Il y a quelques semaines à peine, Samuel Montembeault était vu comme la cible parfaite pour plusieurs équipes désespérées à la recherche d’un gardien capable de redresser la barre.
Les Flyers de Philadelphie suivaient le dossier de près, tout comme le Mammoth de l’Utah. Les deux organisations avaient identifié Montembeault comme une option crédible : Québécois combatif (pour un DG québécois Daniel Brière et pour un coach québécois André Tourigny), 29 ans, expérimenté, gabarit NHL (6 pieds 3, 218 livres), et encore sous contrat jusqu’en 2027 à un prix raisonnable de 3,15 M$.
Et pourtant, aujourd’hui, le vent a tourné. C’est maintenant Devon Levi, le petit gardien de Dollard-des-Ormeaux, qui attire les regards.
Levi, 23 ans, a officiellement glissé au quatrième rang dans la hiérarchie des Sabres de Buffalo. Derrière Ukko-Pekka Luukkonen, Alex Lyon et, fait troublant, l’acquisition inattendue d’Alexandar Georgiev.
Ce choix, alors que Levi pensait être prêt à devenir un gardien régulier de la LNH, a envoyé un message brutal à son clan : l’organisation ne croit plus en lui.
Pire encore, selon les animateurs du balado de Buffalo After The Whistle, l’entourage de Levi aurait demandé une transaction dès son renvoi à Rochester en début de saison.
Et c’est là que les Flyers et le Mammoth sont intervenus. Ces deux clubs, qui avaient des yeux rivés sur le dossier Montembeault depuis cet été, ont senti que la fenêtre se refermait.
Selon des sources proches du Canadien, Kent Hughes aurait décidé de ne pas échanger Montembeault cette saison. Il veut protéger Jacob Fowler à Laval, éviter de le précipiter dans le feu de l’action de la LNH.
Même si le jeune américain est dominant, le plan est de le laisser se développer tranquillement à Laval sans brûler les étapes.
Cette décision, prise à huis clos entre Hughes et Martin St-Louis, a changé la donne. Sans Montembeault sur le marché, les clubs en besoin se tournent vers la prochaine meilleure option : Levi.
Et si certains doutaient de sa valeur en raison de son petit gabarit (6 pieds, 192 livres) ou de son camp d’entraînement raté, d’autres voient en lui un diamant brut, ultra-technique et rempli de potentiel.
Après tout, à Rochester, Levi affiche 4 victoires en 4 départs, une moyenne de 2,00 et un taux de .920. Des statistiques qui parlent malgré son exclusion des Sabres.
Le timing est tout sauf un hasard. Le Mammoth de l’Utah, dans le top de la ligue, veut un jeune gardien qui peut seconder Karel Vejmelka alors qu'ils ne font pas confiance à Vitek Vanecek.
Ils ont repéré que l’avenir de Levi était flou à Buffalo depuis que Georgiev est arrivé et que Luukkonen a été confirmé comme partant. Ils savent aussi qu’un espoir comme Michael Hrabal est en route dans la NCAA, mais qu’il n’est pas encore prêt pour la LNH.
Même son de cloche à Philadelphie. Samuel Ersson est fragile, encore blessé, et les Flyers cherchent désespérément une solution devant le filet, eux qui doivent maintenant se débrouiller avec Dan Vladar et Aleksei Kosolov pendant l'absence de leur gardien numérp un.
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Aucune autre option crédible ne semble disponible à court terme. Ils ont considéré Montembeault, mais la fermeture du marché à Montréal les pousse à explorer Levi comme alternative.
Ce qui rend le tout encore plus ironique, c’est que Levi est lui aussi québécois. Les mêmes médias francophones qui protègent Montembeault à tout prix se retrouvent à devoir expliquer pourquoi un autre gardien issu du Québec pourrait avoir une meilleure cote ailleurs.
Levi, plus jeune, plus vif, plus rapide dans ses déplacements latéraux que Montembeault, est aussi perçu par certains recruteurs comme un gardien au plafond plus élevé, malgré sa taille.
Il a connu un parcours universitaire exceptionnel à Northeastern, il a brillé au Championnat mondial junior, et il possède cette mentalité d’outsider qui plaît aux équipes en reconstruction.
Du côté de Montréal, la décision de Kent Hughes de garder Montembeault reste incomprise par plusieurs. Après l’avoir envoyé au front contre les Oilers d’Edmonton dans un match back-to-back, puis sacrifié à nouveau contre Ottawa au retour d’un long voyage (demain au Centre Bell), certains croient que Martin St-Louis cherche presque à provoquer son effondrement pour justifier que Jakub Dobes soit son nouveau numéro un.
À tout le moins, la gestion des départs soulève des questions. Mais dans les coulisses, on murmure que Hughes veut éviter d’exposer Jacob Fowler trop tôt. Il veut une transition en douceur vers un tandem Dobeš–Fowler en 2026-2027. Et pour cela, il faut que Montembeault encaisse les coups jusqu'à se faire échanger cet été.
Cette réalité, les autres équipes de la LNH la voient clairement. Et elles s’adaptent. Le marché des gardiens est extrêmement fluide, et le moindre signal envoyé par une équipe change la stratégie des autres.
Levi, qui semblait hors du radar, devient subitement un actif précieux. Son prix n’est pas encore défini, mais les Sabres savent qu’ils devront faire un choix.
S’ils ne croient plus en lui, mieux vaut le transiger avant qu’il perde toute valeur. Et dans une ligue où l’on préfère miser sur des gardiens jeunes à développer plutôt que des vétérans inconstants, Levi attire l’attention.
Du côté des Oilers d’Edmonton, curieusement, aucun signe d’intérêt pour l’instant, même si la situation devant leur filet est catastrophique.
C’est ce silence qui intrigue. Soit ils préparent un gros coup ailleurs, soit ils ont une confiance surprenante envers Stuart Skinner et Calvin Pickard.
Mais dans tous les cas, ce sont les Flyers et le Mammoth qui ont pris l’initiative avec Levi. Deux clubs qui avaient Montembeault en tête il y a quelques semaines à peine.
Au final, cette redistribution des cartes place Kent Hughes dans une position délicate. Il garde Montembeault, mais sans lui garantir le filet. Il protège Fowler et ça se comprend.
Il voit Dobeš s’imposer comme numéro un, mais sans fermer la porte à un retour de Montembeault dans le mix. Et pendant ce temps, Levi devient le plan B de toutes les équipes qui espéraient autre chose.
Reste à voir si Buffalo acceptera de le laisser partir. Car s’il est vrai que le clan Levi a demandé une transaction, il faudra tout de même une offre convaincante pour le sortir de Rochester.
Mais avec les Flyers, l’Utah et peut-être bientôt la Caroline ou Edmonton, le marché commence à s’agiter. Le domino Montembeault ne tombera peut-être pas, mais celui de Levi, lui, pourrait déclencher une nouvelle chaîne de mouvements qui relancerait complètement le marché des gardiens.
Sam est "safe"... jusqu'à cet été...
