La poisse collée sur Samuel Montembeault: le destin frappe sans pitié

La poisse collée sur Samuel Montembeault: le destin frappe sans pitié

Par David Garel le 2025-12-20

Pauvre Samuel Montembeault.

La poisse le suit jusqu'au bout. Peu importe ce qu’il fait, la malchance le frappe comme si la vie voulait lui rappeler qu’il n’a plus contrôle sur son destin.

Son deuxième match avec le Rocket devait être un pas dans la bonne direction, un moment pour respirer, pour retrouver des repères, pour casser une spirale qui l’a avalé depuis un mois.

Ce fut… autre chose. Une démonstration encore plus cruelle : même quand il fait presque tout correctement, il perd 2-0 contre les Monsters de Cleveland. Même quand il est solide, il perd. Même quand il arrête 27 tirs sur 28, il perd.

Et le pauvre... a reçu des milliers de toutous sur la tête...

On peut bien parler du système de jeu défaillant autour de lui, du Rocket qui n’a généré presque aucune attaque, des 11 tirs seulement au troisième, du filet désert venu gonfler artificiellement la défaite… tout cela n’a pas d’importance.

Est-ce que Samuel Montembeault peut encore être un gardien gagnant? Ouch.

Le seul but qu’il accorde, celui de Pinelli, est devenu un symbole involontaire. Une rondelle qui file côté mitaine, encore.

Une trajectoire que Montembeault repère trop tard, encore. Un tir que tant de gardiens maîtrisent instinctivement, mais qui, chez lui, expose la faiblesse la plus étudiée, la plus exploitée, la plus décortiquée de son jeu.

Même dans la ligue américaine, la mitaine le trahit. C’est devenu un réflexe conditionné chez l’adversaire : viser haut, tester cette zone qui a hanté sa carrière depuis la première journée.

Et à partir du moment où même la ligue américaine identifie la même faille que la LNH, la seule conclusion possible est la plus triste : Montembeault n’efface plus aucun doute; il les confirme.

Le pire, c’est qu’il n’a pas joué un mauvais match. Au contraire. Il était plus calme, plus compact, plus en contrôle. Il n’a rien abandonné mentalement. Il n’a montré aucune panique.

Il a fait ce qu’on lui demandait : être présent mentalement, être stable, être professionnel. Mais les performances qui ne mènent nulle part deviennent, à long terme, encore plus lourdes à supporter que les mauvaises soirées.

Une défaite peut s’effacer rapidement, mais le sentiment d’être “bon… mais jamais assez bon” détruit un gardien de l’intérieur.

Le malaise se lit jusque dans les réactions de son entourage. On le félicite pour son attitude, comme si on parlait d’un enfant.

On lui souligne son implication sur le banc, comme si on cherchait désespérément une raison de lui trouver encore une valeur.

On insiste sur le fait que “ce n’est pas de sa faute”, ce qui est vrai, mais terriblement triste.

L’organisation, les journalistes, les coéquipiers… tout le monde glisse vers la même réaction : la pitié. 

Cette pitié l'affaiblit plus que n’importe quelle défaite, qui transforme un compétiteur en cause humanitaire, qui fait de lui un symbole de fragilité plutôt qu’un acteur de ses propres succès.

Et dans le hockey professionnel, dès que la conversation passe de la performance à l’empathie forcée, c’est que le cordon est déjà presque coupé.

Mais au-delà de la pitié, il existe un autre élément. Le Québec a perdu son amour pour lui. Tout le Québec veut Jacob Fowler. Tout le monde veut que le jeune Américain reste en haut. Tout le monde veut que le Canadien tourne définitivement la page sur Montembeault pour instaurer un tandem Fowler–Dobeš, la nouvelle ère, la nouvelle énergie, le futur déguisé en présent.

Et cette pression-là, Montembeault la ressent, il la porte, il en souffre. Chaque arrêt qu’il fait en bas, Fowler en réalise un en haut. Chaque match qu’il survit, Fowler en dispute un qui soulève le public. Chaque séquence qu’il tente de stabiliser, Fowler en crée une qui excite toute la province.

Et c’est peut-être dans cette différence cruelle que naît la question la plus dérangeante : est-ce que le sport punit ceux qui ne le respectent pas assez?

Parce que Montembeault n’a pas eu un été d’athlète; il a eu un été de civil. Il a vécu son mariage comme une parenthèse absolue, il a coupé le hockey, il a profité de la vie, et il est revenu au camp lourd, épais, lent, marqué par un manque flagrant de préparation et un taux de gras inacceptable pour un athlète profesionnel.

Le Canadien l’a vu, les partisans l’ont vu, et peut-être que lui-même commence à comprendre que la bouffe, les "drinks et les partys de mariage ne se payent pas en septembre… mais en décembre.

Certains appellent ça la poisse, d’autres appellent ça le karma, mais dans un sport aussi impitoyable, le résultat est le même : un gardien qui a levé le pied au mauvais moment finit toujours par se faire dépasser par celui qui n’a jamais arrêté de courir. 

Fowler monte, Dobeš s’installe, la province se rallie… et lui reste coincé dans un été qui, au fond, pourrait bien lui coûter sa carrière à Montréal.

Alors oui, le Canadien lui a promis qu’il rejoindrait l’équipe à Pittsburgh demain Oui, la direction doit prendre une décision dans les prochaines heures Mais personne n’y croit vraiment. Même ceux qui le défendent sentent ce glissement silencieux, ce point de non-retour qui approche.

Samuel Montembeault n’est pas un mauvais gardien, ni un mauvais professionnel.

On ne parle pas d'un gars qui a abandonné.

Mais le sport ne pardonne pas les spirales, et il est visiblement pris dans une spirale où tout lui échappe simultanément.

Et dans le monde des gardiens, c’est souvent comme ça que les fins commencent.