C’est un dossier sous haute tension qui pourrait, dans les prochains jours, faire exploser l’équilibre fragile à la ligne bleue du Canadien de Montréal.
Jayden Struble attend toujours sa date d’audience pour l’arbitrage salarial, et les négociations avec Kent Hughes patinent.
En coulisses, une bataille de plus en plus évidente l’oppose à Arber Xhekaj, pas sur la glace, mais dans les chiffres. Car Struble veut être payé. Autant, sinon plus, que son rival direct. Et dans une organisation où chaque dollar compte, ce genre de guerre froide peut avoir des conséquences à long terme.
La situation est simple : Jayden Struble veut au minimum 1,3 million de dollars. Exactement ce qu’Arber Xhekaj gagnera cette saison.
Pour lui, ce serait insultant de toucher moins. Il a joué 56 matchs cette année, tout comme l’an passé, avec un total de 23 points combinés sur deux saisons.
Un dossier honnête pour un défenseur de 23 ans encore en développement, physique, engagé, capable d’évoluer sur une troisième paire et de dépanner plus haut. Mais voilà, Struble se retrouve coincé entre son désir de reconnaissance… et la réalité salariale du Tricolore.
Car si le dossier se rend jusqu’à l’arbitre, les règles du jeu sont claires : le Canadien aura tout le loisir de le démolir.
Devant un arbitre indépendant, l’organisation va devoir exposer en détail toutes les faiblesses du joueur : son manque de constance, ses pénalités inutiles, son plafond offensif limité, ses difficultés en relance. Tout y passera.
Et même si c’est une simple formalité juridique, ça laisse des marques. Tout le monde se souvient du précédent P.K. Subban en 2014 : après être passé devant l’arbitre, sa relation avec le CH ne s’est jamais complètement remise.
Jayden Struble, lui, n’est pas naïf. Il tente encore de s’entendre à l’amiable avec le Canadien, mais le ton se durcit. L’entourage du joueur est frustré de voir que Montréal refuse de le valoriser, alors que d’autres défenseurs physiques de sa génération signent des contrats intéressants. À commencer par Arber Xhekaj.
Et c’est là que le dossier devient explosif.
Les deux défenseurs ont toujours été en compétition. Depuis leur arrivée dans l’organisation, Struble et Xhekaj se battent pour un rôle similaire : celui de défenseur crobuste, capable de jeter les gants, d’imposer sa présence, de défendre ses coéquipiers.
À première vue, le style est semblable. Mais la perception à l’interne est différente. Car dans le vestiaire du Canadien, Jayden Struble est considéré comme le « gars de confiance » de Martin St-Louis.
Dès son premier match, Martin l’a placé dans une position avantageuse, lui a donné des responsabilités importantes à Laval, l’a promu rapidement dans la hiérarchie.
Struble écoute, s’adapte, comprend le système. Il n’est pas flamboyant, mais il est fiable. Et ça, Martin St-Louis aime ça. Au point, selon certains, de préférer Struble à Xhekaj dans les scénarios d’avenir.
Ce qui crée, de manière sourde, une forme de jalousie entre les deux hommes. Car Arber Xhekaj, lui, se sent délaissé depuis plusieurs mois. Mis de côté en séries. Écarté des formations projetées cet été sur les différents médias, il sent la soupe chaude.
Pendant que Struble tente de se faire respecter financièrement, Xhekaj voit son avenir à Montréal s’assombrir. Et il le sait : si Struble obtient une meilleure entente que lui, ce serait la gifle de trop. D’autant plus que les deux n’ont jamais été proches.
Contrairement à d’autres du vestiaire, Jayden et Arber n’ont pas développé de lien. Pas d’amitié, pas de complicité. Simplement deux gars qui cohabitent, se croisent, mais n’échangent que le strict nécessaire.
Sur la glace, ils sont rivaux. Dans le vestiaire, ils sont silencieux. Et aujourd’hui, c’est leur écart salarial potentiel qui pourrait faire déborder le vase.
Du côté du Canadien, la situation est délicate. La direction n’a plus beaucoup de marge sous le plafond salarial. Entre les contrats à honorer, les jeunes à encadrer, les blessés à couvrir, chaque signature devient un jeu d’équilibriste.
Struble le sait. Et il pousse, justement, pour forcer le CH à choisir : entre lui et Xhekaj, il ne restera pas de place pour les deux à long terme. Surtout que Lane Hutson, Kaiden Guhle, Mike Matheson (pas encore échangé) et même Adam Engström sont tous dans les plans à gauche. Il y aura un surplus, et une transaction à faire.
En ce moment, Kent Hughes écoute. Il attend. Il juge le marché. Mais les équipes adverses aussi. Elles observent la tension. Et certaines sont prêtes à tendre la main à Struble, si jamais l’arbitrage tournait mal.
Pittsburgh, Anaheim, Calgary : plusieurs clubs cherchent encore un défenseur mobile, robuste, capable de combler un troisième duo à bon prix. Et Struble, malgré son profil encore brut, coche plusieurs cases.
Mais pour l’instant, la balle est dans le camp du Canadien. S’ils acceptent de lui offrir un contrat de deux ans à 1,4 ou 1,5 million de dollars, le conflit pourrait s’éteindre.
Même à 1,3 M$ par année, Struble pourrait peut-être mettre de l'eau dans son vin.
Mais s’ils refusent de bouger, s’ils le traînent devant l’arbitre pour lui offrir un salaire réduit… alors, la rupture pourrait devenir inévitable.
Et pour Arber Xhekaj, ce serait une bénédiction. Car un départ de Struble réglerait automatiquement la congestion. Et ferait grimper sa valeur dans l’alignement.
La tension entre les deux hommes est réelle. Elle bien présente. Et dans un vestiaire où l’ambiance a toujours été soigneusement protégée, ce genre de rivalité salariale peut vite devenir toxique. Surtout si elle s’étale sur plusieurs semaines.
L’arbitrage, prévu d’ici la fin juillet, sera donc un tournant. Un moment de vérité. Car à Montréal, on le sait depuis longtemps : deux défenseurs gauchers robustes, ce n’est pas trop. Mais deux gars frustrés, jaloux, en quête de reconnaissance… ça peut briser un vestiaire.
Pour l’instant, Jayden Struble garde le silence. Il patiente. Il espère un geste de bonne foi.
Mais dans la LNH, les bonnes intentions ne suffisent pas.