Jake Oettinger le savait.
Dès qu’il a planté son regard dans le vide, assis sur le banc alors que son équipe jouait sa survie, il savait que sa relation avec Peter DeBoer venait d’exploser.
Pas en douceur. Pas en silence. Mais avec fracas, en direct, sous les projecteurs, comme Patrick Roy à Montréal en 1995.
Quand un entraîneur t'humilie publiquement en t'arrachant du filet après deux tirs… dans un match ultime… puis te crucifie en conférence de presse, c’est terminé.
Il n’y a plus de retour possible. Plus de confiance. Plus de respect. Plus rien.
Ce qui s’est passé à Dallas hier, c’est la version texane de la tragédie du Forum.
Jake Oettinger, gardien numéro un. Série cruciale. Match numéro 5. Deux tirs, deux buts. Et bang, au banc.
Peter DeBoer ne lui a laissé aucune chance. Il n’a pas tenté de calmer le jeu. Il n’a pas donné le bénéfice du doute.
Il l’a sorti. Et il l’a fait devant tout le monde. Devant les fans. Devant les caméras. Devant ses coéquipiers.
Pis comme si ce n’était pas assez, il est allé en conférence de presse pour lui rentrer dedans :
« Je n'ai pas rejeté toute la faute à Jake, mais la réalité est que si tu remontes jusqu'en séries l'an dernier, il a perdu six des sept matchs face aux Oilers… Et là, on accorde deux buts sur deux tirs dans un match sans lendemain. C'est un assez gros échantillon. »
Traduction libre : c’est ta faute.
Le lien de confiance est mort. Comme celui entre Patrick Roy et Mario Tremblay.
Ce n’est plus une équipe, c’est un champ de ruines psychologiques. Et dans ces situations-là, il y a toujours une seule issue : un des deux doit partir.
Et l’histoire récente de Peter DeBoer ne joue pas en sa faveur.
En 2020, alors que les Golden Knights de Vegas affrontaient les Canucks de Vancouver en séries, DeBoer a préféré Robin Lehner à Marc-André Fleury, malgré les performances solides de ce dernier.
L’agent de Fleury, Allan Walsh, a alors publié une image virale sur les réseaux sociaux : Fleury transpercé par une épée portant le nom de DeBoer, symbolisant la trahison ressentie par le gardien .
Cette décision controversée a laissé des cicatrices profondes, menant finalement au départ de Fleury de Vegas.
Logan Thompson, autre victime de DeBoer, a connu une saison exceptionnelle avec les Capitals de Washington, affichant des statistiques dignes du trophée Vézina.
Pourtant, il a été écarté de l’équipe canadienne pour le tournoi des 4 Nations.
Selon l’ancien gardien de la LNH Steve Valiquette, cette exclusion serait due à une relation tendue entre Thompson et ses anciens entraîneurs à Vegas, Peter DeBoer et Bruce Cassidy, tous deux assistants pour l’équipe canadienne.
Valiquette a déclaré : « Je ne pense pas que Cassidy et DeBoer allaient l’accepter. Ils n’ont pas eu une bonne expérience avec lui à Vegas » .
Une preuve supplémentaire que sous DeBoer, les gardiens ne sont jamais à l’abri d’une mise à l’écart, peu importe leurs performances.
Et maintenant Oettinger. Trois fois le même scénario. Trois fois, le même mépris pour ses gardiens.
L’histoire ne se répète pas toujours, mais elle rime souvent.
Et ce qui se passe à Dallas commence dangereusement à sonner comme un vers tiré droit du passé.
La différence? Patrick Roy, c’était en 1995. Oettinger, c’est en 2025.
Trente ans plus tard, un autre jeune gardien vedette voit sa relation avec son entraîneur imploser sous les projecteurs.
Mais contrairement à Roy, qui appartenait à une époque où les joueurs prenaient le contrôle de leur destin à coups de déclarations-chocs, Oettinger est prisonnier d’un contrat de huit ans.
Il ne peut pas simplement se lever et partir. Il devra attendre. Attendre que Jim Nill tranche.
Attendre que Peter DeBoer saute. Ou attendre qu’un DG courageux ose cogner à la porte des Stars pour libérer un gardien dont la valeur vient de basculer dans une zone grise.
Le regard vide d’Oettinger sur le banc n’était pas celui d’un gars dépassé.
C’était le regard d’un homme trahi. Et dans cette ligue, les blessures d’orgueil ne guérissent pas avec du ruban ou de la glace.
Elles laissent des marques. Et très souvent, elles finissent par forcer un échange.
Et si l’histoire nous a appris une chose, c’est qu’après une humiliation publique de ce calibre, ce n’est plus une question de si. C’est une question de quand.
À suivre ...