Dans la tourmente que vit actuellement Samuel Montembeault, un visage inattendu est sorti de nulle part comme symbole de force tranquille : celui de sa conjointe.
Alors que le gardien du Canadien de Montréal a supprimé ses réseaux sociaux après une vague de commentaires dégradants, violents et inacceptables sur sa personne, sa forme physique, son langage, sa place dans la LNH et même sa famille, sa femme, Daryanne, tient bon. Elle ne s’est pas cachée. Elle n’a rien effacé. Elle est restée debout.
Son compte Instagram est toujours actif. (voir les photos au bas de l'article).
Surtout, son profil est public et non privé. Aucune photo supprimée. Elle n’a pas masqué sa relation avec Montembeault, elle n’a pas désactivé les commentaires. Elle n’a pas changé son nom d’utilisatrice ni retiré les clichés de couple à leur mariage cet été.
C’est une déclaration silencieuse mais puissante : « Je ne me coucherai pas. »
La réaction du public sur ses publications contraste vivement avec la haine que Samuel a subie. Les rares commentaires visibles sont touchants, bienveillants et remplis de solidarité.
« Vous êtes beaux ensemble ». « Sam va se relever ». « On est derrière vous. »
Ce sont des mots d’encouragement, de compassion et d’empathie. Non pas déversés sur les plateformes officielles du CH, mais directement sur le compte personnel de celle qui partage la vie du gardien. Parce qu’elle, elle n’a pas fui.
Ce courage est incroyable.
Car il faut comprendre le climat actuel : Montembeault a été bombardé d’insultes horribles, qualifié de « grassouillet », « pas en forme », « pas assez bon pour la LNH ».
Certains ont même osé s’attaquer à sa conjointe, affirmant qu’elle devrait être avec un « vrai joueur de hockey », que Montembeault « ne méritait pas une femme comme elle ».
D’autres se sont permis de critiquer leur couple, de remettre en question leur complicité et leur bonheur. Des dérives humaines qui donnent mal au coeur, rendues possibles par l’anonymat et la lâcheté des réseaux.
Dans ce chaos, la décision de Montembeault de tout supprimer est humaine. Il a confié que les messages qu’il recevait étaient trop violents.
Il est clair que la "pression sociale" le ronge, alimentée par la tempête médiatique et numérique. Et pendant qu’il essaye de se protéger et de se réparer, sa conjointe tient le fort. C’est elle qui, sans rien dire, incarne le courage.
Ce geste, laisser ses réseaux ouverts, peut sembler être un détail Mais il est profondément significatif. Dans une époque où l’on s’efface dès que la pression devient invivable, elle a choisi de rester visible. Non pas pour provoquer. Pas pour revendiquer. Mais simplement pour dire : « Nous sommes encore là. »
Elle ne publie presque rien. Elle ne cherche pas l’attention. Elle ne répond pas aux critiques. Mais elle ne les empêche pas non plus. Elle laisse le monde voir. Voir qu’ils sont ensemble. Voir qu’elle est fière. Voir qu’elle n’a pas peur.
Dans les moments de tempête, il faut parfois une lumière. Cette femme, sans flafla, sans entrevue, sans post viral, devient cette lumière pour Sam.
Elle est là, droite, digne, inébranlable. Et elle envoie le message le plus clair qui soit à ceux qui osent salir le nom de son homme : vous ne me faites pas peur.
C’est peut-être ce qu’il fallait à Samuel Montembeault. Un modèle de calme. Une force tranquille. Un rappel qu’au-delà des chiffres, des statistiques, des arrêts manqués et des défaites, il existe un amour et une dignité qu’aucun troll ne peut entacher.
Sa femme n'est pas la seule qui est monté au front pour Sam.
Marc-Antoine Dequoy, demi défensif des Alouettes de Montréal, qui a délibérément choisi de porter un chandail de Montembeault à sa descente de l’avion à Winnipeg, à l’aube de la 112e finale de la Coupe Grey. Ce n’était pas une coïncidence.
« Je suis un partisan du Canadien et de Montembeault », a expliqué Dequoy lors de la journée des médias.
« Je comprends ce que c’est d’être jugé ou critiqué pour ses performances. »
Dequoy parlait à Montembeault, mais aussi pour lui et pour tous les athlètes québécois qui se retrouvent au centre de toutes les critiques au monde entier quand ça va mal.
D’un côté, une conjointe qui choisit de laisser ses photos visibles à tous, sans se cacher, sans restreindre ses paramètres de confidentialité.
De l’autre, un joueur de football qui débarque dans une ville hostile envers les Québécois (Winnipeg) avec sur le dos le chandail d’un gardien de but critiqué dans sa propre province.
Deux gestes différents, mais une même volonté : ne pas plier. Ne pas se coucher. Ne pas se laisser définir par la méchanceté ambiante. Ne pas abandonner l’espace public aux voix les plus sales.
«Je pense que Samuel est un athlète incroyable. C’est un gars de chez nous et ce n’est pas facile de se rendre où il s’est rendu. Personnellement, je vais toujours encourager un gars d’ici qui travaille, car je connais les efforts que ça demande pour être un athlète professionnel. Parfois, on se concentre peut-être trop sur les résultats... Je n’ai aucun conseil à donner à Samuel, mais je veux lui offrir mon support en portant ce chandail-là.»
« Parfois, le bruit de l’extérieur peut vraiment être fort. On essaie de ne pas trop y porter attention, mais ça peut sembler aller dans une seule direction. De porter ce jersey-là, c’était de dire que ça va aussi de l’autre bord. » a conclu Dequoy.
Le Québec sportif a parfois la mémoire courte. Il célèbre vite, il condamne plus vite encore. Montembeault a goûté aux deux extrêmes : héros national la saison dernier, il est aujourd’hui pris à partie comme s’il était un imposteur.
À lui de relever la tête... et d'embrasser sa femme...
