Demain soir, le Centre Bell ne sera pas une simple patinoire : ce sera une cathédrale où un homme, Sidney Crosby, s’apprête peut-être à entrer dans une nouvelle dimension de l’histoire.
Blanchi contre les Sénateurs à Ottawa, Crosby arrive à Montréal avec une mission : un point pour égaler Mario Lemieux (1723), deux pour le dépasser. (1724)
Lemieux est considéré comme l’un des cinq plus grands joueurs de l’histoire, un génie offensif dont les records semblaient hors de portée. Que Crosby puisse l’égaler et potentiellement le dépasser au Centre Bell, dans la ville qui vénère Mario autant que Montréal vénère Jean Béliveau, c’est presque irréel.
C’est ce rare moment où la LNH se transforme en mythologie : un Québécois d’adoption pourrait dépasser un Québécois de sang, dans le temple même du hockey québécois.
Et le hasard, ou le destin, a choisi le Québec pour ce chapitre. Le temple de Jean Béliveau, de Maurice Richard, de Guy Lafleur. L'équipe de son père, repêché par le CH et surtout, l'équipe de son enfance.
Et demain, le bruit ne sera pas pour Cole Caufield. Ni pour Nick Suzuki. Demain, le Centre Bell va hurler pour Sidney Crosby.
« Sidney! Sidney! Sidney! »
Un cri d’amour, pas un cri de rivalité. Un cri qui porte une question simple : Et si c’était ici? Et si ça finissait à Montréal?
Car pendant que Crosby avance vers l’immortalité, une autre histoire brûle sous la surface. Une histoire qui, soudain, n’a plus rien d’un rêve impossible.
L’équipe s’écroule : sept défaites consécutives, un classement qui dérape et une saison qui menace déjà de mourir.
Oui, les Penguins arrivent à Montréal en pleine crise : sept défaites consécutives, une chute brutale au 12e rang de l’Association de l’Est, coincés à deux points seulement d’une place en séries, mais avec quatre équipes à dépasser pour y entrer.
Ils n’ont plus que trois points d’avance sur Buffalo et Columbus, les deux derniers de l’Est, ce qui montre à quel point la situation a dégénéré rapidement.
Et pendant que l’équipe glisse, l’organisation est secouée par un autre tremblement : la vente imminente des Penguins. Fenway Sports Group, propriétaires depuis 2021, s’apprête à revendre l’équipe pour environ 1,7 milliard de dollars, presque le double du prix payé. Les acheteurs? La famille Hoffman, basée à Chicago, déjà propriétaires des Florida Everblades dans l’ECHL, une famille beaucoup plus passionnée par le hockey que FSG, et qui pourrait vouloir accélérer une vraie reconstruction, même si cela implique de tourner la page sur l’ère Crosby-Malkin-Letang.
Et c’est précisément cette réalité, l’équipe qui perd, les nouveaux propriétaires qui arrivent, le noyau vieillissant qui n’avance plus, qui ouvre aujourd’hui la porte à des discussions qu’on croyait impossibles : un éventuel échange de Sidney Crosby.
Fenway Sports Group a gagné son pari financier, mais le hockey leur échappe, et c’est maintenant la famille Hoffman, passionnée, ambitieuse, obsédée par la relance: ils ne veulent plus s’accrocher au passé.
Ils veulent rebâtir et capitaliser tant que Crosby a encore une valeur sur le marché des transactions.
Kyle Dubas, lui, avance déjà ses pions. Le départ de Tristan Jarry a ouvert une fracture interne gigantesque. Crosby était furieux, furieux comme rarement. Jarry était son gars, son confident, la seule stabilité d’un noyau qui s’effondre. Avec ce geste, Dubas a envoyé un message froid :
“Nous ne bâtissons plus autour de toi.”
Et ce tremblement-là, Montréal l’a senti jusqu’à Brossard.
Dans toutes ces rumeurs qui circulent depuis 48 heures, on a une certitude: le Canadien ne donnera pas David Reinbacher.
Pas pour Crosby. Ni pour personne.
Pascal Vincent, Stéphane Robidas, les recruteurs, tout le monde répète la même chose : Reinbacher est un futur défenseur no 2 ou au pire, no 4. Un profil tellement rare que Montréal refuse même d’envisager de l’inclure.
On pensait que Dubas voulait absolument que Reinbacher soit inclus. Mais voilà que le DG des Penguins adore Oliver Kapanen.
C’est un intérêt réel et alimenté par des rapports de dépisteurs des Penguins qui s’enflamment chaque fois qu’il touche à la rondelle.
Pendant que les feintes d’Ivan Demidov et que les mises en échec de Juraj Slafkovský captent la lumière, Kapanen est ce joueur qui travaille comme un marteau-piqueur silencieux, impliqué à fond, rigoureux, intelligent, diablement efficace sans jamais chercher l’effet de spectacle. Et il a déjà 10 buts au compteur.
Le profil parfait pour Dubas : polyvalent, mature, NHL-ready, un centre capable d’être un soutien immédiat à la relève de Pittsburgh.
Et soudain, un scénario improbable prend forme : obtenir Sidney Crosby sans toucher à Reinbacher.
Le prix? Oliver Kapanen. Un choix de 1re ronde protégé (certains parlent de deux choix de 1re ronde 2026-2027), un jeune défenseur gaucher entre Arber Xhekaj et Jayden Struble, d'autres élments.
Et surtout… Josh Anderson.
Car les Penguins le savent : pour absorber Crosby, il faut sortir un salaire. Le CH aussi le sait. Et le seul joueur logique n’est pas Gallagher (fini à la corde et indésirable), mais Josh Anderson, à 5,5 M$ jusqu'en 2027.
Les Penguins seraient prêts à le prendre. Ils voient en lui un ailier lourd, utile sur un troisième trio, un joueur qui pourrait rebondir ailleurs, dans un système différent et qui pourrait guider-protéger les jeunes dans la reconstruction.
Mais le problème, c’est Anderson lui-même, qui a une clause de non-échange de trois équipes où il refuse d'aller.
Et Pittsburgh ferait partie de cette liste "no-trade".
Et c’est là que tout devient électrique.
Sommes-nous prêts à sacrifier Oliver Kapanen pour Sidney Crosby?
Sommes-nous prêts à sacrifier un, voire deux choix de 1re ronde pour l’un des plus grands joueurs de l’histoire... âgé de 38 ans?
Toutes ces questions sont inutiles... si Anderson refuse d'aller à Pittsburgh. Parions que l'attaquant va avoir un pincement au coeur demain quand il va voir Crosby.
Car lorsque Crosby touchera la glace, le rêve va flotter dans l’air.
Parce que si Sidney égalise Mario Lemieux au Centre Bell…
Si Sidney dépasse Mario Lemieux au Centre Bell…
Si Sidney célèbre ce moment mythique dans un aréna qui l’adore déjà…
Le Québec entier va crier :
« Crosby à Montréal! Ramenez-le à la maison! »
Et dans les bureaux du Canadien, pendant que la foule hurlera de passion, Kent Hughes et Jeff Gorton regarderont tout cela avec un dilemme énorme.
Sommes-nous prêts à sacrifier Kapanen et notre futur pour écrire la plus grande page moderne de l’histoire du Canadien?
Mais la vraie question est: Josh Anderson acceptera-t-il d'enlever Pittsburgh de sa liste?
