Transaction de Carey Price: Nick Suzuki crée la commotion

Transaction de Carey Price: Nick Suzuki crée la commotion

Par David Garel le 2025-08-21

Le capitaine du Canadien de Montréal, Nick Suzuki, a rarement été aussi clair. Et pourtant, il n’a rien dit directement.

Le capitaine a pris la parole en marge du tournoi de golf de la Fondation Asista, un événement caritatif dont il est le visage depuis maintenant trois ans.

Ce n’était pas une conférence de presse officielle au Centre Bell, mais bien une sortie publique où il a choisi de s’adresser directement aux partisans et aux médias sur ses attentes pour la saison à venir.

Et indirectement... à Kent Hughes...

Il a suffi d’un seul message pour déclencher une onde de choc dans l’organisation. Une déclaration sans pitié, traduite ainsi :

« Nous avons un noyau solide, mais il est temps de penser sérieusement à la suite. Nous ne pouvons pas éternellement nous cacher derrière le passé. »

Ces quelques mots, prononcés dans la langue sobre et mesurée de Suzuki, sont devenus en l’espace de quelques heures un véritable ultimatum voilé lancé à son directeur général, Kent Hughes.

Et derrière cette sortie médiatique calculée, un nom revient sans cesse : Carey Price.

Car oui, le spectre du gardien légendaire, et surtout de son contrat, plane toujours sur la reconstruction du Tricolore.

Et ce message de Suzuki a tout l’air d’une mise en garde : tant que l’équipe ne réglera pas une fois pour toutes la question Carey Price, il sera impossible d’avancer.

Tout le monde dans les coulisses de la LNH le sait : le contrat de Carey Price ne peut être transigé qu’après le 1er septembre 2025.

Le gardien a droit à un bonus de 5,5 millions $ qui est versé le 1er septembre.

C’est pour ça que le Canadien attend toujours cette date avant de bouger : une fois le chèque encaissé, Price ne coûte presque plus rien en argent réel. (seulement 2 millions et les assurances vont payer 60 pour cent de ce montant).

D’ici là, Kent Hughes a les mains liées. Mais dès que cette date charnière sera franchie, les négociations vont s’accélérer.

Chris Johnston, insider respecté, a déjà laissé entendre que plusieurs équipes sont prêtes à prendre le contrat de Price en échange d’actifs précieux, tant la formule peut les aider à atteindre le plancher salarial ou à se donner de la flexibilité.

Les Sharks de San Jose, les Blackhawks de Chicago et même les Penguins de Pittsburgh sont mentionnés comme les destinations dans la course.

La beauté de la chose, c'est que Kent Hughes n'aura rien à payer en terme d'éléments pour une transaction. Pour gonfler artificiellement sa masse salariale sans avoir à payer réellement l’équivalent, c'est tout simplement parfait pour des équipes en reconstruction qui veulent atteindre le plancher salarial lorsque la date limite des transactions approchera.

Le contrat de Price est l'arme parfait pour tout détruire... afin de reconstruire...

Suzuki n’a pas choisi ses mots au hasard. Sa déclaration est interprétée comme un double message :

À Kent Hughes : « Il est temps d’agir, de libérer de la place, de trouver un vrai deuxième centre et d’arrêter de repousser les décisions difficiles. »

Aux partisans : « Nous voulons gagner. Nous ne voulons plus être prisonniers d’histoires de loyauté ou de nostalgie. »

Cette sortie a choqué par sa rareté. D’ordinaire, Suzuki joue la carte du capitaine modèle, du politicien prudent qui ne froisse personne. Mais cette fois-ci, il a pris un risque. Et ce risque, c’est de dire à son organisation : la patience a assez duré.

Le timing du message est d’autant plus lourd de sens que Kirby Dach est toujours porté disparu. Absent de Brossard, absent des réseaux sociaux, incapable de rassurer ses partisans ou même de montrer qu’il s’entraîne, Dach est devenu une énigme.

Dans ce contexte, Suzuki voit clair : si le Canadien veut sérieusement prétendre aux séries dans les prochaines années, il lui faut un centre numéro deux fiable. Et si Dach ne peut pas incarner ce rôle, alors Hughes doit aller le chercher ailleurs.

C’est là que reviennent les noms de Mason McTavish (Anaheim), Casey Mittelstadt (Boston) et Pavel Zacha (Boston). Tous ont été associés au CH par des rumeurs persistantes.

Ces scénarios ne sont pas anodins : ils montrent que la haute direction explore activement des pistes pour renforcer son centre.

Derrière le rideau, des informations ont filtré. Lors du dernier Combine à Buffalo, Hughes et Jeff Gorton auraient eu des discussions prolongées avec Mike Matheson. Objectif : évaluer s’il accepterait un contrat à rabais et à court terme pour rester à Montréal.

Pourquoi? Parce que si Matheson accepte, cela consolide le côté gauche de la défense (avec Hutson, Guhle, Struble, Xhekaj et Engstrom).

S'il refuse, il pourrait être sacrifié.

Dans un univers médiatique déjà survolté, TVA Sports a mis de l’huile sur le feu en évoquant ouvertement les scénarios impliquant Mittelstadt et Zacha. Selon lui, le Canadien ne peut pas aborder une autre saison avec un trou béant derrière Suzuki.

De son côté, RG Média est allé encore plus loin en avançant que le dossier Carey Price est devenu une condition sine qua non pour la suite. Tant que Price restera dans les livres, les transactions seront limitées et les manoeuvres risquées.

Le message est clair : Suzuki a raison. Il faut passer à autre chose. Il faut échanger Carey Price coûte que coûte.

Cette transaction ne sera pas sportive, mais administrative. Pourtant, il sera le geste fondateur de la nouvelle ère Suzuki-Hughes.

Chaque jour qui passe sans nouvelles de Kirby Dach alimente les spéculations. Suzuki, en capitaine lucide, sait que la fenêtre d’opportunité ne restera pas ouverte éternellement. Le public commence à perdre patience, les médias s’enflamment, et la direction n’a plus le luxe d’attendre.

La pression est immense : soit Hughes frappe un grand coup après le 1er septembre, soit Suzuki pourrait perdre la confiance de son vestiaire. Et à Montréal, un capitaine qui perd la chambre, c’est un désastre annoncé.

Nick Suzuki n’est pas du genre à faire des vagues. Mais en choisissant ce moment précis pour parler, il a frappé un coup de tonnerre. Il a dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas : le Canadien doit tourner la page Carey Price et trouver enfin un deuxième centre.

L’organisation est donc à la croisée des chemins. Si Hughes réussit son pari, soit transiger Price, libérer de l’espace, ajouter un McTavish, un Mittelstadt ou un Zacha, le Canadien pourra entrer dans une nouvelle ère.

Si, au contraire, il échoue, le message de Suzuki restera comme le début d’une fracture entre le capitaine et son DG.

Le 1er septembre 2025 ne sera pas qu’une date comptable. Ce sera le jour où le Canadien décidera, enfin, s’il veut être tourné vers l’avenir ou s’il préfère s’accrocher à un passé glorieux mais paralysant.

Et dans cette équation, Nick Suzuki a pris les devants : il a placé la pression directement sur Kent Hughes et Geoff Molson.