À Pittsburgh, il ne faut plus se raconter d’histoires. Ce qui se passe en ce moment n’est pas un accident, ni une malchance passagère, ni une simple mauvaise lecture du marché des gardiens.
C’est un choi calculé et manipulateur.
. Et profondément déstabilisant pour celui qui incarne encore l’âme de la franchise : Sidney Crosby.
Le plan des Penguins de Pittsburgh a toujours été de reconstruire. Ça, tout le monde le sait à l’interne. Même lorsque le club surprenait en début de saison, même lorsqu’il était en séries au moment clé, la trajectoire était déjà tracée. La preuve la plus brutale? La transaction de Tristan Jarry.
Au moment où Kyle Dubas échange Jarry aux Oilers, Pittsburgh affiche 35 points en 29 matchs, un pourcentage de points de .603. La recette fonctionne. Pas parfaitement, mais suffisamment pour justifier une continuité. Et surtout, suffisamment pour respecter la promesse implicite faite à Crosby : on va rester compétitifs pendant que tu es encore là.
Dubas savait exactement ce qu’il faisait en brisant cette stabilité.
Il savait que Skinner n’est pas un gardien constant. Il savait qu'il allait s’effondrer à court terme. Il savait que le classement allait glisser. Et il l’a fait quand même.
Depuis la transaction, le masque est tombé : 39 points en 36 matchs, seulement quatre points en sept rencontres. Un taux de .285. Une fiche de 1-4-2. Trois petits points seulement au-dessus du fond de l’Est. Ce n’est pas une coïncidence. C’est la trajectoire attendue.
Et pendant ce temps-là, Skinner n’a toujours pas gagné à Pittsburgh : 0-3-0, moyenne de 4,18, taux d’efficacité de .831. Son moment le plus marquant?
Être le gardien qui a accordé le 1000e point à Leon Draisaitl. Pendant que Jarry, lui, aligne trois victoires en trois départs en Alberta. Impossible de croire que Crosby regarde ça sans serrer les dents.
C’est là que le mot devient inévitable : trahison.
Parce que Dubas n’a pas seulement échangé un gardien. Il a envoyé un message. Un message déguisé en gestion responsable, mais limpide pour ceux qui savent lire entre les lignes : nous allons prioriser la loterie, même si tu es encore capable de nous porter. Il a vendu la compétitivité au public tout en la sabordant en coulisses.
C’est un jeu de relations publiques. Un théâtre bien monté. On fait semblant d’y croire. On parle de transition douce. On répète que l’équipe “reste dans le coup”. Mais à l’interne, la direction sait très bien qu’elle a volontairement retiré la pierre angulaire qui empêchait l’effondrement.
Et c’est précisément pour ça que la tension est montée d’un cran dans le clan Crosby.
Le père, Troy Crosby, ne digère pas. Lui qui connaît la LNH, lui qui comprend les cycles, voit clair : on est en train de forcer la main de son fils. On ne lui demande pas de partir. On crée simplement les conditions pour qu’il n’ait plus de raison valable de rester. C’est plus propre. Plus acceptable publiquement. Mais tout aussi violent émotionnellement.
Sidney, lui, continue de faire ce qu’il a toujours fait : il joue. Il produit. Il bat le record de Mario Lemieux. Il reste digne. Mais il n’est pas na. Il comprend que chaque décision récente, du gardien jusqu’au temps de jeu, en passant par la philosophie de développement, pointe dans la même direction : l’ère Crosby doit se terminer sans que la direction ait à porter le blâme.
C’est là que le dossier s’ouvre. Vraiment.
Pas parce que Crosby veut partir. Mais parce qu’on est en train de l’y pousser. Et quand un joueur de cette stature comprend que l’organisation ne se bat plus pour gagner avec lui, mais pour préparer l’après-lui, le dialogue change.
À partir de là, les scénarios deviennent réels. Wild du Minnesota, Avalanche du Colorado, le Canadien de Montréal, trois organisations capables d’offrir à la fois un projet compétitif et une portée symbolique. Kings de Los Angeles? Sur la liste, peut-être. Mais sans l’adhésion émotionnelle du clan Crosby. Et ça compte.
Tout va se jouer à Pittsburgh. Dans les décisions qui suivront. Dans la façon dont Dubas poursuivra ce jeu de manipulateur entre reconstruction assumée et façade fake de compétitivité. Parce qu’à force de faire semblant, on finit par perdre ceux qui y croyaient vraiment.
Sidney Crosby n’a pas été abandonné par ses coéquipiers. Il a été lâché stratégiquement par son DG.
Et quand une icône comprend qu’elle n’est plus au centre du projet, la porte s’ouvre. La tension silencieuse, tôt ou tard, finit toujours par exploser.
