Signature à Montréal: Martin St-Louis a tranché

Signature à Montréal: Martin St-Louis a tranché

Par David Garel le 2025-07-22

C’est un nom qui circule à voix basse, mais qui soulève de plus en plus de points d’interrogation dans les cercles montréalais : pourquoi Jack Roslovic n’est-il toujours pas signé par le Canadien de Montréal?

Malgré ses 22 buts, 39 points et un taux d’efficacité de 54,1 % aux mises au jeu l’an dernier, Jack Roslovic demeure libre comme l’air.

Pour revoir ses 22 buts:

Et pendant que plusieurs partisans se demandent pourquoi le Canadien de Montréal n’a toujours pas levé le petit doigt, le journaliste Maxime Truman a mis le doigt sur le bobo dans une analyse lucide : Roslovic, ce n’est tout simplement pas le genre de joueur que Martin St-Louis affectionne.

Truman ne le dit pas aussi crûment, mais les chiffres parlent d’eux-mêmes. Seulement 14 mises en échec en 81 matchs.

Un des attaquants les moins physiques de la LNH par tranche de 60 minutes. Or, on sait que St-Louis exige un engagement total de ses joueurs.

À 27 ans, l'Américain a quand même marqué plus de 20 buts sans même bénéficier de temps régulier en avantage numérique.

On parle d’un joueur rapide, capable de jouer au centre et à l’aile, avec une bonne vision du jeu et un flair offensif certain. Et pourtant, personne à Montréal ne l’appelle. Silence radio.

Il faut dire que, dans le système de valeurs érigé par Martin St-Louis, l’effort physique, l’intensité et la combativité priment sur les statistiques brutes. Et c’est là Roslovic frappe un mur.

Le journaliste Maxime Truman l’a parfaitement résumé : Jack Roslovic, c’est un joueur soft. Il ne cadre pas avec la mentalité du CH. 

Et ce n’est pas une simple opinion lancée en l’air.

Regardons les faits. Seuls 16 attaquants dans toute la LNH ont distribué moins de coups d’épaule que lui par tranche de 60 minutes. Dans l’univers de Martin St-Louis, où il faut salir son nez, aller dans les coins, bloquer des tirs et jouer avec une mentalité de guerrier, ce genre de joueur est vu comme un indésirable.

On peut presque entendre Saint-Louis murmurer : « Pas dans mon vestiaire. »

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le CH a tourné le dos à des joueurs comme Trevor Zegras ou qu’il a rapidement relégué Patrik Laine dans sa niche.

Ce sont des joueurs habiles, oui, mais incapables (ou peu désireux) de se compromettre physiquement soir après soir.

Martin St-Louis ne veut pas des artistes du dimanche. Il veut des soldats.

Kirby Dach est une bête blessée, mentalement comme physiquement, Alex Newhook est un plombier inconstant. Jake Evans est un centre de quatrième trio. Et pourtant, même devant ce désert, le Canadien n’a même pas levé le petit doigt pour Roslovic.

Pourquoi?

Parce que l’identité passe avant les besoins. Parce que Martin St-Louis a convaincu Kent Hughes et Jeff Gorton que bâtir une équipe molle pour flatter les statistiques ne mènera nulle part. Parce que Roslovic, aussi productif soit-il, ne joue pas le style de hockey que le Canadien veut imposer.

Et surtout, parce que ce style-là, à Montréal, ne pardonne pas.

Même s’il a marqué 22 buts, Roslovic est perçu comme un luxe. Pas un besoin. Et à Montréal, on ne paie pas pour le luxe quand on n’a pas encore construit les fondations. 

Le CH ne veut pas d’un joueur qui flotte au lieu de patiner, qui contourne les batailles au lieu de les provoquer. C’est l’ère Martin St-Louis. Et ça ne pardonne pas la mollesse.

On le voit dans la construction actuelle de l’équipe. Voici, en date d’aujourd’hui, ce que devrait ressembler la ligne de centre du CH :

Nick Suzuki

Kirby Dach

Jake Evans

Joe Veleno

Ce n’est pas parfait. Mais pour l’instant, la direction préfère s’en remettre aux solutions internes, quitte à jongler avec des blessés ou improviser des rôles. Même si Roslovic a marqué plus de buts que tous les centres sauf Suzuki, il ne fit pas. Point final.

En plus, Roslovic est droitier, et le Canadien a déjà Suzuki, Dach et Evans du même côté. Le CH cherche plutôt un centre gaucher, un profil qu’il est plus difficile de trouver sur le marché des agents libres.

Si Roslovic avait été gaucher, aurait-il eu une chance? Peut-être. Mais ça n’aurait pas effacé la tache de son jeu trop passif.

Roslovic n’a jamais été un joueur stable. Trois équipes en deux ans : Columbus, New York, Caroline. Et malgré une saison de 22 buts, il reste sans contrat à l’aube du mois d’août. Cela en dit long. Il est vu comme un joueur de location, pas une solution à long terme.

Et le CH ne veut pas se lancer dans ce genre de pari risqué à court terme.

Même le public montréalais commence à comprendre. Le CH veut bâtir une équipe difficile à affronter. Une équipe qui fait mal, qui dérange, qui impose un tempo physique. Et ça commence au centre.

Dans un monde parallèle, on pourrait imaginer Jack Roslovic compléter une ligne avec Demidov et Bolduc. De la vitesse, de la créativité, un peu de punch.

Mais dans la réalité de Saint-Louis, cette ligne se ferait dévorer vivante par les Bruins ou les Panthers. Parce qu’en séries, le hockey-spectacle meurt, et la guerre commence.

Et Martin St-Louis, lui, prépare la guerre.

On peut ne pas être d’accord avec l’idéologie de Martin St-Louis. On peut même déplorer qu’on passe à côté de joueurs efficaces. Mais il faut au moins reconnaître une chose : il est fidèle à sa vision. Depuis le jour un, il répète que le CH doit jouer de la bonne façon, avec engagement, avec conviction, avec constance. Et il ne dérogera pas de cette voie pour un joueur qui refuse de mettre l’épaule à la roue.

Pas pour Roslovic. Pas pour Zegras. Pas pour personne.