Sueurs froides sur le marché des transactions: la réputation de Kent Hughes crée le malaise

Sueurs froides sur le marché des transactions: la réputation de Kent Hughes crée le malaise

Par Marc-André Dubois le 2025-06-21

La vérité commence à être dévoilée autour de Kent Hughes dans les couloirs de la LNH.

Ce directeur général au calme glacial, jadis encensé pour sa patience et sa gestion millimétrée de la reconstruction du Canadien, commence à traîner une réputation bien différente : celle d’un requin insatiable, hautain et souvent… frustrant à négocier.

Dans les dernières semaines, plusieurs directeurs généraux ont fait fuiter, volontairement ou non, leur exaspération devant les approches de Hughes.

Il veut les meilleurs joueurs disponibles, mais refuse d’offrir les pièces substantielles exigées. Il tente d’obtenir des valeurs sûres en marchandant des choix moyens, dans un repêchage 2025 unanimement perçu comme faible au-delà du 15e rang.

Ses discussions répétées autour de ses 16e et 17e choix de première ronde ont fini par agacer. Un vétéran de l’Ouest a même lancé, hors micro

: « Il pense que ses choix valent de l’or alors que le repêchage est l'un des pires de la LNH.. »

Prenons l’exemple de Marco Rossi, le centre autrichien des Wild du Minnesota. Le Canadien s’est intéressé à lui. Mais quand est venu le moment d’envisager une offre concrète, Hughes aurait tout simplement décidé de se retirer en raison… de la taille du joueur.

Le mot a circulé dans les cercles de la LNH. L’équipe du Wild n’en revenait pas. Rossi vient de connaître une saison de 60 points, dont 24 buts et est perçu comme un jeune joueur discipliné, responsable défensivement, avec une belle marge de progression.

Le commentaire sur sa grandeur (5 pi 9) a été jugé « insultant » par un membre du personnel des Wild.

Même scénario dans le dossier de J.J. Peterka. Le Canadien s’est informé auprès des Sabres. La discussion a tourné court. Buffalo a été clair : ça prend un jeune joueur établi de premier plan à la Cole Caufield.

Dès qu’il a entendu le prix, Hughes se serait retiré. Le problème, c’est que ce retrait systématique donne l’impression qu’il entre dans chaque discussion sans réelle volonté d’aller jusqu’au bout.

Une source à l’interne a même confié à un journaliste montréalais :

« On ne sait jamais si Kent négocie vraiment ou s’il fait juste de la figuration. »

Cette perception commence à coller à la peau de Hughes. On le compare de plus en plus à un joueur de poker qui bluffe à chaque main, mais qui finit toujours par coucher ses cartes.

Le problème, c’est que les autres directeurs généraux en prennent bonne note. Et certains commencent à lui fermer la porte avant même de discuter.

À Anaheim, l’ambiance n’est guère meilleure. La fameuse transaction avortée pour Trevor Zegras la saison dernière. qui aurait impliqué Logan Mailloux et le 21e choix du CH, a laissé un goût amer.

Les Ducks ont jugé que le CH s’est mal pris. L’approche de Hughes a été jugée « molle » et « incertaine ». Résultat : les Ducks ont rehaussé leur prix et ont fait savoir que Zegras ne quittera Anaheim que contre un prix de feu.

Ce qui rend la situation encore plus sensible, c’est que plusieurs recruteurs ont confirmé que les choix 16 et 17 du CH n’ont pas la valeur que certains voudraient leur accorder.

Le repêchage 2025 est unanimement qualifié de « top heavy ». Au-delà du 12e ou 13e rang, les espoirs ne sont pas vus comme des valeurs sûres.

Un recruteur de l’Est a confié :

« À partir du 15e choix, tu repêches dans le noir. Il y a beaucoup de projets, peu de certitudes. »

Or, c’est exactement ce que Hughes essaie de vendre pour obtenir de vrais joueurs établis. Et ça ne passe pas. Ça crée un malaise. Une tension. Une réputation.

Certains voient déjà dans ce comportement une forme de traumatisme post-Dach. L’échange de Romanov, puis du 13e choix pour obtenir Kirby Dach, a longtemps été vu comme un coup de génie.

Mais depuis la nouvelle blessure de Dach et son "choke" monumental, l’absence de retour immédiat pour Romanov aurait fait en sorte que Hughes soit devenu beaucoup plus frileux à l’idée de donner des actifs importants. Il a été « échaudé », selon un agent influent.

Le paradoxe, c’est que Hughes s’est lui-même mis dans cette position. En refusant de bouger ses jeunes intouchables (Reinbacher, Hage, Hutson, Fowler), il s’enferme dans une spirale où ses seules munitions disponibles sont perçues comme faibles (les choix 16 et 17) ou trop brutes (Mailloux, Xhekaj).

Et en refusant de mettre Cole Caufield dans la balance pour avoir un choix top 5 afin d'obtenir Caleb Desnoyers, il élimine d’avance toute discussion pour les joueurs d’impact.

Son obsession de préserver ses atouts est peut-être compréhensible dans une optique de long terme. Mais dans une ligue où les autres directeurs veulent des solutions maintenant, sa stratégie passe de plus en plus pour de l’arrogance.

Et c’est là où ça devient dangereux pour le Canadien. Car dans ce genre d’environnement, on peut rapidement devenir marginalisé.

Une équipe qui négocie mal, qui ne donne jamais rien, qui reste inflexible, devient un partenaire avec qui personne ne veut parler.

Dans les coulisses, un recruteur de la conférence de l’Ouest a lâché récemment :

« Kent Hughes ne négocie pas, il auditionne. Il veut voir qui va faire l’erreur de céder. Et ça, ça irrite. »

Le résultat? Montréal est écarté des grandes discussions. Zegras, Peterka, Rossi..

Voilà que le DG du CH est agressif pour des défenseurs de premier plan comme K’Andre Miller ou Noah Dobson : tout le monde parle, mais le CH n’est jamais au centre des vraies négociations. Il écoute. Il propose. Mais il ne paie pas.

Et ça, dans la jungle impitoyable de la LNH, ça finit toujours par se retourner contre toi.

Sauf si Hughes cache encore un lapin dans son chapeau. Car il faut bien le dire : le DG du CH n’est pas sans ressources. Il a surpris tout le monde dans le dossier Sean Monahan il y a deux ans.

Il a volé le 1er choix des Flames. Peut-être que toute cette prudence cache en fait un coup d’éclat à venir.

Mais pour le moment, son image de requin prudent et frustrant s’impose. Et dans une ligue où le momentum est roi, ça pourrait coûter cher.

Tôt ou tard, il faudra payer le prix. Sinon, Hughes ne fera que tourner en rond. Et sa réputation continuera de s’effondrer, transaction après transaction.