Patrick Roy refuse de donner du crédit à Martin St-Louis. Wow.
Patrick Roy ne changera jamais. L’homme, le compétiteur, le personnage "larger than life" qui a marqué l’histoire du hockey québécois avec ses paroles tranchantes et son refus de se coucher devant ses adversaires.
Ce jeudi soir, alors que son équipe des Islanders et celle de Martin St-Louis s’apprêtent à livrer le match de l’année, Roy a de nouveau fait parler de lui.
Pas avec des éclats de voix. Pas avec des phrases incendiaires. Mais avec des mots subtils, placés au bon moment.
Lorsqu’on lui a demandé s’il était surpris de voir le Canadien encore dans la course aux séries éliminatoires, Roy a répondu avec un mépris calculé :
« Honnêtement, je ne suis pas surpris parce qu’ils ont beaucoup de talent. »
Voilà tout. Pas un mot sur Martin St-Louis. Pas un mot sur son coaching, sur son impact, sur son travail. Rien. Juste une déclaration factuelle : l’équipe est talentueuse. Ce n’est pas St-Louis qui la fait gagner. Ce sont ses joueurs.
Le message est sans pitié. Il est cinglant. Et il est totalement signé Patrick Roy.
Roy n’a pas arrêté là. Lorsqu’on lui a demandé si la personnalité compétitive des entraîneurs jouait un rôle dans les succès des équipes, il a pris soin de s’exclure de l’équation :
« Honnêtement, moi, je ne vais prendre aucun crédit. Tout le mérite revient à nos joueurs. »
Boom. Une autre flèche bien placée. Une phrase simple, mais qui en dit long.
Dans le monde du hockey, on sait très bien que Martin St-Louis a souvent été critiqué pour son besoin de prendre de la place dans les médias.
Il aime raconter son parcours. Il aime expliquer sa philosophie. Il aime défendre ses choix. Pour plusieurs, c’est une façon de protéger son vestiaire. Mais pour ses détracteurs, c’est une manière d’attirer la lumière sur lui.
Et voilà que Patrick Roy, dans une guerre froide non déclarée, vient lui rappeler que les vrais gagnants laissent la place à leurs joueurs. Pas de mise en scène. Pas de longs monologues. Juste du hockey.
Ce n’est pas un hasard si Roy a évité de parler directement de St-Louis. Les deux hommes ne s’apprécient pas particulièrement. Ce n’est un secret pour personne : lorsque le poste d’entraîneur du Canadien s’est libéré, une énorme portion de la population québécoise rêvait de voir Roy derrière le banc.
À la place, l’organisation a opté pour St-Louis, un homme sans expérience, mais au charisme indéniable. Pour beaucoup, c’était une insulte envers Roy, qui avait tout donné pour le hockey québécois.
Roy n’a jamais digéré cette décision. Et si officiellement, il a tourné la page, il est clair qu’il n’a jamais oublié.
L’an dernier, lorsque les médias ont voulu parler de Patrick Roy à Martin St-Louis, le département des communications du Canadien avait tout fait pour éviter le sujet.
Comme si le simple nom de Roy mettait St-Louis mal à l’aise. Comme si le fantôme de Patrick Roy hantait encore les corridors du Centre Bell.
Et ça, Roy le sait très bien. C’est pour ça qu’il ne dira jamais un mot sur St-Louis. Parce qu’il sait que chaque silence pèse plus lourd qu’une attaque directe.
Les deux entraîneurs sont à l’opposé du spectre. Roy est un guerrier féroce, un gagnant né, un homme qui ne mâche pas ses mots. St-Louis, lui, joue la carte de la passion et de l’intellect. Il parle d’apprentissage, de processus, de vision à long terme.
Mais en fin de compte, il y a une réalité incontournable : Patrick Roy a gagné partout où il est passé. Il a soulevé la Coupe Stanley en tant que joueur. Il a mené les Remparts de Québec aux grands honneurs en tant qu’entraîneur. St-Louis, lui, n’a encore rien gagné derrière le banc.
C’est là que le duel de jeudi devient fascinant. Ce n’est pas juste une bataille pour les séries éliminatoires. C’est un affrontement entre deux visions du hockey, entre deux mentalités, entre deux hommes qui n’ont jamais voulu se reconnaître comme des égaux.
Le Canadien arrive à ce match avec une avance de trois points sur les Islanders. Une victoire en temps réglementaire permettrait à Montréal de creuser un écart quasi insurmontable. Mais une défaite changerait complètement le portrait de la course aux séries.
Les joueurs des deux équipes savent que ce match est décisif. Les médias le savent. Les partisans le savent. Et plus que quiconque, Patrick Roy et Martin St-Louis le savent.
Les joueurs du CH doivent ressentir la tension qui entoure ce duel. Pour eux, c’est une opportunité de solidifier leur place en séries.
Mais pour leur entraîneur, c’est bien plus que ça. C’est une chance de faire taire ceux qui ont douté de lui. C’est une chance de prouver, une fois pour toutes, qu’il mérite d’être là.
Parce qu’au fond, il sait que son adversaire de l’autre côté de la patinoire ne lui accordera jamais ce respect. Patrick Roy ne le dira jamais publiquement, mais si le Canadien rate les séries cette année, il sera le premier à sourire en coin. Parce que dans son esprit, il restera toujours le seul et unique patron du hockey québécois.
Si Martin St-Louis l’emporte, il pourra se vanter d’avoir eu le dernier mot contre celui que plusieurs voulaient voir à sa place.
Mais si Patrick Roy et les Islanders l’emportent, ce sera un coup dur pour St-Louis, qui devra vivre avec cette idée insoutenable : celle de voir Roy triompher dans un duel où il avait tout à perdre.
Peu importe l’issue de ce match, une chose est sûre : cette rivalité cachée entre Roy et St-Louis ne s’arrêtera pas là. Et jeudi soir, sous les projecteurs, elle connaîtra son chapitre le plus intense.
Patrick Roy n’a pas besoin de hausser le ton pour faire passer un message. Pas besoin de déclarations incendiaires ni de jeux de coulisses.
Un simple commentaire glissé l’air de rien, un sous-entendu bien pesé, et le message est clair comme de l’eau de roche.
Lorsqu’il a affirmé qu’il ne prendrait aucun crédit pour les succès de son équipe, ce n’était pas anodin.
C’était une flèche discrète, mais brutal, à l’endroit de Martin St-Louis, cet entraîneur qui, contrairement à lui, n’hésite jamais à occuper le devant de la scène lorsqu’il est question des performances de son club.
« Honnêtement, moi, je ne vais prendre aucun crédit. Tout le mérite revient à nos joueurs. »
Ces mots de Patrick Roy, prononcés avec la froideur d’un vétéran qui a tout vu et tout gagné, résonnent avec force.
Roy aurait pu se contenter d’un simple compliment envers le travail du Canadien, comme tout entraîneur le fait dans ces situations.
Il aurait pu dire que St-Louis fait du bon boulot, que l’équipe progresse, qu’il respecte le travail accompli. Mais non. Il a choisi de pointer du doigt un aspect fondamental du métier d’entraîneur : c’est aux joueurs de faire le travail.
Une différrence frappant avec St-Louis, qui, depuis le début de son règne à Montréal, a toujours été au cœur du projet.
Il n’y a pas une semaine sans que Martin St-Louis ne livre un discours passionné sur sa vision du hockey, sur l’importance du processus, sur sa manière unique d’aborder le développement des jeunes.
Il est constamment sous les projecteurs, à expliquer comment lui voit le jeu, lui comprend son équipe, lui gère la pression.
Pour certains, cela fait de lui un leader charismatique. Pour d’autres, notamment ses détracteurs, il en fait trop. Il aime prendre la lumière et donner l’impression que le projet du Canadien est avant tout son projet.
Patrick Roy, en quelques mots, vient de lui rappeler une vérité qui lui déplaira sûrement : les entraîneurs ne jouent pas. Ce sont les joueurs qui gagnent.
Depuis son arrivée dans la LNH, Martin St-Louis semble éviter de mentionner le nom de Patrick Roy. C’est comme si Roy était un tabou, un sujet qu’il vaut mieux esquiver.
On se souvient que, lorsqu’on lui avait posé la question sur le plus grand gardien de tous les temps, St-Louis avait immédiatement répondu Martin Brodeur, sans même faire une mention à Patrick Roy.
Ce n’était pas un oubli. Ce n’était pas une coïncidence.
Tout le monde sait que le département des communications du Canadien avait pris soin, l’an dernier, d’éviter toute question sur Roy à St-Louis.
L’organisation ne voulait pas que son entraîneur soit comparé à celui que plusieurs considéraient comme le candidat idéal pour diriger le CH.
St-Louis a été choisi par Kent Hughes et Jeff Gorton pour son approche moderne, pour sa philosophie du jeu basée sur la créativité et l’instinct, et surtout, pour son charisme auprès des jeunes.
Mais une bonne partie du public québécois, et plusieurs analystes, voulaient Roy derrière le banc. Michel Bergeron, Jean-Charles Lajoie, et bien d’autres n’ont jamais caché leur frustration de voir St-Louis obtenir le poste au détriment de celui qui a marqué l’histoire du Canadien en tant que joueur.
La tension entre les deux hommes est évidente. Patrick Roy a entendu les critiques adressées à St-Louis. Il sait que certains trouvent que l’ancien attaquant est trop « soft », trop axé sur la motivation et pas assez sur la rigueur tactique.
Il sait aussi que plusieurs attendent encore de voir si St-Louis est réellement un entraîneur capable de mener une équipe en séries.
Ce soir, ce ne sera pas qu’un simple affrontement entre deux clubs qui luttent pour une place en séries. Ce sera une bataille de philosophie, une opposition entre deux visions du rôle d’entraîneur.
D’un côté, Martin St-Louis, avec son approche axée sur le développement, sur la confiance et la construction à long terme. Un coach qui mise sur le processus plutôt que sur les résultats immédiats.
De l’autre, Patrick Roy, qui incarne le hockey à l’ancienne. Un entraîneur qui veut que son équipe gagne maintenant, qui ne s’embarrasse pas de longs discours sur le développement et qui croit fermement que ce sont les joueurs qui doivent faire la différence.
Et au final, la déclaration de Roy avant le match n’est pas qu’une simple phrase lancée au hasard. C’est une manière de dire :
« Moi, je n’ai pas besoin de prendre le crédit. Moi, je n’ai pas besoin d’expliquer pourquoi mon équipe gagne. Moi, je fais mon travail et je laisse les résultats parler. »
Un tacle subtil, mais redoutable, à l’endroit de Martin St-Louis, qui lui, prend souvent le micro pour défendre son approche et expliquer où en est son équipe dans son cheminement.
Ce soir, au-delà du jeu sur la patinoire, c’est aussi un duel psychologique entre deux entraîneurs qui s’affrontent à distance. Deux hommes qui, même s’ils ne l’avoueront jamais, savent qu’ils sont comparés l’un à l’autre.
Peu importe le discours avant-match, peu importe les déclarations à double tranchant, ce qui comptera au final, c’est le résultat.
Martin St-Louis peut prendre toute la place qu’il veut devant les médias, Patrick Roy peut envoyer les messages qu’il veut. Ce soir, ce sont les joueurs qui parleront.
Mais une chose est claire comme de l'eau de roche: Patrick Roy a déjà gagné une bataille avant même que la rondelle ne tombe. Il a rappelé à tout le monde – et surtout à St-Louis – que dans la LNH, ce sont les résultats qui comptent, et pas les discours.