Hier soir, Tout s’est effondré en même temps.
La dégelée sur la glace en fraîche dans la tête de tout le monde, on a évité un drame humain de justesse dans le staionnement des joueurs.
. La défaite de 8-4 du Canadien face aux Capitals de Washington aurait pu se résumer à une performance défensive catastrophique, au naufrage simultané de Samuel Montembeault et de Jakub Dobeš, à l’humiliation publique d’un avantage numérique où Martin St-Louis a placé Cole Caufield devant le filet comme un attaquant de puissance de 6 pieds 4, alors que Juraj Slafkovský traînait sur le périmètre, à Arber Xhekaj qui avait peur de son ombre et qui n'a pas défendu Jake Evans.
Mais la soirée a pris un tournant encore plus troublant lorsque, bien après la sirène finale, un employé du Centre Bell a frôlé la mort dans le stationnement des joueurs, sous les yeux de plusieurs membres de l’équipe.
Le récit, rapporté par le journaliste Anthony Martineau, glace le sang. Après la rencontre, alors qu’une porte de garage menant au stationnement s’ouvrait, un agent de sécurité s’est retrouvé littéralement happé par sa veste, prise dans le mécanisme de la porte automatique.
L’homme s’est retrouvé suspendu à plusieurs pieds du sol, incapable de se dégager, avant que la scène ne dégénère en un véritable sauvetage improvisé.
Voici l’intégralité témoignage :
« Ce fut une soirée étrange jusqu’à la fin au Centre Bell, alors qu’un vaillant employé de la sécurité est resté coincé dans la porte de garage menant directement au stationnement des joueurs de l’équipe.
Le pauvre homme a vu son manteau se coincer dans la porte qui, en s’ouvrant, l’a soulevé plusieurs pieds dans les airs.
Plusieurs joueurs du CH ont assisté à la scène.
Après une vingtaine de minutes, l’homme d’un certain âge a été secouru alors que son manteau a été coupé et qu’il a été rattrapé à même le toit d’un camion. Il a perdu connaissance quelques fois pendant la séquence des événements.
Les gens de la sécurité du Centre Bell sont de bonnes personnes qui travaillent dans des conditions extérieures pas toujours agréables.
Félicitations à tous ceux qui ont aidé ce monsieur, qui se porte maintenant bien, aux dernières nouvelles. »
Ce n’est pas un simple incident technique. C’est un drame évité de justesse, un moment où la vie d’un homme a littéralement pendu à un bout de tissu.
Un employé âgé, suspendu dans les airs, perdant connaissance à répétition, secouru grâce à un manteau qu’on a dû découper au couteau, rattrapé à même le toit d’un camion. Une scène improbable, brutale, presque cinématographique… pendant que les joueurs sortaient d’une défaite humiliante.
Et si ce moment racontait mieux la soirée que le tableau indicateur? Pendant que Montréal s’effondrait sur la glace, qu’Ovechkin marquait encore et encore, qu’un nouveau débat explosait sur les gardiens, un homme qui travaille dans l’ombre pour accueillir ces mêmes joueurs frôlait la mort. La métaphore est trop évidente : le CH tombe, et des gens tombent avec lui, parfois littéralement.
Ce qui choque, c’est la suite des évènements.
D’un côté, une équipe incapable de se défendre, une structure de jeu qui s’écroule, un entraîneur qui prend des décisions incompréhensibles.
De l’autre, un employé qui s’effondre en perdant connaissance, accroché à une porte métallique dans les entrailles du Centre Bell. Une organisation qui se bat pour garder la tête hors de l’eau, et un homme qui lutte au sens physique pour rester en vie.
Ce soir-là, les joueurs ont vu la scène. Ils ont vu un homme soulevé dans les airs comme une poupée de chiffon, ils ont vu les ambulanciers improvisés grimper sur un camion pour l’attraper, ils ont entendu les cris, les paniqueurs, les appels à l’aide.
Ils ont compris que la soirée aurait pu se terminer en tragédie absolue. Et dans un drôle de hasard, ils sortaient eux-mêmes d’un match où ils n’avaient rien contrôlé, rien maîtrisé, où tout leur avait échappé.
Il a fallu couper un manteau pour sauver un homme. Sur la glace, il faudra peut-être couper un système pour sauver une saison.
Parce que ce match, au-delà de l’incident humain, marque un bas-fond. Montembeault n’a plus confiance, Dobeš n’est pas prêt, l’équipe n’est pas structurée, Martin St-Louis semble perdu, Arber Xhekaj est devenu un peureux et la foule commence à gronder.
On parle désormais de rappeler Jacob Fowler. On parle de congédier St-Louis. On parle d’un club qui a perdu sept de ses huit derniers matchs et qui n’a plus de colonne vertébrale défensive.
Mais au terme de cette nuit sombre, un seul soulagement ressort : l’homme va bien. On l’a secouru, il a repris connaissance, il est vivant. C’est peut-être la seule victoire de la soirée, la seule chose qui mérite des applaudissements, la seule performance digne de respect.
Alors que les projecteurs pointent le manque d’effort des joueurs, l’indiscipline, les décisions douteuses derrière le banc, il faudrait peut-être tourner les caméras ailleurs, vers ces employés invisibles qui tiennent la machine en marche, qui gèlent dehors, qui gèrent les foules, qui ouvrent les portes et qui protègent les joueurs sans que personne ne les nomme.
Ce soir, eux ont été héroïques.
Le CH, lui, ne l’a pas été.
