Il y a des entraînements estivaux que certains joueurs peuvent se permettre de rater.
Il y en a d’autres qu’on ne peut pas manquer.
Parce que parfois, une simple présence sur la glace devient une déclaration. Une manière de dire : je suis encore ici.
Et au Complexe CN, en ce mois de juillet, ce sont justement ces joueurs-là qu’on voit. Ceux qui n’ont plus le luxe de disparaître. Ceux qui savent que chaque effort, chaque répétition, chaque regard croisé avec un entraîneur pourrait faire la différence entre une saison dans la LNH… et l’oubli.
Parmi eux, heureusement, il y en a deux qu’on retrouve avec le sourire.
Deux visages qui incarnent l’espoir, la stabilité et l’avenir du Canadien.
Nick Suzuki, d’abord. Le capitaine. L’homme de devoir. Celui qui est là, été après été, comme une boussole pour l’organisation. Il aurait pu partir, prendre des vacances, s’isoler comme d’autres vedettes de la ligue. Mais non. Il est à Brossard.
Avec ses coéquipiers, parce que c’est ce qu’un capitaine fait. Il montre l’exemple. Il envoie un message silencieux mais puissant : Je suis là, et vous devriez l’être aussi.
Et juste à côté de lui, Ivan Demidov.
Le prodige. Le choix de première ronde qui aurait pu retourner en Russie, comme tant d’autres. Mais non. Il a choisi de rester.
Malgré la solitude. Malgré le mal du pays. Malgré l’absence totale de repères culturels autour de lui. Il aurait pu craquer. Il aurait pu demander une pause, retourner voir sa famille, s’éloigner un moment de cette pression qui l’écrase déjà.
Mais il a préféré rester à Montréal. Apprendre la langue. S’adapter à la culture. Patiner avec les autres. Faire corps avec l’équipe.
C’est tout en son honneur. Et c’est exactement le genre de détail qui montre qu’il est prêt pour la suite.
Mais tout le monde n’est pas à Brossard pour les bonnes raisons. Certains n’ont pas vraiment le choix d’y être.
Comme Patrik Laine.
Lui, il aurait clairement préféré passer son été ailleurs. À profiter du soleil. À s’éloigner du bruit.
Mais il est là. Parce qu’il sait. Il sait que sa situation est devenue intenable. Il sait que Kent Hughes veut s’en débarrasser. Il sait que son contrat de 8,7 M$ pèse lourd dans la structure du CH.
Et il sait surtout que son nom est devenu synonyme de passager fantôme dans le vestiaire.
L’année dernière, on lui a tout donné. Du temps. De l’espace. Et qu’est-ce qu’il a offert en retour? Des flashs. Des bribes. Quelques buts. Mais pas de constance. Pas d’impact durable.
En séries? Cloué au banc. Non utilisé dans les moments clés. Mis à l’écart comme un joueur de profondeur. Et aujourd’hui, il a même perdu sa place sur la première vague du power play.
Laine n’est plus un pilier. Il est un boulet. Alors il patine. Il montre qu’il est là. Qu’il est encore capable. Parce qu’il n’a pas le choix.
Et peut-être que, dans le fond, il le sait : s’il ne réussit pas à inverser la tendance cette saison, ce sera la fin de son aventure à Montréal…
Alex Newhook, lui aussi, patine. Mais c’est une autre douleur qui le pousse.
Il n’est pas rejeté. Il n’est pas encore évacué. Mais il se sent oublié. Effacé. Invisible.
Depuis la fin de la saison, personne ne parle de lui comme un centre potentiel. Pas Kent Hughes. Pas Martin St-Louis. Pas les journalistes.
Même les partisans l’ont retiré des simulations de trios.
Et pourtant, c’est lui qu’on avait choisi pour remplacer Kirby Dach en début de saison. C’est lui qu’on avait envoyé au feu avec Laine, sur le deuxième trio, pour tenter de stabiliser l’équipe.
Il a tout donné. Il n’a pas été catastrophique. Mais il n’a pas prouvé non plus qu’il était la solution.
Et aujourd’hui, on lui préfère Joey Veleno. Un centre de quatrième trio. Un gars qui n’a jamais percé un top 6.
Mais c’est lui qu’on veut. Parce que lui, au moins, sait ce qu’il est. Newhook, lui, flotte encore entre deux identités. Centre ou ailier? Offensive ou énergie? Il ne le sait pas. Et ça le tue.
Alors il est là, à l’entraînement. Il pousse. Il espère. Il veut montrer qu’il mérite une vraie chaise. Mais le temps presse.
Notre collaborateur @PatouInfo est en direct du Complexe sportif CN de Brossard où quelques joueurs du Canadiens s’entraînent.
— Frank Well Le Podcast Hockey (@fwell2) July 22, 2025
Nick Suzuki, Patrik Laine, Ivan Demidov, Alex Newhook, Arber Xhekaj et Jayden Struble sont du nombre avec 2 gardiens de but invités.#GoHabsGo #Demidov… pic.twitter.com/FttC7RoerL
Jayden Struble, de son côté, est dans une situation encore plus tendue.
Officiellement, il n’a pas encore signé de contrat. Toujours en attente d’un dénouement à l’arbitrage, il vit dans un flou juridique et émotionnel. Il veut 1,3 M$ minimum. Exactement ce qu’Arber Xhekaj gagne. Et pour lui, c’est une question de principe. Il a joué plus souvent. Il a été plus stable. Il est le protégé de Martin St-Louis. Il est celui que l’organisation semble vouloir garder.
Mais pendant qu’il négocie dans l’ombre, Struble est à Brossard. Parce qu’il sait que s’il veut convaincre, il doit être là. Il doit se montrer.
Il doit faire oublier le scandale de Tulum, les rumeurs sur son attitude, les tensions dans le vestiaire. Il doit redevenir un joueur de hockey. Un gars qu’on veut dans une rotation.
Et surtout, il doit battre Arber Xhekaj à la course au poste.
Parce que le Shérif, lui aussi, est là.
Et pour lui, l’été 2025 ressemble à un cauchemar.
Écarté des formations. Ignoré en séries. Remplacé dans les rumeurs de repêchage. Marginalisé par son propre entraîneur.
Xhekaj est passé de chouchou du public à nom sur une liste de transfert. Il n’est pas échangé, mais il n’est plus intouchable. Il est là, parce qu’il n’a plus le droit de ne pas l’être.
Il veut prouver qu’il peut encore être utile. Mais chaque jour, sa marge de manœuvre rétrécit. Derrière lui, Engström pousse. Struble veut sa place. Et la relation avec St-Louis est glaciale. Il le sait. Tout le monde le sait.
C’est ça, la vraie réalité de ces entraînements estivaux.
Ce ne sont pas des vacances. Ce ne sont pas des sessions légères. C’est la dernière chance pour plusieurs.
La dernière occasion de montrer qu’ils ont encore le feu. Le désir. L’engagement.
À Brossard, on ne vient pas juste pour suer.
On vient pour survivre.