Tempête montréalaise pour Mavrik Bourque Montréal: les médias québécois s'excitent

Tempête montréalaise pour Mavrik Bourque Montréal: les médias québécois s'excitent

Par Marc-André Dubois le 2025-05-26

On ne comprend vraiment pas l’excitation collective autour de Mavrik Bourque. Vraiment pas.

À écouter certains analystes québécois, on dirait que le Canadien doit absolument lui faire une offre hostile cet été. Comme si c’était une évidence. Comme si on parlait d’un joueur générationnel. Voyons donc.

On parle ici d’un centre de 23 ans, 5 pieds 11, 180 livres mouillés, qui a joué seulement deux petits matchs en séries cette année.

Et pas à cause d’une blessure. Non. Parce qu’il a été benché. Rayé de l’alignement. Jugé pas assez solide pour contribuer aux Stars de Dallas en séries éliminatoires.

C’est ce joueur-là que certains voudraient que Kent Hughes cible avec une offre hostile? Sérieusement?

Quand on regarde les chiffres, c’est encore plus déconcertant. 11 buts. 25 petits points en 73 matchs. C’est tout ce que Bourque a réussi à faire à sa première vraie saison dans la LNH.

Et on ne parle pas d’un jeune de 19 ans. Il a 23 ans. Il n’est plus un espoir. Il est ce qu’il est : un petit centre droitier, sans punch offensif, sans impact physique, sans impact défensif notable.

Le genre de joueur de troisième ligne que tu signes à 1,2 million par année… pas un gars à qui tu tends une offre hostile de 4 ou 5 millions pour aller chercher un soi-disant « potentiel ».

Et c’est là qu’on voit le biais toxique du Québec médiatique. Si Mavrik Bourque s’appelait Matt Burke, s’il venait du Manitoba ou de Columbus, personne n’en parlerait. Il serait classé dans la même catégorie que les Michael McLeod, Jack Studnicka ou Trent Frederic de ce monde : des gars corrects. Rien de plus.

Mais voilà, Bourque est québécois. Il vient de Plessisville. Il a été repêché au premier tour. Il a connu de bons moments dans la Ligue américaine.

Et soudainement, les chroniqueurs allument la flamme nationaliste et se mettent à fantasmer. Ils oublient les faits. Ils oublient le gabarit. Ils oublient l’impact réel du joueur. Tout ça pour pouvoir rêver d’un autre « p’tit gars de chez nous » dans le chandail bleu-blanc-rouge.

La vérité, c’est que Kent Hughes n’est pas dupe. Il a déjà donné dans les projets incertains avec Alex Newhook. Il s’est déjà brûlé avec Kirby Dach : un talent brut, mais fragile, qui coûte plus cher que ce qu’il rapporte.

Et il est hors de question qu’il répète la même erreur avec Bourque. Le Canadien n’a pas besoin d’un autre pari. Il n’a pas besoin d’un autre gars qui va prendre trois ans avant de peut-être produire 45 points.

Ce que le Canadien cherche pour compléter son top 6, c’est un vrai centre établi. Un power forward ou un playmaker avec de l’expérience, du caractère, une vraie identité.

Pas un joueur encore flou, encore flasque, encore en quête d’un rôle. Mavrik Bourque, c’est la copie carbone de Newhook, mais en moins explosif. C’est un Kirby Dach sans le coup de patin. Et c’est surtout un projet de trop.

Dans un monde idéal, Mavrik Bourque devient un bon joueur de troisième ligne dans la LNH. Un bon petit joueur intelligent, fiable, qui produit 35-40 points par année. Bravo pour lui.

Mais ce n’est pas ce qu’il faut à Montréal en ce moment. Et ce n’est surtout pas le genre de profil qui mérite qu’on sacrifie des millions et une compensation juste pour apaiser l’appétit de quelques chroniqueurs en manque de Québécois dans l’alignement.

Faisons preuve de sérieux. Bourque n’a pas de place dans l’alignement actuel du CH. Il est droitier, alors que Kent Hughes cherche désespérément un centre gaucher pour équilibrer ses trios.

Il est petit, alors que l’équipe manque de poids en zone offensive. Et il n’a jamais montré qu’il pouvait dominer au niveau de la LNH, malgré son âge avancé pour un espoir.

Alors pourquoi cet emballement soudain? Pourquoi cette idée farfelue d’offrir un contrat à un joueur que même les Stars hésitent à aligner en séries?

La réponse est simple : le passeport.

On a vu le même phénomène avec Rafaël Harvey-Pinard. Avec Jesse Ylönen. Avec Louis Leblanc à l’époque. Des joueurs qui, dès qu’ils montrent un signe de vie, sont encensés par les médias locaux et portés aux nues. Et pendant ce temps, les vraies cibles, les vrais talents établis, passent sous silence.

Kent Hughes est en mission pour bâtir une équipe solide, mature, capable de gagner. Il ne tombera pas dans le piège du romantisme régional. Il ne perdra pas son temps à surpayer un joueur comme Mavrik Bourque juste pour faire plaisir au narratif québécois.

Mavrik Bourque n’est pas ce qu’il nous faut. Point final.

Et si quelqu’un ose proposer une offre hostile pour lui, ça ne viendra définitivement pas du bureau de Kent Hughes.

Merci, bonsoir.

Et soyons honnêtes une bonne fois pour toutes : c’est même mieux pour Mavrik Bourque qu’il ne mette jamais les pieds à Montréal.

Ici, on l’aurait déjà intronisé comme le futur deuxième centre du Canadien, un sauveur québécois prêt à épauler Suzuki et à faire oublier tous les échecs passés.

On aurait fait des chroniques sur son enfance à Plessisville, des segments à RDS sur son chien, sa mère, ses plats préférés. On l'aurait traité comme une supervedette. 

Mais il aurait inévitablement déçu. Parce que Bourque n’est pas ce type de joueur. Parce que Bourque n’a pas l’envergure d’un centre top 6 dominant. Parce que Bourque, c’est un bon joueur de hockey, mais ce n’est pas un game-changer.

 Il aurait suffi de deux matchs sans point au Centre Bell pour que les mêmes médias qui l’adoraient hier commencent à le déchirer en direct à l’Antichambre.

Il n’a qu’à demander à Jonathan Drouin. Lui aussi, on l’a accueilli comme un roi. On l’a présenté comme le Québécois qui allait ressusciter l’attaque du Canadien. Et on l’a crucifié vivant quand il n’a pas répondu aux attentes irréalistes. Les sifflets, les huées, les critiques, les moqueries… Drouin en porte encore les cicatrices.

Mavrik Bourque ne mérite pas ça. Il mérite une carrière paisible, dans l’anonymat, où on peut faire son chemin sans être scruté à la loupe, sans devoir sauver une province à lui seul.

Montréal n’est pas pour lui.

Et il n’est pas pour Montréal.

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