Tourmente interne chez les Américains : la place de Mooney provoque un malaise

Tourmente interne chez les Américains : la place de Mooney provoque un malaise

Par André Soueidan le 2025-08-06
canadiens lj mooney

Le camp estival d’évaluation du programme américain de hockey junior aurait pu être une simple formalité.

Mais au lieu de ça, c’est un malaise grandissant qui s’est installé dans les coulisses de l’équipe.

Et au cœur de cette controverse : L.J. Mooney, l’espoir du Canadien de Montréal.

Sa possible présence dans la formation des États-Unis pour le Championnat du monde junior crée des remous, de l’incompréhension et, chez certains, un réel inconfort.

Le sélectionneur de l’équipe, Bob Motzko, se retrouve au cœur d’un conflit d’intérêt flagrant : il est à la fois l’entraîneur-chef de l’Université du Minnesota… et de l’équipe américaine junior.

Or, surprise : l’un de ses nouveaux protégés universitaires, L.J. Mooney, se retrouve soudainement dans la course pour un poste convoité. Et ça, ça commence à faire jaser.

Certains initiés parlent même d’un malaise évident dans l’environnement du programme américain, où chaque place est farouchement disputée et où la moindre impression de favoritisme provoque une onde de choc.

Le nom de Mooney, qui devrait symboliser la fraîcheur d’un nouveau départ, devient plutôt le symbole d’une tension rampante.

À première vue, tout semble aller comme sur des roulettes. Mooney est spectaculaire, il a du talent brut à revendre, et son nom circule déjà dans les discussions entourant la formation finale.

Mais le problème n’est pas dans son jeu. Il est dans les circonstances. Parce que Mooney, petit attaquant de 5 pi 7 po, est sur le point de rejoindre l’Université du Minnesota.

Et qui dirige à la fois cette université et l’équipe américaine junior cette année?

Bob Motzko. Voilà le nœud du problème.

Ce mélange des rôles suscite une inquiétude croissante.

Non seulement Mooney est-il perçu comme l’élève favori du maître, mais il se retrouve au centre d’un débat beaucoup plus vaste sur l’éthique dans les sélections internationales.

Dans un contexte aussi compétitif que celui du programme américain, chaque avantage perçu devient immédiatement suspect.

Et quand cet avantage est aussi visible qu’un lien joueur-entraîneur, les langues se délient.

Cette double casquette de Motzko commence à inquiéter certains observateurs.

Le coach est un vétéran du circuit universitaire, respecté, mais il n’est pas à l’abri des soupçons de favoritisme.

L’inquiétude est simple : la place de Mooney dans l’alignement est-elle méritée, ou est-elle le fruit d’un traitement de faveur?

D’autant plus que Mooney n’a pas le CV typique des candidats pressentis pour cette édition du tournoi.

Oui, il a brillé par séquences au camp de développement du Tricolore.

Oui, il a ébloui par moments au sein du programme américain. 

Le constat est simple : il n’y aura pas de place pour tout le monde, et le moindre soupçon de favoritisme pourrait briser l’harmonie d’un groupe qui a encore le goût de la victoire dans la bouche.

Le problème, c’est la chaise. Il n’y a pas de place pour tout le monde dans le top-9 américain.

Et si Mooney fait l’équipe, c’est forcément au détriment d’un autre.

Et ça, ça grince des dents. Des parents s’informent. Des agents s’agitent. Des coéquipiers froncent les sourcils.

On ne le dit pas devant la caméra, mais dans les gradins, dans les textos échangés, le nom de Mooney revient souvent.

Trop souvent. Il est devenu un sujet de discussion latent, un point de tension silencieux.

Dans un vestiaire, ce genre de climat peut rapidement devenir toxique.

Même les joueurs qui n’oseraient jamais remettre en question publiquement la décision du coach peuvent, en privé, ressentir de l’amertume.

Une équipe nationale, ce n’est pas juste un groupe de joueurs. C’est une dynamique fragile, un écosystème basé sur la confiance. Et cette confiance, actuellement, est en péril.

Le contexte est d’autant plus délicat que les Américains ne sont pas en reconstruction.

Le luxe de prendre un risque sur un joueur en développement, aussi talentueux soit-il, est moindre.

Et le profil de Mooney ... petit, flamboyant, encore à apprivoiser les systèmes défensifs ... n’est pas forcément ce qui rassure dans un tournoi aussi structuré que le Mondial junior.

Et là où tout bascule, c’est quand on regarde les déclarations de Motzko lui-même dans les derniers jours.

Interrogé sur ses attentes envers Mooney, il a vanté « sa créativité, sa capacité à changer l’allure d’un match, sa fougue ».

Et surtout, il a affirmé : « Il n’y a pas beaucoup de joueurs comme lui dans notre bassin. Il est spécial. »

Ce genre de propos, quand on connaît le lien direct entre les deux hommes, met de l’huile sur le feu. Motzko croit sincèrement en Mooney ... et c’est normal, il l’a recruté pour jouer à Minnesota.

Mais du point de vue de certains autres joueurs, ce n’est plus une simple compétition pour une place. C’est un combat inégal. Un combat pipé.

On ne parle pas ici d’une tempête médiatique. Mooney est encore jeune, encore peu connu du grand public. Mais dans les cercles de hockey junior, cette situation fait jaser.

Et ce n’est pas anodin.  Le jeune ne demande rien. Il patine, il joue, il tente de se faire une place. Mais il devient, malgré lui, un point de friction.

Une figure attachante pour les fans du Canadien. Une énigme pour les analystes américains. Et un casse-tête pour le vestiaire américain.

Si Mooney performe dès le début de la saison universitaire, s’il domine avec Minnesota, alors les doutes tomberont.

Il gagnera sa place à la dure. Mais s’il se faufile dans l’équipe malgré un rendement en demi-teinte, les soupçons persisteront. Et les critiques aussi.

Car la pression ne vient pas uniquement de l’extérieur. À l’intérieur du groupe, certains attendent Mooney au tournant. Chaque présence sur la glace sera scrutée.

Chaque décision de Motzko, analysée. Et chaque but marqué ou raté, surinterprété.

Reste que pour les partisans du Canadien, cette visibilité est une bonne nouvelle. Mooney est déjà choyé par l’organisation. Il est aimé de ses coéquipiers à Montréal, proche de Caufield et Hutson.

Il incarne cette nouvelle génération rapide, flashy, sans complexe. S’il perce l’équipe américaine, ce sera une occasion de plus pour lui d’éclore sur la scène internationale.

Et même si l’histoire actuelle est teintée de controverse, elle offre une plateforme inespérée pour un jeune joueur de se faire connaître du grand public, de se forger un nom, et de bâtir sa propre histoire.

Mais l’histoire n’est pas terminée. Elle ne fait que commencer.

Parce qu’en coulisses, la pression monte. Et même si le sourire de Mooney est grand comme le Mississippi, il est de plus en plus évident qu’une tourmente s’annonce.

Une tourmente interne, américaine, mais qui, mine de rien, pourrait bien avoir des répercussions jusqu’à Montréal.

AMEN