Le visage de Samuel Montembeault inquiète: Martin St-Louis intervient en entrevue

Le visage de Samuel Montembeault inquiète: Martin St-Louis intervient en entrevue

Par David Garel le 2025-12-27

Il aura fallu attendre près d’un mois pour revoir Samuel Montembeault face aux micros.

Un mois de silence, un mois d’absence, un mois passé dans l’ombre pendant que Jacob Fowler devenait la nouvelle obsession de Montréal et que Jakub Dobeš s’accrochait tant bien que mal à sa place dans la rotation.

Et lorsqu’il a finalement réapparu, samedi, dans ce soleil brutal de la Floride, personne n’a pu ignorer ce que son visage trahissait : Montembeault a fondu.

Le regard plus creusé, les joues affinées, le teint blême comme un drap. Certains y verront la rigueur d’un homme qui s’entraîne à l’excès pour sauver sa saison. (voir la vidéo plus loin dans l'article).

D’autres parleront de stress, de nuits blanches, du poids moral d’une situation qui a dérapé beaucoup plus vite que prévu.

Quoi qu’il en soit, tout le monde a remarqué qu’il avait changé. Et lui-même semblait conscient qu’il revenait dans une équipe où la place qu’il occupait l’an dernier n’existe plus.

Ce retour dans l’avion vers Tampa, confirmé officiellement par la transaction publiée par la LAH, n’a rien eu de triomphal.

Ce n’était ni un rappel mérité, ni un geste symbolique. C’était une nécessité administrative dans une équipe qui cherche désespérément un fil conducteur au milieu d’un ménage à trois devenu ingérable.

Montembeault a embarqué avec son sourire habituel, celui que Mike Matheson a salué, non sans une pointe d’empathie... ou de pitié...

« La manière dont il a géré tout ça, c’est vraiment impressionnant. Il a toujours eu un sourire dans le visage, il a été un bon coéquipier, il a apporté de la bonne énergie… C’est facile quand ça va bien, mais quand ça ne va pas comme tu veux, ça l’est moins. »

Ces mots ont frappé fort, car ils disent tout du paradoxe Montembeault : un joueur profondément apprécié dans la chambre, mais complètement décroché du plan sportif.

On ne sait pas exactement ce qui a déraillé dans son jeu. La mécanique? la lecture? la confiance? Ou c'est sa vie personnelle qui est affectée, tel que l'affirme La Presse6.

Mais on sait ce que disent les chiffres : ,857 d’efficacité en 13 départs, une moyenne de 3,65, et la pire zone de turbulences de toute sa carrière.

Pour un gardien qui revenait de représenter le Canada à la Confrontation des 4 nations, qui était dans la discussion olympique, c’est une chute vertigineuse.

Une chute qui a mené, le 16 décembre, à un geste que personne n’aurait imaginé six mois plus tôt : une rétrogradation volontaire à Laval, pour travailler tête basse avec Marco Marciano.

Et Montembeault l’a confirmé sans drame, sans colère... mais oh qu'il a l'air exténuné. Blême comme un drap, cerné jusquq'au cou... il tente de diffuser un sentiment de calme et de non-panique.

« Je ne voyais pas ça comme une mauvaise nouvelle. Je voulais juste y aller avec la bonne attitude, travailler fort et avoir de bonnes répétitions. »

Il parle de « tracking », de travail des mains, de jeux derrière le filet, bref, de revenir à ce qui lui échappait depuis octobre.

Il semble fier de son deuxième départ à Cleveland, celui où il a stoppé 27 des 28 tirs. Mais il est aussi suffisamment lucide pour savoir que deux bons matchs en AHL n’effacent pas trois mois d’incertitude.

Et pendant ce temps, le monde changeait autour de lui.

Fowler le dépasse. Dobeš le remplace. Le ménage à trois l’enterre.

La phrase de Martin St-Louis a été répétée partout :

« Il faut lui donner le filet. Il va avoir la chance de jouer. »

C’est une promesse. Mais c’est aussi une mise en garde.

Car St-Louis a immédiatement ajouté qu’il fallait que l’équipe soit prête pour lui, comme s’il savait très bien que le filet reviendra à Montembeault… seulement si le contexte est parfait, sécurisé, préparé.

En d’autres mots : ce n’est plus lui qui dicte l’allure de la rotation. C’est la rotation qui doit choisir le bon moment pour ne pas le briser davantage.

Et ce moment n’est pas maintenant, puisque c’est Fowler qui affrontera Tampa Bay. Et l’on comprend pourquoi. Le jeune Américain est l’incarnation du momentum : 3-1-1, .918, 2,40, et des évaluations avancées de MoneyPuck qui le placent déjà dans la zone des gardiens « numéro un ».

Il joue carré. Il respire la maîtrise. Il donne l’impression que la rondelle vient mourir sur lui. À 21 ans, il a tout renversé.

Dobeš, lui, reste imparfait mais présent. Il a joué pendant que Montembeault s’effondrait. Il a vissé son nom dans les routines, dans la logistique, dans le quotidien de l’équipe.

Et là, Montembeault revient dans un ménage à trois qui n’a plus d’espace pour trois.
Il revient dans une structure où chaque présence compte, où chaque décision élimine quelqu’un.

Et les réseaux sociaux, ce thermomètre brutal, ont déjà tranché : une grande partie des partisans aurait préféré qu’il reste à Laval.

Certains parlent de « poisse ». D’autres disent que Fowler aura besoin d’un vrai filet d’entraînement, pas d’une rotation congestionnée. La foule est souvent cruelle, mais rarement aveugle.

Montembeault parle… mais c’est un homme qui revient au milieu d’un orage qui ne dépend plus de lui

Il a parlé avec calme. Il a parlé avec dignité.

Mais il avait ce visage maigre, cette fatigue, ce regard un peu plus lourd que d’habitude.

Il flottait quelque chose d’autre, quelque chose que même le soleil de Tampa ne pouvait masquer : un homme qui vit clairement quelque chose de grave dans sa vie personnelle.

Martin St-Louis a voulu protéger Sam aujourd'hui. Il sait que la situation est explosive. Il sait que Montembeault revient dans un ménage à trois qui menace de s’écrouler au premier faux pas.

Et pourtant, il a tenu à rétablir un principe simple : le Québécois aura sa chance.

« Il faut lui donner le filet », a lancé St-Louis, comme pour rappeler que malgré l’euphorie Fowler et les flashes de Dobeš, un gardien dont on veut reconstruire la confiance a besoin de glace, pas de séance de thérapie.

« Il faut nous assurer que l’équipe joue devant lui suivant nos standards. Tranquillement, on va construire ça et sa]confiance va revenir. C’est le plan. Il va avoir la chance de jouer. »

Lorsqu’il répète qu’il faut « construire » l’environnement autour de Montembeault, il reconnaît qu’un retour trop rapide pourrait l’écraser. Lorsqu’il parle de « nos standards », il sous-entend que le groupe joue différemment devant Fowler, plus calme, plus compact, et qu’il faudra recréer ce même contexte pour que Montembeault survive à son retour.

À voir son visage aujourd'hui, espérons qu'il survive à la nuit prochaine...