A Long Island, le décor est planté pour un bras de fer à faire trembler les murs du UBS Arena.
Mathieu Darche, fraîchement nommé directeur général et vice-président des opérations hockey des Islanders de New York, entre dans l’arène avec une réputation d’architecte froid, méthodique et visionnaire.
Mais face à lui, Patrick Roy. L’homme au tempérament volcanique. Celui qu’on ne contrôle pas. Celui qu’on ne mute pas. Et le point de rupture est déjà visible à l’horizon.
Officiellement, tout semble calme. Officieusement, la tension est si dense qu’on pourrait la trancher au couteau. Darche veut reconstruire, mais s'il a affirmé aux propriétaires qu'il avait confiance d'être compétitif la saison prochaine pour obtenir le poste. Roy ne veut rien savoir d'une reconstruction.
Darche est un homme trop brillant pour ne pas lire les signes. Le noyau des Islanders est en déclin. Barzal, 28 ans, souvent blessé. Horvat, 30 ans, payé 8,5 millions jusqu’en 2031. Lee, 34 ans, lent mais encore productif. Pageau, 32 ans, sur la pente descendante.
En défense, Pulock, Pelech et Mayfield, tous dans la trentaine, grugent la masse salariale sans offrir de rendement élite.
Pulock touche 6,15 millions par année jusqu’en 2030, Pelech 5,75 millions jusqu’en 2029, et Mayfield, même s’il est plus effacé, coûte 3,5 millions jusqu’en 2030.
Pageau, de son côté, représente un dossier critique. Il gagne 5 millions par saison jusqu’en 2026, mais sa production et son impact ont décliné de façon drastique. Il pourrait devenir une cible de transaction à la date limite, mais son salaire représente un frein évident.
Et si Darche veut faire le grand ménage, il ne manquera pas de cibles. Anders Lee, 34 ans, en est une. Malgré ses 28 buts l’an dernier, sa mobilité diminue, et son contrat à 7 millions jusqu’en 2026 pèse lourd.
Il pourrait encore rapporter un choix de premier tour d’ici la date limite des transactions, mais il ne faut pas attendre trop longtemps. Son déclin est amorcé.
Darche détient le premier choix au total en 2025, vraisemblablement pour repêcher Matthew Schaefer, défenseur mobile, gaucher, capable de relancer le jeu, le meilleur espoir à la ligne bleue depuis Cale Makar.
L’opportunité est parfaite pour faire table rase, accumuler des choix de repéchage, liquider des vétérans à haute valeur et bâtir à la dure, comme à Tampa Bay. Mais il y a un hic : Patrick Roy n’a jamais signé pour une reconstruction. Jamais.
Dans sa tête, Patrick Roy a signé pour gagner. Son système défensif, implanté avec force en fin de saison, commence à porter ses fruits. Il croit aux fondations. Il veut une équipe compétitive dès l’automne prochain. Et il sait que Mathieu Darche ne peut pas le tasser facilement.
Roy est sous contrat pour trois autres saisons à 1,5 à 2 millions par année, pour un total garanti de 4,5 à 6 millions.
Pas énorme comparé à Martin St-Louis à Montréal, mais suffisant pour empêcher les Islanders de le congédier sur un coup de tête.
Le proprio ne veut pas payer deux entraîneurs à la fois. Et à l’interne, Roy est perçu comme l’homme de Lou Lamoriello, toujours dans les parages.
Et c’est là que la marmite chauffe.
Darche arrive avec sa vision analytique. Lui, qui a grandi aux côtés de Julien BriseBois à Tampa. Lui, qui croit aux données, aux plans quinquennaux, aux repêchages méthodiques. Deux écoles de pensée entrent en collision. Et c’est explosif.
Barzal et Horvat sont au cœur de cette tension. Barzal gagne 9,15 millions par année jusqu’en 2031. Horvat, 8,5 millions jusqu’à la même échéance.
Ce sont deux piliers du vestiaire. Mais dans une reconstruction, ce sont aussi deux salaires à liquider. Et Roy, qui bâtit son jeu autour de ses centres, verrait cette perte comme une trahison.
Puis vient le cas Dobson. Droitier de 25 ans, 70 points l’an dernier. Il est à l’aube de son contrat le plus lucratif. Darche pourrait en tirer une rançon via transaction. Mais Roy veut le garder à tout prix. Dobson est son général sur la glace. Le départ de Dobson signifierait la rupture définitive.
Le cas Sorokin est tout aussi délicat. Le gardien russe a encore sept ans à 8,25 millions. Il est un luxe pour une équipe en reconstruction. Darche pourrait en tirer beaucoup. Mais Roy voit en lui la pierre angulaire de son projet. Décision lourde.
L’atmosphère dans l’organisation est électrique.
Jeudi, Darche sera présenté à la presse new-yorkaise. Il devra faire preuve d’équilibrisme politique. Pas question d’annoncer une reconstruction dans un "média market" aussi féroce que New York. Mais les décisions qui suivront en diront long.
Darche veut liquider intelligemment. Roy veut compétitionner. Deux visions. Deux égos. Deux trajectoires.
Et dans ce cirque, les joueurs, eux, marchent sur des œufs. Chaque rumeur devient une distraction. Chaque défaite, une catastrophe. Et chaque mot de Roy en conférence de presse est décrypté comme un message codé à Darche.
La saison morte ne fait que commencer. Mais à Long Island, dès jeudi, ça s'annonce chaud comme jamais.
Jeudi, tous les projecteurs seront braqués sur Mathieu Darche. Ce sera son baptême du feu devant la presse new-yorkaise — et, surtout, devant une horde de journalistes québécois venus chercher des réponses.
Est-ce que Patrick Roy sera à ses côtés? Est-ce qu’il confirmera sa confiance envers son entraîneur? Ou bien laissera-t-il planer le doute sur une rupture inévitable?
On veut savoir s’il reconstruira l’équipe, ce qu’il fera du premier choix, comment il gérera les tensions avec Anthony Duclair , et s’il croit encore au noyau vieillissant des Islanders.
Anthony Duclair, autrefois perçu comme un coup de génie à 3,5 millions par année jusqu’en 2028, est devenu en quelques mois un fardeau émotif et stratégique pour les Islanders de New York.
Depuis l’éclat retentissant entre lui et Patrick Roy en avril 2025, où Roy l’a publiquement démoli en conférence de presse après une défaite humiliante contre le Lightning, rien ne va plus.
Roy l’a qualifié, sans détour, de joueur « catastrophique » sur la glace, questionnant son engagement, son intensité, et son rôle dans le vestiaire.
Ce jour-là, Duclair a craqué. Il a demandé un congé pour des « raisons personnelles », s’éloignant de l’équipe dans un silence malaisant.
Selon certaines sources, il aurait vécu un véritable épisode de détresse psychologique. Depuis, il rêve de revenir au Québec, loin de la tempête new-yorkaise, dans un environnement où il se sentirait soutenu et valorisé.
Mais les dégâts sont faits. Le lien avec Roy est brisé, irréparable. Mathieu Darche, tout juste nommé DG, hérite d’une patate chaude. Garder Duclair signifierait exposer Roy à une autre bombe émotionnelle dans le vestiaire.
Le plus logique serait de tenter de l’échanger… mais qui voudra d’un ailier de 29 ans, en perte de vitesse, sous contrat pour trois autres saisons, et dont la confiance est en miettes?
Ce ne sera pas une conférence de presse, ce sera un interrogatoire. Darche devra répondre avec la précision d’un avocat et le calme d’un stratège.
Jusqu’ici, il était dans l’ombre de Julien BriseBois à Tampa Bay. Maintenant, il entre dans la lumière crue de New York. Ce sera son premier vrai test en relations publiques. Et s’il trébuche, les couteaux voleront déjà.
À lui de jouer.