Pauvre Samuel Montembeault.
Il n’y a plus d’autres mots. Ni excuses. Ni échappatoires. Le sort du sympathique numéro un du Canadien de Montréal est déjà scellé, avant même le début du camp d’entraînement.
Il ne le sait peut-être pas encore, mais sera officiellement largué par l’organisation l'été prochain ou à la date limite des transaction, que ce soit en 2026 ou 2027. ,
Le nom de Jacob Fowler est sur toutes les lèvres. Et celui de Samuel Montembeault? À peine un chuchottement étouffé, un bruit de fond que plus personne n’écoute. C’est cruel, mais c’est la réalité à Montréal.
C’est à Gabriel Perreault qu’on doit l’humiliation publique la plus retentissante envers Samuel Montembeault. L’espoir des Rangers de New York, interrogé par TVA Sports, ne s’est pas gêné pour encenser Jacob Fowler… au point de le présenter comme le meilleur joueur de Boston College pendant deux ans, devant des noms aussi retentissants que Will Smith, Ryan Leonard, Cutter Gauthier ou James Hagens.
« Pendant deux ans, il a été notre meilleur joueur. Il a été excellent pour nous. Le Canadien aura un bon gardien longtemps. »
Pas un bon jeune. Pas un bon espoir. Un bon gardien tout court. Et pas pour quelques saisons. Longtemps.
Et Perreault en rajoute. Il parle d’un compétiteur né, d’un monstre mental :
« Oui, il était si fort que ça. Il nous a gagné tellement de matchs. Il se présente toujours à l’aréna avec le même état d’esprit. Il veut gagner et il va gagner. »
Dans un vestiaire, ce genre de déclarations ne passe pas inaperçu. Il n’y a pas de doute possible : Montembeault vient de se faire planter un couteau dans le dos par la nouvelle génération.
Et le pire? Ce n’est même pas Fowler qui a parlé. C’est un gars qui ne joue même pas pour Montréal. Voilà à quel point la réputation de Jacob Fowler dépasse déjà celle du pauvre Montembeault dans les couloirs de la LNH.
Jacob Fowler, repêché en 3e ronde par le Canadien en 2023, n’a cessé de gravir les échelons. Après deux saisons magistrales à Boston College (fiche de 57-13-3, taux d’efficacité de 0,923 et moyenne de buts alloués de 1,90), il a fait son entrée dans la Ligue américaine avec le Rocket de Laval, remportant deux de ses trois matchs en saison régulière.
Il a même aidé Laval à atteindre la finale de la Conférence de l’Est. Et ce, à 20 ans.
Perreault, qui a côtoyé des stars de premier plan, n’a pas hésité à le désigner comme le pilier absolu de leur équipe.
« Il nous a sauvé tellement de matchs. »
Fowler a même remporté le trophée Mike-Richter, remis au meilleur gardien de la NCAA.
Un clown dans le vestiaire… mais un mur devant le filet
Et ce n’est pas tout. Perreault n’a pas seulement louangé les prouesses athlétiques de Fowler. Il a aussi décrit un coéquipier drôle, rassembleur, attachant.
« C’est un comique, un gars avec qui tu veux être chaque jour. .C’est tellement plaisant d’être en sa compagnie. »
Un gars qui gagne le vestiaire et la glace.
Samuel Montembeault, lui, semble de plus en plus effacé. Invisible.
Et comme si ce n’était pas assez… un autre est arrivé.
Arseny Radkov : l’autre cauchemar.
Alors que Montembeault pensait n’avoir qu’un seul jeune gardiene à ses trousses, voilà qu’un deuxième tsunami frappe sa carrière de plein fouet : Arseny Radkov.
Repêché au 3e tour en 2025, au 82e rang, Radkov était un nom totalement inconnu avant l’excellent reportage de Nicolas Cloutier de TVA Sports. Depuis, tout le monde ne parle que de lui.
Et pour cause.
À 18 ans, ce gardien russe de 6 pieds 4 pouces, aux membres interminables, a tout pour devenir une star. Et surtout : il est déjà prêt mentalement.
Alors que certains Russes n’apprennent jamais l’anglais, Radkov le parle parfaitement, lui qui l’a appris seul dès l’âge de 10 ans.
« Depuis que je suis jeune, je veux venir ici, où se joue le meilleur hockey au monde. Il fallait que j’arrive préparé. »
Pas besoin d’interprète. Pas besoin de période d’adaptation. Radkov est déjà nord-américain dans sa tête.
Et maintenant, il veut apprendre le français. Parce qu’il veut être compris au camp du Canadien dès l’an prochain.
Radkov impressionne tout le monde
Du côté de l’Armada de Blainville-Boisbriand, où il jouera cette saison, c’est déjà l’amour fou. Son directeur général Olivier Picard le décrit comme spécial.
Matéo Nobert, espoir des Golden Knights, confirme :
« C’est pas un euro comme les autres, il parle beaucoup. Il est tout le temps heureux. »
Mais ce n’est pas seulement sa personnalité qui séduit. Ce sont ses arrêts. Son intensité. Son feu intérieur.
« Il veut faire tous les arrêts », dit Bill Zonnon.
« Il est fort, il est bon », ajoute Justin Carbonneau.
« Il prend de la place, il est solide », renchérit Xavier Villeneuve.
Et surtout : il déteste perdre. Même à l’entraînement.
« Hier, on a marqué quelques buts de suite contre lui et il a commencé à se fâcher. On a besoin de cette énergie-là, c’est motivant. »
Un monstre compétitif. Exactement le profil recherché par Jeff Gorton et Kent Hughes.
Jacob Fowler. Jakub Dobes. Kaapo Kahkonen Evgeni Volokhin...
Et maintenant : Arseny Radkov.
Il n’y a plus de place pour Montembeault dans cette pépinière. Il est le seul de ce groupe à ne pas faire partie de l’avenir. Trop vieux. Pas assez dominant. Pas assez aimé.
Et pourtant, ce n’est pas de sa faute. Il a fait ce qu’on lui a demandé. Il s’est sacrifié. Il a accepté un contrat sous-évalué. Il s’est présenté à chaque match avec classe.
Mais aujourd’hui, le vent a tourné. Et ni Martin St-Louis, ni Kent Hughes, ni Gabriel Perreault ne prennent sa défense.
Radkov n’est pas juste un pari. Il est une stratégie à long terme.
Avec sa maîtrise linguistique, son profil athlétique et son feu intérieur, il coche toutes les cases du gardien moderne. Et à 18 ans, il s’apprête à faire ses armes au Québec, sous les yeux de tous.
Son entraîneur des gardiens, Nathan Craze, a un plan :
« La priorité sera de simplifier son jeu, pour qu’il exploite mieux son gabarit. Il n’a pas besoin d’être aussi agressif parfois, surtout sur la plus petite glace. »
Et il ajoute une phrase-clé : « maîtriser la simplicité. »
C’est ce qu’on demande à un gardien #1 dans la LNH. Calme. Solide. Posé. Tout ce que Montembeault n’a jamais complètement été.
Ce qui se passe aujourd’hui à Montréal, c’est un enterrement en douceur de la carrière de Samuel Montembeault. Le genre de disparition programmée dont personne ne parle à haute voix… mais que tout le monde voit venir.
Il ne reste plus que deux saisons à Montembeault sur son contrat. Et on sait déjà qu’il ne sera pas prolongé. Ni comme numéro un. Ni même comme vétéran mentor.
Pourquoi? Parce que Jacob Fowler est déjà vu comme une star. Et qu’Arseny Radkov est en train de devenir un phénomène médiatique, un chouchou du public avant même d’avoir joué un match au Centre Bell.
La fin d’un règne… qui n’a jamais commencé...
Montembeault n’aura jamais vraiment eu sa chance.
Il a été le gardien #1 par défaut. Pas par design. Pas par conviction. Juste parce qu’il était là, quand il n’y avait personne d’autre.
Mais aujourd’hui, ils sont trop nombreux. Et trop bons. Et trop jeunes. Et trop aimés.
Jacob Fowler est déjà adoré par ses pairs et est vu comme le futur Carey Price.
Arseny Radkov est déjà encensé par ses coéquipiers.
Et Samuel Montembeault? Il est silencieux. Invisible. Remplaçable.
Il y a parfois des injustices dans le sport. Mais dans ce cas-ci, ce n’est même plus une injustice. C’est une exécution. Une sentence inévitable. Et Montembeault le sait : ses jours sont comptés.
Il ne reste plus qu’à savoir si la fin viendra par un échange… ou par un effacement progressif.
Mais une chose est sûre : le futur appartient à Jacob Fowler. Et maintenant, aussi… à Arseny Radkov.