Surprise dans l'alignement du CH: le premier trio brisé

Surprise dans l'alignement du CH: le premier trio brisé

Par Marc-André Dubois le 2025-07-24

Faut-il briser la meilleure ligne du Canadien pour sauver Patrik Laine?

Nous sommes en plein cœur de la saison morte. Les joueurs du Canadien s’entraînent intensément à Brossard. Les partisans se passionnent pour les alignements projetés.

Et pendant que Martin St-Louis garde le silence en vacances et ne dévoile pas son jeu même lorsqu'il donne une entrevue à un balado, une onde de choc a traversé les réseaux sociaux : une hypothèse osée du journaliste Brian Wilde.

Dans son analyse sur le balado de Tony Marinaro, Wilde a proposé une combinaison radicale pour relancer Patrik Laine, en le jumelant à Nick Suzuki et Juraj Slafkovsky sur le premier trio. Cole Caufield, lui, serait relégué au deuxième trio, aux côtés de Kirby Dach et Ivan Demidov.

C’est une bombe.

Et le verdict populaire est sans appel : non. Absolument pas. On ne touche pas au trio Suzuki – Caufield – Slafkovsky.

Depuis la fin de la saison 2024-25, une certitude est sortie : le trio Suzuki – Caufield – Slafkovsky est un pilier. Ce n’est pas une combinaison temporaire. C’est une ligne dominante. Complémentaire. Explosive. Et surtout, l’une des plus performantes de toute la Ligue nationale.

Ils ont terminé l’année sur une séquence infernale, cumulant à eux trois plus de 180 points, contrôlant la possession, écrasant les premières lignes adverses. Slafkovsky est devenu un joueur complet, fort sur la rondelle, excellent dans les coins, avec une vision du jeu en pleine évolution.

Caufield a retrouvé sa touche de marqueur. Suzuki, lui, est le ciment du tout : le cerveau, le moteur, le leader.

Les statistiques avancées sont formelles :

Il a dominé en termes de différentiel de tirs, d'entrées de zone contrôlées et de temps de possession en zone offensive.

On ne brise pas un tel trio.

Pas pour faire plaisir à un joueur en déclin.

Dans son intervention, Brian Wilde reconnaît le défi que représente Patrik Laine. Le Finlandais est un tireur d’élite, mais un handicap défensif à 5 contre 5. Wilde propose donc de le jumeler à Suzuki, dans l’espoir que le capitaine du CH compense ses lacunes et équilibre la ligne.

« Mettre Laine avec Suzuki, c’est lui donner un centre à conscience défensive qui peut absorber ses erreurs, » dit-il.

Il poursuit :

« Ça pourrait être la solution pour le maintenir dans le top 6. Sinon, il va descendre. Et ça va débalancer toute la structure. »

Et donc, selon cette logique, on sacrifie Caufield, qui serait envoyé sur la 2e ligne avec Kirby Dach, lui-même encore en reconstruction après une saison difficile, et avec un Demidov sans expérience en LNH.

Dès la publication de cette proposition, les réseaux sociaux ont explosé.

Sur X, Facebook, Tik-Tok, Reddit, Instagram, les réactions ont été immédiates et tranchantes :

« Toucher au trio Suzuki-Slaf-Caufield, c’est criminel. »

« On veut relancer Laine? Qu’il se mette en forme d’abord. Pas au détriment de Cole. »

« Caufield n’a rien à prouver. C’est Laine qui doit se battre. Pas l’inverse. »

Le CH a finalement trouvé sa première ligne. En brisant ça, on ouvre la porte au chaos. 

Même Tony Marinaro, animateur du balado, a semblé inconfortable avec la théorie de Wilde, rappelant que le vrai problème, c’est Laine. Pas Suzuki. Pas Caufield. Pas Slafkovsky.

Et c’est là que tout devient clair comme de l'eau de roche : Patrik Laine est un problème.

Malgré ses efforts récents à Brossard, malgré les vidéos qui le montrent en train de pratiquer ses tirs sur réception avec Suzuki, la perception est figée.

Laine a été vu en début d’été à Miami, faisant la fête avec Alexander Barkov. Sa condition physique a été jugée inquiétante. Son attitude, questionnée. 

Et surtout, Laine n’a même pas contacté Zachary Bolduc depuis son arrivée à Montréal. Pourquoi? Parce qu’il sait que Bolduc l’a supplanté. Parce qu’il sait qu’il n’est plus dans les plans.

Le CH tente de l’échanger. Mathias Brunet l’a confirmé. Sportsnet l’a évoqué au passage. Tout le monde dans le milieu le sait.

Martin St-Louis a été clair dans ses communications publiques depuis deux ans : le mérite prime. Le travail prime. L’implication défensive, la constance, la chimie. Tout est lié à l’effort.

La ligne Suzuki-Caufield-Slafkovsky représente la culture actuelle du CH. C’est une ligne engagée. Solide défensivement. Spectaculaire offensivement. Aimée du public. Respectée dans le vestiaire.

Patrik Laine? Il incarne l’exception. Le vestige d’un autre modèle. Celui d’un marqueur paresseux, unidimensionnel, qui ne veut jouer que sur l’avantage numérique.

Et pour Michel Therrien, ancien coach respecté dans la LNH, la réponse est sans équivoque :

« Moi, je le renverrais à la maison. »

La question devient donc presque philosophique : peut-on sacrifier une de ses plus grandes forces pour essayer de corriger l’une de ses plus grandes faiblesses?

Parce que c’est ce que propose Wilde.

Sacrifier la stabilité. L’équilibre. Le cœur du collectif. Pour essayer, peut-être, de sauver un joueur dont la flamme semble éteinte.

La réponse est non.

Et elle vient de partout. Des partisans. Des journalistes. Des analystes. Même des joueurs, silencieusement.

Le plan le plus logique : laisser Laine derrière.

Le scénario le plus cohérent, à ce jour, reste le suivant :

Le premier trio reste intact : Suzuki – Caufield – Slafkovský.

Le deuxième trio est confié à Bolduc – Dach – Demidov.

Laine est relégué en troisième ligne avec Evans et Newhook.

En fond d’alignement, le quatrième trio composé de Josh Anderson, Joe Veleno et Brendan Gallagher viendra ajouter du poids, de l’expérience et une énergie contagieuse à chaque présence, tout en servant d’assurance en cas de blessure plus haut dans l’alignement.

Laine est un spécialiste du powerplay. Pas plus, pas moins.

Surtout, Laine n’est plus un atout à long terme. Il est un compromis temporaire, une parenthèse à fermer, une erreur à corriger.

Brian Wilde est un bon journaliste. Il connaît son hockey. Et son raisonnement est intellectuellement défendable : jumeler Laine à Suzuki pour compenser ses faiblesses.

Mais sur le plan humain, culturel, stratégique, c’est une erreur.

Le Canadien de Montréal a mis plus de trois ans à se reconstruire. À identifier son noyau. À bâtir une première ligne digne de ce nom. Briser cela pour un joueur que l’organisation veut déjà échanger?

C’est absurde.

Laine ne mérite pas Suzuki.

Et le trio Suzuki-Caufield-Slafkovsky, lui, mérite d’être protégé à tout prix.