C’est un cri du cœur. Une colère venue de l’intérieur d’un clan qui n’en peut plus. L’entourage de Cayden Primeau est en furie. Et on ne peut pas vraiment leur en vouloir.
Le père, Keith Primeau, ancien capitaine respecté des Flyers de Philadelphie, ne comprend plus comment une organisation peut traîner un jeune gardien dans autant d’incertitude, d’instabilité et d’indifférence.
Son fils a été loyal. Il a été humble. Il a été solide. Et pourtant, il est relégué à l’oubli dès que le « plan organisationnel » le dicte.
Dans l’ombre des projecteurs, Keith Primeau vit mal cette mise à l’écart constante de son fils. L’ancien capitaine des Flyers, qui a vécu les rigueurs de la LNH, ne comprend pas comment un jeune homme qui a tout donné à l’organisation peut être écarté aussi cruellement.
Il voit Cayden comme un modèle de résilience, un gardien qui a traversé les tempêtes et porté le Rocket sur ses épaules. Selon lui, ce genre de comportement mériterait reconnaissance, pas le fait de traiter son fils comme un moins que rien.
Mais Kent Hughes n’a pas le luxe de gérer à l’émotion. Il ne fait pas dans la diplomatie paternelle. Son message est clair et sans pitié: le Canadien est une entreprise de résultats, pas un refuge sentimental. Et chaque geste qu’il pose depuis des mois le confirme.
La vérité, aussi crue soit-elle, c’est que Kent Hughes n’en a rien à faire de ce que pense le clan Primeau. Il gère une entreprise de performance. Et dans ce monde, les sentiments n'ont pas leur place.
C’est le point fondamental que l’entourage de Cayden Primeau semble ignorer – ou refuser d’accepter. Le Rocket de Laval est une filiale. Un club-école. Un outil de développement. Il existe pour alimenter le Canadien de Montréal, point à la ligne. Et c’est dans cette optique que le sort de Primeau est décidé.
Oui, Primeau a été sensationnel cette saison à Laval. Ses 21 victoires en 26 départs, son taux d’efficacité de ,927, sa moyenne de 1,96… tout crie « gardien dominant ».
S’il avait été là toute la saison, il aurait peut-être gagné le trophée de joueur le plus utile de toute la Ligue américaine. Mais ce n’est pas suffisant. Parce qu’au niveau supérieur, il ne s’est jamais imposé.
En six saisons professionnelles, Cayden Primeau a accumulé 13 victoires dans la LNH, une moyenne de 3,69, un pourcentage d’arrêts de ,884.
Et dans une organisation où Montembeault a gagné ses galons, où Dobes arrive à pleine vitesse, et où Fowler est clairement l’avenir, Primeau n’est nulle part dans l’équation à long terme.
Le moment qui a tout déclenché : le match numéro 4 contre Cleveland. Primeau aurait pu – aurait dû – obtenir le départ. Mais Pascal Vincent a choisi Jacob Fowler, une décision stratégique, mais aussi symbolique.
Fowler, tout juste débarqué des rangs universitaires, a reçu les éloges, les minutes de jeu, et maintenant le filet. Le même Vincent qui, quelques semaines plus tôt, disait de Primeau qu’il était un gardien de la LNH, l’a regardé droit dans les yeux… et a dit non.
Il n’en fallait pas plus pour faire exploser le clan Primeau. Selon plusieurs sources, l’agent du gardien serait furieux. Keith Primeau, lui, aurait confié à ses proches son incompréhension et sa déception. Ce n’est plus un simple désaccord professionnel. C’est devenu une rupture émotionnelle.
Mais il faut dire une chose : le Canadien ne doit rien à Cayden Primeau. L’organisation lui a donné toutes les occasions de faire ses preuves.
À 25 ans, il ne peut plus se cacher derrière l’étiquette de « prospect ». Il est ce qu’il est : un très bon gardien de la AHL, mais un projet inabouti dans la LNH.
Le clan Primeau rêve de Philadelphie. On comprend pourquoi. Le père y a été une légende. L’équipe a un besoin criant devant le filet. Daniel Brière est un ancien coéquipier de Keith. Tout pointe vers une possible réunion familiale.
Mais Kent Hughes ne fera pas de cadeau. Le DG du Canadien va soumettre une offre qualificative à Primeau cet été. Pourquoi? Pour ne pas le perdre gratuitement. Pour se protéger en cas d’offre hostile. Pour forcer un échange.
Et c’est exactement ce qui va se produire : une transaction. Le CH ne veut pas garder Primeau, mais il veut le monnayer. C’est brutal. C’est froid. C’est la réalité de la LNH.
Il faut maintenant regarder les choses en face : Cayden Primeau ne sera plus jamais le gardien du futur du Canadien de Montréal. Ce titre, qui lui a longtemps collé à la peau, appartient désormais à Jacob Fowler.
Et dans ce contexte, le Rocket devient une vitrine, non pas pour aider Primeau à s’implanter, mais pour booster sa valeur marchande. Le quatrième match de la série contre Cleveland n’a pas marqué un simple changement de gardien : il a signé la fin d’une ère.
L’entourage de Cayden Primeau est en furie? C’est compréhensible. Le sentiment d’injustice est humain. Mais qu’ils se fassent à l’idée : le CH a pris sa décision. Et peu importe les chiffres, peu importe les émotions, l’avenir de Primeau est ailleurs.
Kent Hughes n’a pas à rendre des comptes à Keith Primeau, ni à son agent, ni à ses partisans. Il doit rendre des comptes à l’organisation. Et dans l’organisation actuelle, Primeau est devenu inutile.
Le DG du CH n’a jamais eu besoin de répondre à Keith Primeau. Il n’a pas élevé la voix, il n’a pas convoqué les médias, il n’a pas publié de déclaration officielle.
Mais il a parlé plus fort que n’importe quel mot : en offrant à Jacob Fowler un contrat professionnel pour 2025-2026 et un contrat d'essai à Laval, au moment même où Cayden retrouvait son aplomb à Laval, puis en le lançant dans le feu des séries dès ses premiers jours chez les pros,
Hughes a signé une déclaration de succession silencieuse. Le père Primeau peut bien crier, ruminer ou s’indigner, le DG du Canadien l’envoie promener à sa façon, sans un mot, mais avec des gestes qui résonnent comme un couperet : le royaume de Montréal et de Laval appartient déjà à Jacob Fowler. Dans la vie, il n’est pas nécessaire de parler pour humilier. Il suffit d’agir.
Philadelphie l’attend? Parfait. Que Daniel Brière paye le bon prix. Sinon, qu’il regarde ailleurs.
C’est la fin d’une histoire. Et comme bien des fins dans la LNH, elle ne se termine pas avec des accolades, mais avec une poignée de mains froide... et un billet d’avion.