Un scénario complètement fou est en train de prendre forme sous les yeux du Canadien de Montréal.
Commençons par le déclencheur. Crosby vient d’égaler Mario Lemieux.
Pour le dépasser... à vie...
Pendant des mois, tout le milieu le murmurait : Crosby voulait battre le record de Lemieux avant toute décision majeure. Ce verrou psychologique vient de sauter. Le symbole est honoré. Le livre est presque refermé. Et maintenant, la question n’est plus si Crosby acceptera d’être échangé, mais où.
Pas dans six mois. Pas l’été prochain. D'ici la date limite des transactions le 6 mars prochain.
Mais attention. Pendant des semaines, Montréal s’est raconté une histoire rassurante : si Crosby quittait Pittsburgh, ce serait Montréal ou rien. Le club de son enfance. La ville de Mario Lemieux. Le symbole parfait pour fermer la boucle. Cette certitude vient de voler en éclats. Brutalement.
Parce que pendant que le Canadien calculait, attendait, protégeait ses actifs et refusait de se compromettre, deux autres organisations sont entrées dans la danse.
Le Wild du Minnesota et l’Avalanche du Colorado. Et soudainement, Montréal n’est plus seul. Pire : Montréal n’est plus le favori émotionnel incontesté.
C’est ici que le Minnesota devient extrêmement dangereux.
Il y a à peine une semaine, plusieurs riaient quand Bill Guerin affirmait que son équipe allait gagner la Coupe Stanley. Puis Quinn Hughes est arrivé. Et tout a changé.
En un seul geste, le Wild est passé de club solide à prétendant crédible. Guerin n’a jamais caché son intention : il veut compléter son chef-d’œuvre. Et pour ça, il lui manque un centre mythique.
Le lien Guerin-Crosby n’est pas cosmétique. Ils ont gagné ensemble en 2009. Guerin était une voix respectée dans ce vestiaire.
Aujourd’hui, c’est un DG affamé, prêt à sacrifier de gros morceaux pour une dernière pièce maîtresse. Crosby, lui, connaît le Minnesota. Il y a étudié à Shattuck-St. Mary’s. Il y a des racines, des repères, une familiarité. Et surtout, il y a une équipe prête à gagner maintenant.
Ajoutez Crosby entre Kirill Kaprizov et Matt Boldy, avec Quinn Hughes derrière. Ce n’est pas un projet. C’est une machine de séries. Et contrairement à Montréal, le Wild n’est pas dans une phase de patience stratégique. Il est dans une logique d’attaque sur le marché des transactions.
Oui, la masse salariale est serrée. Crosby gagne 8,7 M$. Le Wild n’a qu’environ 1,2 M$ de marge. Mais ce n’est pas un mur. C’est un puzzle. Un vétéran comme Hartman ou Zuccarello peut libérer l’espace. Guerin sait comment faire. Et surtout, il a des actifs concrets.
Danila Yurov. David Jiricek. Riley Heidt. Des profils jeunes, NHL-ready ou presque, qui répondent exactement à ce que Pittsburgh cherchera si l’organisation accepte de tourner la page.
Les Penguins demanderont un défenseur droitier de premier plan. À Montréal, ce nom s’appelle David Reinbacher. Au Minnesota, il s’appelle Jiricek, même si sa valeur est bien moins élevée que l'Autrichien du CH.
Maintenant, regardons le Colorado. Et c’est là que le scénario devient encore plus inconfortable pour le CH.
Sur papier, l’Avalanche n’a pas un grand bassin d’espoirs. C’est vrai. Leur bassin d'espoirs est parmi les plus faibles de la ligue.
Ils ont déjà sacrifié Calum Ritchie et leur choix de 1re ronde 2026 dans la transaction de Brock Nelson.
Mais Nathan MacKinnon veut son ami. Quand l’Avalanche est déjà perçue comme favorite pour la Coupe Stanley, quand Crosby peut débarquer dans une équipe prête à tout rafler sans période d’adaptation, l’argument devient puissant. Très puissant. Assez pour que Pittsburgh accepte une offre imparfaite mais massive : deux choix de première ronde (2027-2028), Gavin Brindley et d'autres éléments. Ce n’est pas élégant. Mais c’est crédible dans une logique de reconstruction accélérée.
Et c’est exactement ça, le pire scénario pour Montréal.
Parce que le Canadien, lui, a choisi la rigueur. Il a payé très cher pour Noah Dobson. Il protège Reinbacher. Il refuse de vider son avenir pour un vétéran de 38 ans. Kent Hughes n’est pas désespéré. Et Crosby, lui, ne veut pas perdre.
Mais deux choix de 1re ronde du Colorado sont l'équivalent de deux choix de 2e ronde.
Le CH pourrait offrir Owen Beck, un choix de 1re ronde, et un espoir défensif (Bryce Pickford ou Owen Protz), un défenseur établi (Jayden Struble?) comme base de négociation. Et déjà, l'offre est plus alléchante que le Colorado.
À moins que Crosby exige une transaction au Colorado.
Voilà le nœud du problème.
Si Crosby privilégie la meilleure chance de gagner immédiatement, Montréal recule dans la hiérarchie. Si Crosby privilégie la symbolique, la boucle, l’héritage, Montréal reste vivant.
Mais Montréal n’est plus seul à vendre un récit cohérent. Minnesota vend la Coupe. Colorado vend la dynastie immédiate. Montréal vend la renaissance… avec un risque.
On est rendu là. Une course à trois. Montréal, Minnesota, Colorado. Los Angeles est hors jeu. Et chaque jour qui passe, chaque point que Crosby accumule, chaque insider qui murmure son nom ailleurs que dans le corridor du Centre Bell, resserre l’étau.
Une course à trois...
Kent Hughes est mieux d'attacher sa tuque...
