Propos déplacés sur Samuel Montembeault: 5 pains aux bananes dans le ventre

Propos déplacés sur Samuel Montembeault: 5 pains aux bananes dans le ventre

Par David Garel le 2025-12-30

À quelques heures du match le plus lourd de sa carrière, alors qu’il se prépare à affronter les champions de la Coupe Stanley dans un duel qui déterminera peut-être la renaissance ou la fin de sa carrière à Montréal, voilà que le passé de Samuel Montembeault revient le frapper de plein fouet… en Floride.

Là même où sa carrière avait failli s’éteindre avant même de commencer.

Les propos humiliants prononcés par Keith Yandle lors d’un épisode de Spittin’ Chiclets, enregistrés l’an passé mais remis en circulation aujourd’hui par des comptes américains, tournent en boucle sur les réseaux sociaux floridiens, comme une mauvaise blague qui refuse de mourir.

Et pour Montembeault, ce timing ressemble à une cruauté supplémentaire, un rappel public des portes qui se sont refermées sur lui, exactement au moment où il tente de les rouvrir à Montréal.

Car tout a recommencé avec une anecdote banale, presque amusante, que Kirby Dach raconte avec légèreté : à Montréal: Samuel Montembeault est surnommé « Snacks » parce qu’il grignote tout le temps, jusqu’à engloutir quatre ou cinq parts de pain aux bananes avant les matchs.

Une anecdote sans malice dans la bouche du jeune centre, mais qui a immédiatement déclenché chez Keith Yandle un mépris à peine voilé.

L’ancien défenseur, qui n’a jamais hésité à humilier publiquement ses anciens coéquipiers, a aussitôt sauté sur l’occasion pour rappeler, avec un sourire en coin, ce que lui prétend avoir observé en Floride : Montembeault serait, selon lui, « le troisième gardien qui quittait toujours la glace en premier », laissant entendre qu’il était paresseux, indiscipliné, incapable de soutenir l’effort quotidien d’un athlète élite.

Une phrase lancée comme une flèche, sans nuance, sans contexte, sans empathie, et qui, dans le balado le plus écouté du monde du hockey, a immédiatement pris la forme d’une condamnation:

Et au lieu d’apaiser l’échange, Paul Bissonnette, visiblement incapable de se souvenir du nom du gardien du CH sans consulter ses notes, a ajouté une couche involontaire d’humiliation.

Voir Bissonnette froncer les sourcils, feuilleter ses feuilles et dire :

« C’est qui déjà, le goalie à Montréal ? » a exposé la vérité crue : même quand il performait, Montembeault n'a jamais été respecté.

Et le plus cruel dans tout cela, c’est que les moqueries de Yandle ne sortent pas de nulle part. Elles réveillent des blessures anciennes, celles liées à son passage houleux en Floride, lorsque son taux de gras avait été scruté comme un acte de trahison, lorsque certains membres de l’organisation le décrivaient comme « pas assez affûté », « trop gourmand », « trop distrait ».

Les images du gardien mangeant son pain aux bananes, autrefois un simple rituel d’avant-match, étaient devenues un symbole injuste de sa supposée indiscipline.

À l’époque, son nom circulait dans la LNH comme celui d’un jeune qui ne prenait pas sa carrière au sérieux, et Yandle, aujourd’hui, ravive volontairement ces souvenirs au moment le plus délicat de la saison de Montembeault.

Car ce soir, Montembeault ne dispute pas un match ordinaire : il joue pour son avenir. S’il performe, il survivra au ménage à trois et restera dans la LNH.

S’il s’écroule, il risque le ballottage, l’humiliation publique, la perte de son poste, la confirmation brutale que le vestiaire lui a déjà tourné le dos.

Et pendant qu’il tente de se recentrer, qu’il absorbe la pression monstrueuse d’un match qui ressemble plus à un procès qu’à une rencontre de hockey, les extraits de Yandle circulent en Floride, répétés, commentés, moqués, montrant au public floridien un gardien présenté comme paresseux, rondouillet, mal préparé, exactement l’image qu’il tente de fuir depuis des mois.

Le pire dans tout cela, c’est que la séquence réduit sa carrière à des clichés cruels : le pain aux bananes, le gras, la paresse, le troisième gardien invisible en Floride.

Alors qu'il veut justement se sortir de la position de 3e gardien à Montréal.

Et pourtant, même humilié, même fragilisé, même ridiculisé par des anciens joueurs qui auraient pu choisir la solidarité plutôt que la dérision, c’est Montembeault qui doit se tenir debout ce soir devant une équipe qui l’a déjà rejeté une fois.

La réalité est brutale : Sam tente de reconstruire sa confiance, pendant que le passé se charge de la détruire encore.

Il cherche à sauver sa place, pendant que les images de Yandle renforcent la perception qu’il n’est pas un gardien digne d’un rôle principal. Il porte sur ses épaules le poids d’une ville entière, pendant que des personnalités du hockey le ramènent à ses plus mauvaises années.

Mais au cœur de cette tempête, une vérité demeure : Montembeault ne pourra répondre ni avec des mots, ni avec des publications sur les réseaux sociaux, ni avec des regrets.

Sa seule réponse possible, la seule qui fera taire les Yandle de ce monde, la seule qui peut redéfinir sa carrière, se jouera sur la glace lors du départ le plus stressant de sa vie.

Ce soir, chaque tir sera un jugement. Chaque arrêt, un acte de résistance. Chaque séquence, une tentative pour effacer une réputation qui lui colle à la peau depuis trop longtemps.

Parce que les humiliations passent.

Les balados disparaissent.

Les moqueries s’essoufflent.

Mais la performance, elle, reste.

Et ce soir, Samuel Montembeault n’a plus le luxe de laisser quelqu’un d’autre parler pour lui. C’est à lui, et à lui seul, de faire taire Keith Yandle.