C’est une décision qui aurait pu passer sous le radar, une simple formalité administrative comme il s’en produit chaque été.
Et pourtant, à 17h pile, le Canadien de Montréal a semé un indice lourd de sens : Cayden Primeau a reçu une offre qualificative, tout comme Jakub Dobes, Jayden Struble, Sean Farrell et William Trudeau.
À première vue, rien de spectaculaire. Mais pour ceux qui savent lire entre les lignes, c’est peut-être l’aveu d’un plan bien plus vaste. Un plan où Primeau ne fait plus partie de l’avenir du CH… mais où il représente encore une monnaie d’échange stratégique.
Offrir une offre qualificative, ce n’est pas un gage de confiance. C’est une manœuvre tactique. Cela signifie que Kent Hughes n’a pas l’intention de laisser Cayden Primeau partir gratuitement.
Point. À 25 ans, malgré son statut précaire dans l’organigramme, Primeau a encore de la valeur. Et dans un marché des gardiens aussi désert que le Sahara, cette valeur vient d’exploser.
L’an dernier, le même Primeau avait dû se battre pour chaque minute devant le filet. Jakob Dobes, plus jeune, plus fringant, lui volait la vedette à Laval, puis est venu le remplacer à Montréal.
À Montréal, Samuel Montembeault prenait sa place comme numéro un. Primeau est devenu le troisième violon d’un orchestre qui n’avait pas besoin de lui.
Mais cet été, le vent tourne. Le CH serait à la recherche d'un gardien d'expérience selon Frank Seravalli.
Dobes pourrait retourner à Laval pour prendre de l’expérience aux côtés de Jacob Fowler ou seconder Montembeault.
Et soudainement, Cayden Primeau devient une pièce stratégique dans une immense partie d’échecs.
Les Hurricanes seraient intéressés au jeune gardien.
Les Canes n’ont plus le luxe de se fier à Frederik Andersen. À 35 ans, le vétéran est à sa dernière année de contrat à 2,75 M$.
Son corps le trahit de plus en plus souvent, et les rumeurs de retraite se multiplient. En parallèle, Piotr Kochetkov prend tranquillement les commandes du poste de numéro un, mais il lui faut un partenaire solide, jeune, et capable d’épauler dans les moments critiques.
Cayden Primeau, malgré son statut de projet inachevé à Montréal, représente exactement ce type de profil : un gardien à relancer, encadré dans un système structuré, sans pression médiatique. Pour la Caroline, ce serait un pari parfait. Et pour Primeau, c’est peut-être enfin le contexte idéal pour exister.
Mais les Canes sont loin d'être seuls sur le dossier.
Ce n’est pas un secret pour personne : les Flyers de Philadelphie veulent Cayden Primeau. Depuis plus d’un an, les échos se multiplient. Lien familial? Oui. Cayden est le fils de Keith Primeau, ex-capitaine adoré des Flyers. Mais il ne s’agit pas seulement de nostalgie. C’est une obsession hockey.
Daniel Brière, directeur général des Flyers, sait ce que c’est qu’une équipe sans gardien stable. Il l’a vécu. Les années Bryzgalov, Boucher, Leighton et cie ont laissé des cicatrices.
Depuis Ron Hextall, Philadelphie cherche désespérément un vrai numéro un. Et aujourd’hui, le plan est clair : Primeau serait une option économique pour tenter de régler le problème qui perdure depuis des lunes devant le filet à Philadelphie.
Avec Samuel Ersson qui a besoin de support tellement il a choké la saison dernière et Ivan Fedotov qui pourrait retourner dans la KHL à tout moment, lui qui semble avoir le mal du pays, les Flyers ont besoin de solidité. Et ils croient, dur comme fer, que Primeau peut offrir cette stabilité en se partageant le filet avec Ersson.
Il suffit de lui offrir le bon environnement. Un filet. Une ville. Une confiance.
Kent Hughes n’est pas naïf. Il sait que Primeau n’a plus d’avenir à Montréal. Mais il sait aussi qu’il peut l’utiliser pour combler d’autres besoins.
Quel que soit le retour, il vaut mieux que zéro. Et pour obtenir quelque chose, il fallait protéger les droits de Primeau en lui soumettant une offre qualificative.
Cette offre, ce n’est pas une promesse. C’est une carte de poker. Et les Flyers sont à la table.
Autre détail intrigant : les Oilers d’Edmonton ont un besoin criant devant le filet. La situation de Stuart Skinner est précaire. Calvin Pickard n’est pas la solution. Et même si Olivier Rodrigue progresse dans la Ligue américaine, le club veut gagner maintenant. Il n’a pas le luxe d’attendre.
Surtout, l'équipe n'aura jamais assez de gardiens et Primeau offre une option abordable, alors que McDavid, Draisaitl, Bouchard et Hyman et Nurse occupe plus de 48 pour cent de la masse salariale.
Primeau viendrait combler un besoin... pour des peanuts..
Si Kent Hughes réussit à créer une mini-enchère entre la Caroline, Edmonton et Philadelphie, il pourrait obtenir un petit quelque chose pour Primeau.
Le geste de Hughes est donc clair et net : Primeau est sur le marché. Et les clubs intéressés sont prévenus : il n'est pas à donner.
Et n’oublions pas ce que Primeau représente. Un gardien de 25 ans, qui a déjà dominé dans la AHL, qui affiche un pourcentage d’efficacité de ,927 sur 26 matchs à Laval cette année. Il n’est pas un espoir comme les autres. Il a les outils. Il a l’expérience. Il a surtout le talent pour devenir un gardien de la LNH établi.
Il doit juste arrêter de "choker" sa vie, comme il l'a fait en séries à Laval (maigre 878 de pourcentage d'efficacité).
Avec les offres qualificatives qui viennent de tomber et l’ouverture du marché des agents libres qui s'ouvre dans quelques heures, Hughes a ouvert la porte à une transaction qui pourrait survenir dès cette semaine. Il a sécurisé son actif. Maintenant, il écoute les appels.
Et qui est le plus grand défenseur de Primeau à Laval depuis deux saisons? Pascal Vincent. C’est lui qui déclarait encore récemment :
« Pour moi, c’est un gardien de la LNH. C’est inimaginable pour moi qu’il ne devienne pas un gardien de la LNH. Il est trop dominant chez nous pour que ce ne soit pas le cas. »
Pour Primeau, la suite est déjà écrite. Ce n’est pas une tragédie, mais une libération. Il a été un bon soldat, mais qui n'a pas su saisir sa chance. Il a attendu. Il a patienté. Mais le CH a tourné la page.
Jacob Fowler est désormais le visage de l’avenir devant le filet. Dobes prend les minutes de développement. Et Montembeault est le présent.
Il n’y a plus de place pour lui dans cette structure.
C’est peut-être la dernière ligne du chapitre montréalais de Cayden Primeau. Et ce chapitre se termine non pas dans la honte, mais dans la dignité.
Primeau doit avoir des sentiments partagés. D'un côté, ne pas recevoir d'offre qualificative l'aurait rendu libre comme l'air.
Mais au moins, le fait de recevoir cette offre, lui assure un salaire de la LNH... et une transaction...