21 juillet. Le soleil tape sur Montréal, mais c’est une autre chaleur qui fait transpirer Kent Hughes : celle de la négociation infernale avec l’agent de Lane Hutson, Sean Coffey.
À ce jour, aucune entente n’a été conclue. Aucune signature. Aucune concession. Rien. Et ce silence est plus parlant que toutes les déclarations publiques : le clan Hutson a dit non. Non à un rabais maison. Non à la hiérarchie salariale de Kent Hughes. Non à l’idée de "faire comme tout le monde".
En d'autres mots : Lane Hutson n’acceptera pas d’être payé moins que ce qu’il vaut sur le marché.
Et la confirmation est maintenant claire : si le jeune défenseur étoile n’est toujours pas signé au 21 juillet, c’est parce qu’il a déjà refusé l’offre de 8 ans à 9 millions $ par année que Kent Hughes lui a mis sur la table.
Même une offre à 9,5 millions $ ou 10 millions $ par saison pourrait ne pas suffire pour convaincre le clan Hudson de s’engager à long terme.
Pourquoi? Parce que Sean Coffey voit plus loin. Beaucoup plus loin. Et il a convaincu son client de ""cash in".
Le message de l’agent est brutal, sans détour : "pas de rabais maison" sur un contrat de 8 ans.
Le terme même fait frissonner Kent Hughes, lui qui a bâti sa gestion contractuelle autour de l’idée d’un vestiaire équilibré et respectueux. Nick Suzuki, le capitaine, touche 7,875 millions $. Cole Caufield empoche 7,85 M$ par année, Juraj Slafkovsky empoche 7,6 M$, Kaiden Guhle est à 5,5 M$.
Même Noah Dobson, récemment acquis et signé pour 8 ans à 9,5 M$, un contrat qui devait servir de plafond pour Hutson, semble désormais insuffisant.
Mais Sean Coffey ne veut pas entendre parler de plafond. Il pense en pourcentage du plafond salarial. Il pense à 2027, 2028, 2030. Il pense comme Auston Matthews. Comme Kirill Kaprizov.
La stratégie Kaprizov
Et justement, parlons-en, de Kaprizov.
En 2021, Kaprizov avait surpris tout le monde en refusant un contrat à long terme pour signer une entente de 5 ans à 9 millions $ par saison. À l’époque, plusieurs avaient jugé cette décision risquée.
Mais aujourd’hui, ce contrat arrive à échéance. Et selon les dernières rumeurs crédibles, Kaprizov serait sur le point de signer un contrat de 8 ans à 15 millions $ par saison avec le Wild du Minnesota. Un contrat historique. Un contrat de joueur générationnel.
Et c’est là que Sean Coffey a des étoiles dans les yeux.
Lane Hutson est-il un joueur générationnel? Poser la question, c'est y répondre.
Dans le camp Hutson, on est convaincu que Lane est un joueur qui va marquer l'histoire. Le gagnant du trophée Calder. Un défenseur d’élite dès sa saison recrue. Un futur membre d’équipe étoile, saison après saison.
Et surtout : un produit rare à Montréal, dans un marché prêt à exploser.
Pourquoi se lier à long terme à 9 ou 9,5 millions $ quand on peut signer un contrat de transition de 4 ou 5 ans, et aller chercher 15 ou 17 millions $ en 2029?
Kent Hughes est dans l'eau chaude.
Il sait que s’il ne signe pas Hutson pour 8 ans maintenant, il ne pourra plus jamais lui offrir un contrat aussi long. Car selon la convention collective, les joueurs ne peuvent signer un contrat de 8 ans qu’avant la dernière année de leur entente actuelle.
C’est donc maintenant ou jamais.
Et c’est exactement ce que Sean Coffey utilise contre lui.
La peur d’une bombe salariale.
Imaginez Lane Hutson, en 2028, après trois ou quatre saisons de 65 à 80 points, devenant agent libre avec compensation, à quelques mois de devenir libre comme l’air.
Imaginez un contrat de 8 ans… à 14 ou 15 millions $ par année. Imaginez le marché, alors que le plafond salarial pourrait atteindre 113 à 115 millions $ dès la saison prochaine.
C’est ce que le clan Hutson veut. C’est ce que Sean Coffey voit venir.
Et Kent Hughes, lui, doit choisir : céder maintenant ou se condamner à tout perdre plus tard.
Le DG du Canadien avait pourtant tout prévu avec le contrat de Noah Dobson : 9,5 millions $ par saison pour 8 ans. Un défenseur droitier, productif, imposant, avec quatre saisons de 10 buts ou plus.
Dans l’esprit de Hughes, c’était la limite. C’était l’exemple. C’était la structure.
Mais Coffey n’en a rien à faire.
Dobson? Un défenseur complet, oui, mais pas un phénomène offensif. Pas un joueur électrisant. Pas une vedette marketing.
Hutson, lui, remplit les gradins. Vibre avec la foule. Il est le Montréalais de demain.
Et c’est là que la stratégie devient diabolique.
Sean Coffey pousse clairement pour un contrat de 4 ou 5 ans. Une entente dans les eaux de 8 à 8,5 millions $ par année. Suffisamment payante pour satisfaire à court terme… mais assez courte pour faire exploser la valeur de Hutson à son apogée.
Comme Auston Matthews l’a fait à Toronto. Comme Kaprizov l’a fait au Minnesota.
Et le problème pour Hughes? Il pourrait perdre l'avantage du long terme sans même réussir à économiser sur le court terme.
Le marché est fou
Le pire, pour Kent Hughes, c’est que le marché des défenseurs vient tout juste de s’enflammer.
Alexander Romanov : 8 ans, 50 millions $. Un défenseur défensif, payé 6,25 millions $ par saison.
Evan Bouchard : 4 ans, 10,5 millions $ par saison. Un défenseur bourré de lacunes défensives.
Jason Robertson : 11 à 12 millions $ par saison bientôt selon ses demandes aux Stars.
Adrian Kempe : viserait 10 millions $ en 2026 avec les Kings.
Et Lane Hutson là-dedans? Il regarde tout ça et… il attend. Il sourit. Il sait.
Ce n’est plus une simple négociation.
C’est une guerre de principes. Une guerre entre l’ancienne école (Kent Hughes, la hiérarchie, les "rabais maison") et la nouvelle école (Sean Coffey, les pourcentages, la liberté future).
Et pour l’instant, c’est Coffey qui mène.
Hughes sait que s’il donne 10 ou 11 millions $ par saison à Hutson, le vestiaire va réagir. Suzuki? Caufield? Dobson? Tous vont regarder l’horloge… et leur agent.
Mais Coffey n’a que faire des états d’âme du vestiaire. Lui, il négocie pour son joueur. Point.