Le hockey est souvent une affaire de symboles.
Et cette nuit, un symbole fort est tombé. Nicolas Hague, le géant gaucher tant convoité au début de l'été par le Canadien de Montréal, a été échangé à Nashville avant de signer une surprenante prolongation de contrat de 4 ans à 5,5 millions de dollars par saison.
Un montant astronomique pour un défenseur de troisième paire qui n’a jamais dépassé la barre des 20 points en une saison. Et pendant que les Predators font les manchettes pour avoir surpayé un géant de 6 pieds 6 et 245 livres au profil limité, c’est à Montréal qu’un autre colosse peut enfin respirer : Arber Xhekaj.
Oui, le shérif peut aujourd’hui se remettre à rêver.
Depuis un an, Xhekaj vivait un véritable supplice. Entre les exclusions de l’alignement, les descentes en bas des gradins, les critiques voilées de Martin St-Louis et l’humiliation publique du burger “Shérif” boycotté par toute l’organisation, le monstre s’était retrouvé relégué à un rôle ingrat : celui d’un homme fort qu’on garde en réserve, mais qu’on ne soutient pas. Et surtout, un homme que le coach semblait vouloir effacer.
La pire insulte étant survenue en pleine conférence de presse, quand Martin St-Louis nia froidement que quiconque dans le vestiaire l’appelait “le Shérif”.
Une déclaration mesquine, gratuite, qui trahissait le mépris latent du coach pour la popularité du joueur auprès du public québécois.
Lorsque les rumeurs ont éclaté que le CH était très agressif pour acquérir Nicolas Hague, la panique a gagné le camp Xhekaj.
Un joueur de gabarit similaire, encore plus grand et plus gros que lui, au style défensif plus discipliné, sans le lourd bagage médiatique d’un héros populaire comme Arber.
Il y avait là un remplacement parfait, un sosie docile qui ne ferait pas de vagues, ne lancerait pas de burger et ne vendrait pas d’identité publique.
Et c’est ce qui rend la nouvelle d’aujourd’hui si symbolique, si libératrice.
Pour obtenir les services de Hague, les Predators ont cédé deux vétérans : le défenseur québécois Jérémy Lauzon (28 ans) et le centre Colton Sissons (31 ans).
Lauzon, un gaillard de 6 pieds 3 pouces et 225 livres, a vu sa saison 2024-25 être amputée de 44 matchs en raison d’une blessure au bas du corps.
Il n’a disputé que 28 rencontres. Quant à Colton Sissons, joueur de centre droitier âgé de 31 ans, il est reconnu comme un plombier fiable, efficace sur le quatrième trio et en désavantage numérique.
Cette transaction permet à Vegas de libérer de la masse, aloes qu'on parle de 3,4 millions en salaire combiné pour ces deux joueurs (pour seulement un an), comparativement aux 5,5 millions par saison pour quatre ans que Nashville s’apprête à verser à Hague. (les Preds retiennent 50 pour cent du salaire de Sissons)
C’est un échange de libération de masse salariale à long terme pour les Golden Knights, qui se préparent manifestement à frapper un grand coup sur le marché avec Mitch Marner.
Soyons clairs : si Nicolas Hague avait été acquis par le Canadien, Arber Xhekaj aurait été sacrifié. C’était inévitable. Le CH n’allait pas garder deux colosses gauchers de troisième paire, surtout avec une brigade déjà encombrée à gauche.
Dans ce contexte, l’arrivée de Hague aurait relégué Xhekaj dans les gradins ou l’aurait carrément envoyé sur le marché car les rumeurs l'envoyaient à Vegas.
Ce n’est pas une opinion, c’est une réalité que tout le monde dans le vestiaire savait, à commencer par Xhekaj lui-même.
Et c’est pour ça que cette transaction vers Nashville, et non Montréal, est vécue comme une délivrance personnelle par le #72. La menace directe s’est évaporée. Arber n’est plus un pion en attente d’exécution. Il est de nouveau un soldat en service actif.
Cette transaction Nashville-Las Vegas vient clairement de transformer un cauchemar en rêve pour Xhekaj.
Le Canadien a envoyé un message fort et inattendu à son défenseur : tu es encore dans nos plans.
Kent Hughes, malgré tous les doutes, malgré certaines offres pour Jordan Kyrou qui incluent Jayden Struble, n’a jamais impliqué Xhekaj.
Et maintenant que Hague est à Nashville, que Mike Matheson semble sur le marché (vers Edmonton) et que Jayden Struble n’a toujours pas signé son contrat malgré une offre qualificative, la voie est grande ouverte pour que Xhekaj reprenne sa place sur la troisième paire du CH.
La brigade défensive du Canadien est talentueuse mais terriblement 'soft". Noah Dobson est une merveille offensive, mais il ne frappe pas.
Lane Hutson est un petit génie, mais il est minuscule. Alexandre Carrier est intelligent, mais n'est pas le plus robuste.
Kaiden Guhle, malgré son intensité et ses mises en échec. n’a pas la brutalité naturelle d’un Arber Xhekaj.
Dans un contexte comme celui-là, Xhekaj devient non seulement utile, mais essentiel.
Pendant ce temps, Martin St-Louis retourne sa veste?
Comme si le destin voulait tout aligner pour offrir une rédemption parfaite, voilà que Martin St-Louis lui-même vient d’accorder une entrevue où il vante les qualités de Xhekaj.
Il parle de son “toolbox”, de son potentiel, de sa progression. Il laisse entendre qu’il “croit en lui”, qu’il est “prêt à travailler avec lui”.
Cette soudaine illumination a provoqué un malaise généralisé sur les réseaux sociaux. Les partisans ne sont pas naïfs. Ils se souviennent. Ils se souviennent des estrades, de l’humiliation, du boycott du burger, du surnom “Shérif” piétiné. Et maintenant, Martin se pose en mentor affectueux?
C’est le monde à l’envers. Mais paradoxalement, c’est aussi une victoire morale pour Xhekaj.
Autre signe qui confirme que le ciel s’éclaircit pour Xhekaj : le cas Jayden Struble. Ce dernier a reçu une offre qualificative, mais n’a toujours pas signé. Les négociations sont en cours.
Tel que mentionné plus tôt, selon plusieurs sources, il aurait même été proposé dans plusieurs offres pour Jordan Kyrou, preuve qu’il ne fait plus partie des plans prioritaires du CH.
Struble, bon ou moyen dans toutes les facettes du jeu, ne fait rien d’exceptionnel. Et dans un alignement où Hutson, Guhle, Dobson, Carrier et Xhekaj amènent chacun une identité claire, Struble devient de trop?
Arber Xhekaj n’est pas naïf. Il sait que rien n’est jamais garanti dans la LNH. Mais aujourd’hui, il a toutes les raisons du monde de se remettre à croire.
Le départ de Hague à Nashville, l’absence d’autre colosse gaucher, la fin probable de Mike Matheson à Montréal, les doutes sur Struble, et la soudaine ouverture de Martin St-Louis à son égard, tout indique une chose : le Shérif est de retour.
Et cette fois, il ne demande pas l’amour du coach ou des caméras. Il veut juste la glace.
Arber Xhekaj, contre toute attente, est encore là. Et il n’a jamais été aussi prêt à reprendre ce qui lui revient.