Suspense sur l'avantage numérique: Patrik Laine vise Martin St-Louis

Suspense sur l'avantage numérique: Patrik Laine vise Martin St-Louis

Par David Garel le 2025-08-26

Il y a des tensions qu’on ne peut plus ignorer. À quelques semaines du camp d’entraînement 2025, la dynamique entre Patrik Laine et Martin St-Louis ressemble davantage à un bras de fer qu’à une collaboration harmonieuse.

Depuis plusieurs semaines, Laine multiplie les messages à peine voilés. Dernier en date : sa déclaration au 98,5 FM où il affirme, droit dans les yeux du public, que « les partisans n’auront pas à stresser jusqu’au dernier match de la saison pour voir l'équipe se qualifier en séries ».

Son message?

« Je serai là, je vais livrer, et j’ai l’intention d’être au cœur du projet. »

Mais ces propos sonnent aussi comme une provocation envers son entraîneur.

Ce que Laine dit, dans le fond, c’est ceci :

« Contrairement à ce que pense l’entraîneur, on a un club qui est déjà prêt. Moi, je suis prêt. L’équipe est prête. Si vous échouez, ce ne sera pas de ma faute. »

C’est une tentative claire de renverser la dynamique du pouvoir, en forçant l’entraîneur à justifier ses choix.

Pourquoi? Parce que Martin St-Louis, lui, n’a jamais été conquis par le profil de Laine. Ce n’est pas un secret. Dans les cercles de l’équipe, on sait que le coach préfère des joueurs plus engagés, plus complets, plus présents mentalement.

Laine, malgré son tir élite, traîne cette réputation de joueur détaché, talentueux, mais peu concerné par l’identité du collectif.

Et c’est là que ça explose.

Depuis l’élimination en séries, où St-Louis avait carrément laissé Laine sur le banc en fin de match, le sniper finlandais a retroussé ses manches. Il s’est entraîné tout l’été, il s’est présenté tôt à Brossard, il a dansé au mariage de Suzuki, il s’est affiché à Osheaga avec ses coéquipiers.

Mais ce retour au centre de la clique n’est pas anodin : il a un objectif clair. Il veut rester sur la première unité d’avantage numérique.

Or, tout porte à croire qu’il est en train de perdre ce poste… au profit d’Ivan Demidov.

Et ça, Laine ne l’acceptera pas sans résister.

Dans un récent épisode du Sick Podcast, Pierre McGuire a soulevé l’idée d’un repositionnement de Laine en “bumper” dans le schéma 1-3-1 du power play.

Sur le plan tactique, c’est pertinent : Laine pourrait libérer Caulfield, jouer un rôle d’écran mobile, devenir une menace dans le slot. Mais sur le plan psychologique, c’est une bombe.

Laine ne veut pas être un outil. Il veut être la tête d’affiche.

Et les récents extraits d’entrevues dans les médias finlandais le confirment : il n’est pas intéressé à ce rôle. Pour lui, le bumper, c’est une rétrogradation.

Ce qu’il veut, c’est le poste de tireur, à droite du gardien, son fameux “bureau”. Le même endroit que convoite aussi… Ivan Demidov.

Demidov, pour sa part, ne parle pas. Mais tout dans son jeu, son attitude, son ascension, indique qu’il est en train de forcer la main de l’organisation.

Il est jeune, électrique, imprévisible, et surtout… déjà sur la première unité de power play dans les projections de DailyFaceoff et The Athletic.

Le message envoyé par l’état-major est cinglante : on prépare la transition.

Et Laine le sait. Voilà pourquoi il multiplie les déclarations. Pas par excès de confiance. Par stratégie. Il veut forcer Martin St-Louis à justifier une éventuelle rétrogradation. Il veut braquer les projecteurs sur le coach. Il veut créer un malaise, une tension… une pression publique.

Et il y parvient.

On assiste à un duel d’ego, de contrôle, et de perception

Dans ce climat, chaque mot prononcé par Laine devient une cartouche médiatique.

Il affirme que le CH fera les séries sans stress? C’est un défi à l’état-major.

Il s’entraîne avec l’équipe bien avant le camp? C’est un message à Bolduc.

Il renoue avec le groupe social? C’est un avertissement :

« Je suis dans la gang, et j’ai mes appuis. »

Pendant ce temps, Martin St-Louis reste silencieux. Mais ceux qui le connaissent savent : il n’oublie pas.

Souvenez-vous du 6 contre 5 contre Washington en séries. Laine est resté cloué au banc. Pas une présence. Pas une explication.

St-Louis a pris sa décision. Et aujourd’hui, c’est peut-être Laine qui tente de forcer un dernier renversement.

Et pendant que ces deux ego s'affrontent, Zachary Bolduc tente de se frayer un chemin.

Le power play, ce n’est pas juste une affaire de talent. C’est une affaire de politique interne.

Et Laine, aussi maladroit soit-il dans ses relations avec le coach, a compris comment jouer cette partie-là.

Au final, le grand perdant potentiel de cette guerre froide… c’est Martin St-Louis lui-même.

S’il tasse Laine, il devra l’assumer publiquement. Et affronter un joueur populaire auprès de ses coéquipiers, bien intégré, revanchard, bruyant.

S’il garde Laine sur la première unité, il devra gérer la frustration de Demidov. Et l’incompréhension d’une partie du public qui veut voir la jeunesse prendre le pouvoir.

Et s’il tente une formule hybride… il s’expose à l’instabilité, aux tensions, aux fluctuations d’ego.

Martin St-Louis voulait du mérite, de l’identité, de l’éthique. Aujourd’hui, il fait face à un cas concret où le mérite est discutable, la loyauté fragile et l’identité confuse.

Ce n’est plus une question de placement sur l’avantage numérique. Ce n’est même plus une question de statistiques.

C’est une question d’autorité.

Qui décide dans cette équipe?

Qui fixe les règles?

Et surtout : qui accepte de les suivre?

Le combat Laine-St-Louis est déjà lancé. Les premières cartouches sont tirées. Le camp d’entraînement sera décisif.

Mais une chose est sûre : les babines de Laine parlent fort. Et les bottines de St-Louis devront suivre.