en dit long.
« C’était un bon lancer… Sam Reinhart est un très, très bon marqueur. »
A closer look at Sam Reinhart’s 22nd goal of the season.#TimeToHunt #NHL #FlaPanthers pic.twitter.com/Zy0HexiSN8
— Panthers Historian (@FlaCatsHistory) December 31, 2025
Classique. Protecteur. Professionnel.
Aucun aveu. Aucun détour vers la mécanique.
Juste une tentative claire de passer à autre chose, parce que toute la saison lui a appris une chose : penser trop longtemps à un but, c’est mourir lentement comme gardien à Montréal.
Et Martin St-Louis le sait.
Les mots du coach ne sont jamais choisis au hasard.
Quand il parle de Montembeault après le match, il n’utilise pas le vocabulaire du hasard ou de la malchance.
Il parle de cheminement. De choix. De processus. Et surtout… de fragilité.
« Dans n’importe quoi dans la vie, tu peux faire des excuses ou tu peux faire du progrès. Je pense qu’on sait lequel Monty a choisi. »
Ça, ce n’est pas anodin.
Ce n’est pas une phrase lancée en l’air.
C’est une reconnaissance claire que la ligne est mince.
Que la confiance de son gardien tient à peu de choses.
Que ce genre de but-là, laissé au mauvais moment, peut tout faire basculer.
Et c’est exactement pour ça que le Canadien s’est levé.
Cole Caufield a brisé la glace.
Un but nécessaire. Un but qui dit : on est encore là.
Puis Nick Suzuki a pris le relais. Deux buts.
Dont celui en prolongation, en avantage numérique, après un geste complètement inutile de Brad Marchand.
Le capitaine a réglé ça comme un capitaine.
Pas pour les statistiques. Pas pour les highlights. Pour son gardien.
Parce qu’à Montréal, quand un gardien est fragile, le vestiaire le sait. Et quand le vestiaire décide de le protéger, ça devient un message.
Martin St-Louis l’a d’ailleurs confirmé, sans jamais pointer la bourde du doigt :
« J’ai aimé comment on a joué en avant de lui… Les gars savent ce qu’il a traversé récemment. Ils ont voulu rebâtir sa confiance. »
Voilà. Tout est là.
Personne ne dit ouvertement que le deuxième but n’aurait jamais dû entrer.
Personne ne le nomme.
Personne ne le martèle.
Mais tout le monde agit comme si c’était exactement le cas.
Parce qu’à Montréal, on connaît la suite du film.
Ce match-là, perdu 2-1, aurait été un désastre silencieux. Une tempête médiatique évitée de justesse. Un retour gâché. Un autre pas en arrière.
Au lieu de ça, le Canadien a montré du caractère.
Le capitaine s’est levé. Le banc est resté uni. Et Samuel Montembeault a quitté la glace avec une victoire… pas avec un doute de plus.
Cette fois-ci, le point de non-retour a été évité.
Mais personne n’est dupe.
À Montréal, ce genre de but-là ne disparaît jamais complètement.
Il attend juste le prochain moment clé.
AMEN
