Sortie publique de Noah Dobson: il refuse de nommer Patrick Roy

Sortie publique de Noah Dobson: il refuse de nommer Patrick Roy

Par David Garel le 2025-10-20

Il aurait pu l’envoyer sous l’autobus.

Il aurait pu répondre coup pour coup.

Il aurait pu prendre le micro et, à la manière de bien des joueurs dans la LNH aujourd’hui, vider son sac et servir une réplique bien sentie à Patrick Roy.

Mais Noah Dobson a choisi autre chose.

Lors de son entrevue avec La Presse, réalisée par Richard Labbé, la nouvelle vedette du Canadien n’a jamais mentionné une seule fois le nom de Patrick Roy. 

Ce refus de régler ses comptes publiquement est puissant, et confirme ce que les joueurs du Canadien savaient déjà : Noah Dobson est un leader.

Quand Patrick Roy est arrivé derrière le banc des Islanders de New York, tout le monde s’attendait à ce qu’il mise sur Dobson comme pierre angulaire.

Un défenseur de 24 ans, droitier, deux saisons consécutives de plus de 50 points, capable de jouer dans toutes les situations… c’est le genre de joueur que toute équipe veut construire autour.

Mais Roy, fidèle à son instinct et à ses standards élevés, a rapidement exprimé des doutes. En coulisses comme dans ses choix sur la glace, il a commencé à tester la patience de son défenseur.

En pleine course aux séries, Dobson a été laissé sur le banc pendant des moments clés. L’entraîneur lui reprochait son implication défensive, sa lecture de jeu et surtout sa constance.

En d'autres mots, Roy pensait que Dobson était paresseux,

Puis, selon ce qui s’est murmuré dans les milieux proches de l’équipe, Roy aurait été agacé par la présence trop visible de Dobson sur les réseaux sociaux. Instagram. Photos à la plage, dans des partys mondains, images de couple versio top modèle. Le genre de choses que Roy, old school, associe à la distraction.

Et c’est là que la fracture s’est produite. 

Le divorce n’a pas été annoncé, mais il était inévitable. Dobson n’était plus dans les plans. Roy ne croyait pas à son style. Il voulait des défenseurs plus “engagés”, plus physiques, moins nonchalants,

Ce qu’il a vu comme un défaut, la retenue de Dobson, son sang-froid, sa gestion des risques, est exactement ce que Kent Hughes et Jeff Gorton ont identifié comme une qualité rare.

Et lorsque Montréal a sauté sur l’occasion de l’acquérir, les partisans se sont rapidement divisés. Était-ce le bon prix? Était-ce un joueur trop “soft” pour Montréal? Les commentaires, parfois sévères, ont refait surface, comme si Roy avait laissé une étiquette collée sur le dos du joueur.

Dobson, lui, n'a rien dit.. 

Là où plusieurs se seraient défendus, Noah Dobson a préféré se montrer reconnaissant. Il a parlé de Long Island avec affection. Il a dit que les Islanders avaient été bons pour lui. Qu’il leur devait beaucoup.

Et quand Richard Labbé l’a rencontré, il n’a même pas tenté de corriger l’image véhiculée à son sujet. Il a préféré parler de son excitation de venir à Montréal. De son lien avec l’équipe. De son enfance à l’Île-du-Prince-Édouard, où il regardait le Canadien à la télé le samedi soir.

C’est une réponse bien plus puissante qu’une attaque.

Parce qu’à Montréal, on a vu passer les petits comptes personnels. Les vengeances médiatiques. Les joueurs amers qui traînent leur passé. Dobson ne sera jamais ce genre-là.

La vérité est que Patrick Roy n’a jamais su quoi faire avec Dobson. Dès son arrivée, il l’avait cloué au banc, souvent. Il l’avait laissé de côté dans des moments cruciaux, même en séries éliminatoires. 

En retour, Dobson aurait pu se venger. Profiter d’une tribune montréalaise en or pour corriger les faits.

Mais dans cette entrevue remplie de sincérité avec Richard Labbé (La Presse), Dobson a fait tout sauf régler ses comptes. Pas une seule mention du nom Roy. 

Il aurait pu parler de rancune. Il a parlé de gratitude.

« Le Canadien était au sommet de ma liste », a-t-il dit, avec calme.

« Quelques équipes avaient manifesté de l’intérêt, mais plus ça avançait et plus le Canadien était là. »

Il l’a su dès qu’il est sorti du gym des Islanders, après une dernière séance d’entraînement.

« J’ai eu le sentiment que c’était la dernière fois que je mettais les pieds là… C’est spécial. »

C’est ça, Noah Dobson. Un défenseur moderne, mais un homme à l’ancienne. Le genre de joueur qui vit ses émotions dans le silence. Qui quitte un vestiaire sans claquer la porte. Qui accepte un divorce sans salir l’autre. Ce que Roy lui a infligé, il aurait pu le renvoyer à la figure. Il ne l’a pas fait. Parce qu’il incarne le contraire de l’orgueil.

Surtout, il est au septième ciel d'être à Montréal.

Ce qui a convaincu Dobson, ce n’est pas le contrat de 9,5 M$ par année. C’est l’équipe.

« J’entendais que de bonnes choses sur les gars dans ce vestiaire. Le groupe est soudé. On est tous à peu près du même âge. Plusieurs se sont mariés cet été aussi! »

Dobson ne cherche pas à briller seul. Il veut gagner avec d’autres. Grandir avec d’autres. 

Et quand il parle de l’équipe, on sent qu’il y croit déjà. Il cite des noms. Il raconte les discussions. Il a vu que le CH était « affamé » la saison dernière. Et il veut faire partie de cette faim collective.

Ce n’est pas un leader vocal comme le désirait Roy. C’est leader silencieux. Et dans une ville comme Montréal, ça change tout.

Noah Dobson ne fait pas de vagues. Il ne se fâche pas. Il ne dérape pas. Mais il incarne quelque chose d’énorme : la fiabilité.

À 25 ans, il a déjà joué 340 matchs dans la LNH. Il a connu une saison de 70 points. Il est droitier, capable de jouer 25 minutes par match. Il relance le jeu proprement. Il ne cherche pas les feintes spectaculaires. Il transporte, il temporise, il stabilise. Exactement ce qu'oj veut d'un défenseur numéro un.

Il est ce que le CH n’avait plus depuis Shea Weber.

Et contrairement à Weber, il ne joue pas à reculons. Il est au sommet de sa forme. Il est prêt. Et il aime ça ici.

Dans un marché où certains joueurs se plaignent des taxes, de la météo, de la pression, Dobson fait exactement l’inverse.

Il habite au centre-ville. Il tente de commander en français au resto. Il va aux événements du club. Il sourit en entrevue. Il parle de son passé à Rouyn-Noranda comme d’une étape fondatrice. Et il adore l’idée d’un match au Centre Bell un mardi qui ressemble à une finale de la Coupe Stanley.

« Peu importe le jour, ici, ça ressemble toujours à un samedi soir. C’est très stimulant. »

Il ne joue pas la carte de la modestie. Il est modeste. Il ne joue pas à l’intègre. Il l’est.

Et ça, à Montréal, ça crée un lien rare.

Le contraste avec Patrick Roy est cruel. Parce que tout ce que Dobson incarne aujourd’hui, c’est ce que Roy a refusé de voir. La stabilité. La classe. L’intelligence. La fiabilité.

Roy l’a jugé nonchalant. Montréal le découvre élégant.

Roy l’a mis de côté. Montréal l’a mis au cœur du projet.

Roy l’a sous-estimé. Montréal l’applaudit.

Et pourtant, Dobson ne lui répond pas. Il n’en parle même pas. Il sait qu’il a gagné. Et il n’a pas besoin de le dire. Sa présence au sein de la première paire défensive du CH suffit.

Dns un vestiaire jeune, encore en construction, ce genre de joueur est rare. Et très précieux,

Noah Dobson n’a pas besoin de slogans. Ni de vengeance. Ni de story Instagram.

Il a juste besoin d’un chandail. Et sur ce chandail, il y a le CH.

Ce n’est pas un joueur qui vient chercher un contrat. Il vient chercher une histoire. Un rôle. Une ville. Il veut que son nom résonne dans les souvenirs de Montréal comme un défenseur qui a le CH tatoué sur le coeur.

Il aurait pu être amer. Il est resté digne.

Il aurait pu dénoncer. Il a préféré inspirer.

Chapeau Noah. La classe... ça ne s'achète pas...