C'était la détonation qu’il manquait. L’électrochoc. Et il est venu de Raleigh.
Dans les heures suivant l’humiliation subie par Sebastian Aho aux mains de Matthew Tkachuk, sans la moindre réponse de ses coéquipiers, les Hurricanes de la Caroline ont enfin compris ce que le Canadien de Montréal semble avoir oublié : le hockey de séries, ça se joue avec des poings, des coudes, des regards assassins et un Shérif dans le vestiaire.
Et ce Shérif, c’est Arber Xhekaj.
Denis Gauthier, ancien défenseur de la LNH et analyste à RDS, avait prévenu tout le monde : Xhekaj sera échangé cet été.
Pas parce qu’il n’est pas bon. Mais parce qu’il ne rentre plus dans les plans de Martin St-Louis.
« Il a encore de la valeur dans la LNH, mais ce ne sera pas une transaction un pour un. Il va être une pièce qui fait pencher la balance dans un deal plus important », a-t-il expliqué.
Les rumeurs l’envoient à Philadelphie. Chicago est dans la course. Les Islanders en ont discuté. Même le Utah de Tourigny rêvait d’en faire un pilier identitaire. Mais maintenant, c’est la Caroline qui appuie sur le bouton rouge. Et la LNH retient son souffle.
Lors du match contre les Panthers, Sebastian Aho s’est fait brasser, écraser, insulter, sans qu’un seul Hurricane ne bouge. Tkachuk a imposé sa loi, comme Sam Bennett avant lui, dans une véritable démonstration de puissance.
Dans un segment enflammé, l'analyste Paul Bissonnette a dénoncé cette passivité désespérante :
« Il y a un problème dans le vestiaire. Si personne ne réagit quand Aho ou Svechnikov se fait ramasser, c’est qu’il n’y a pas de Shérif. Tu dois aller prendre des coups pour ton équipe. »
Tout est dit. Et le nom qui est revenu dans la conversation? Arber Xhekaj.
Parce qu’il est tout ce que la Caroline n’a pas : imprévisible, brutal, loyal, spectaculaire. Et parce qu’à Montréal, il est coincé dans les gradins ou dans la niche de Martin St-Louis.
André Tourigny, coach du Mammoth de l'Utah, l’a avoué en ondes :
« Quand Xhekaj joue, la ville vire de bout en bout. » Une déclaration qui sonnait comme une offre d’emploi codée.
Et maintenant que la Caroline cherche à rebâtir son identité, c’est un derby qui s’ouvre. Une compétition sauvage entre cinq équipes pour un seul homme.
Philadelphie est toujours en tête. Daniel Briere et Rick Tocchet veulent bâtir une équipe à l’image des Broad Street Bullies. Chicago rêve d’un garde du corps pour Connor Bedard. Et Utah veut définir sa culture avec un joueur unique.
Même les Bruins de Boston on Xhekaj dans le viseur, eux qui veulent recréer la mentalité des "Big Bad Bruins".
Mais la Caroline? C’est un éveil brutal. Un aveu d’échec. L’idée que les graphiques et les stats avancées ne protègent pas un joueur vedette contre un coup de coude au menton.
Xhekaj est tout ce que Rod Brind’Amour refuse depuis des années. Mais aujourd’hui, le coach des Hurricanes voit bien que sa philosophie touche une limite. Une équipe peut bien patiner plus vite que l’adversaire, si elle ne se fait pas respecter, elle se fait briser à petit feu en séries.
Et Xhekaj fait peur. Il fait lever une foule. Il change un match par sa seule présence.
Denis Gauthier le sait. Lui-même ancien défenseur physique, il comprend la réalité des séries.
« Il ne vaut pas un premier choix, mais dans un package, il fait pencher la balance », a-t-il dit. Le problème est que seul Sebatian Aho intéresse le CH. Et il faudra bien plus que Xhekaj et les choix 16-17 pour convaincre les Hurricanes.
Évidemment, tout le monde rêve au Finlandais. Mais soyons lucides : les Hurricanes ne sacrifieront jamais leur centre numéro un pour des choix ou des espoirs, que Xhekaj le plombier soit inclus ou non.
Aho est signé à long terme, il performe en séries année après année, et malgré les critiques, il est encore l’âme offensive de cette équipe.
Si jamais Carolina décide de bouger Aho, ce sera dans un échange de superstars, pas dans une transaction avec Arber Xhekaj et deux choix de deuxième tour. Le Canadien n’a tout simplement pas ce qu’il faut pour déclencher une telle opération.
Par contre, un nom qui revient de plus en plus : Seth Jarvis. À 7,42 millions par saison jusqu’en 2032, il est sous contrat, mais il ne joue pas à sa position naturelle.
Jarvis veut jouer au centre. Il l’a dit dans les médias. Et à Montréal, il aurait cette opportunité. Si les Canes veulent libérer un peu de masse salariale et rebâtir leur bottom-6, une transaction impliquant Xhekaj, des choix, et peut-être un espoir pourrait piquer leur curiosité.
Jarvis est jeune, rapide, talentueux… et insatisfait de son rôle. C’est ce genre de situation que Kent Hughes doit viser.
Dans tous les cas, Martin St-Louis a clairement tourné la page. Il ne veut pas d’un joueur qu’il ne peut pas contrôler. Le shérif a été humilié en pleine série, relégué dans les estrades pour être réinséré par défaut.
Mais ailleurs, on se bat pour lui. Et chaque fois qu’un Aho se fait dominer physiquement, chaque fois qu’un Caufield se cache derrière la bande, la valeur de Xhekaj monte.
La Caroline est désespérée. Elle a besoin d’un signal fort. Et elle a maintenant une cible.
Le shérif est sur toutes les lèvres.