Transaction de Jesperi Kotkaniemi: sa dernière chance

Transaction de Jesperi Kotkaniemi: sa dernière chance

Par David Garel le 2025-07-31

C’était écrit dans le ciel. Gravé dans la glace. Jesperi Kotkaniemi allait être racheté par les Hurricanes de la Caroline.

Les chiffres parlaient d’eux-mêmes. Le timing était parfait. Il avait encore 25 ans, donc rachetable au tiers de son contrat, ce qui représentait une économie de 20 millions de dollars pour l’organisation.

Son rendement était catastrophique. Son statut dans le vestiaire, au plus bas. Les coéquipiers l’évitaient. Les entraîneurs n’avaient plus confiance.

Les partisans le huaieny. Il n’était même plus un sujet de débat à Raleigh, mais un dossier classé. Le rachat était non seulement inévitable, il était nécessaire.

Et pourtant.

Contre toute attente, la saga KK vient de prendre un tournant aussi inattendu que spectaculaire : il pourrait être échangé.

Après avoir été désigné à la télévision comme le principal responsable de l’effondrement des Hurricanes en séries éliminatoires, alors que l'analyste Kelly Hrudey l’a carrément appelé « une honte » en direct à Hockey Night in Canada, voilà que des rumeurs crédibles envoient Jesperi Kotkaniemi à Vancouver.

Tout le monde croyait connaître la suite : une procédure administrative entre le 15 et le 30 juin, suivie d’un long communiqué de presse tiède pour enterrer l’échec d’un pari raté.

Mais une clause dans la convention collective change tout : tant que le joueur n’a pas 26 ans, le rachat de contrat coûte un tiers de la valeur restante.

Or, Kotkaniemi a 25 ans. Cela signifie que l’équipe a encore une fenêtre d’un an, et pourrait décider de le racheter l’été prochain plutôt que maintenant, espérant tirer au moins une pièce de monnaie de la poche trouée qu’il est devenu.

Et justement, une équipe semble intriguée par l’idée : les Canucks de Vancouver, alors que la formation cherche désespérément un centre

Il faut comprendre le contexte : les Canucks ont tenté le tout pour le tout pour obtenir Marco Rossi, le jeune centre autrichien du Wild du Minnesota.

Une offre alléchante a été mise sur la table : le 15e choix au total du prochain repêchage, ainsi qu’un jeune espoir que le Wild appréciait. Mais Minnesota a dit non.

Or, Rossi n’est toujours pas signé. Et Vancouver, qui voit son noyau entrer dans une fenêtre de compétition sérieuse, a besoin d’un centre dans l’immédiat.

C’est dans ce contexte que le nom de Jesperi Kotkaniemi refait surface. Une rumeur improbable il y a à peine une semaine. Un scénario risible il y a deux mois. Mais aujourd’hui? Une possibilité réelle.

Pourquoi un échange, et non un rachat?

Parce qu’un rachat, même à un tiers, laisse une trace sur la masse salariale jusqu’en 2036. Un fardeau étalé sur 10 saisons. Alors que dans une transaction, la Caroline peut retenir du salaire pendant 5 ans seulement, et se libérer plus rapidement.

Et surtout : la Caroline veut encore croire qu’elle peut sauver la face. Obtenir un retour, aussi minime soit-il. Un choix de quatrième ronde. Un autre contrat problématique. Un changement de décor.

Bref, s’épargner l’humiliation d’un rachat.

Pour bien comprendre à quel point cette histoire a basculé, il faut rappeler l’ampleur du désastre.

Repêché 3e au total en 2018 par le Canadien de Montréal, Kotkaniemi a toujours donné l’impression d’avoir été propulsé trop vite dans la LNH. Il n’avait ni le physique, ni la maturité, ni l’éthique de travail pour suivre le rythme.

À Montréal, ses lacunes ont été masquées par un bon début en séries en 2020, mais rapidement, le mirage s’est dissipé.

Et en 2021, il a accepté une offre hostile de la Caroline, 6,1 M$ pour une saison, suivie d’un contrat de 38,5 M$ sur 8 ans. 

Depuis, c’est la chute libre.

Un seul but à ses 36 derniers matchs.

29 matchs éliminatoires sans toucher la cible.

Aucune utilité dans aucune facette du jeu.

Une attitude arrogante, souriante, déplacée.

Et surtout, une dépendance maladive à sa mère, qui continue de gérer son quotidien comme s’il avait 12 ans. À Montréal, c’était elle qui faisait le lavage, la bouffe, les appels. En Caroline, elle reste une présence omniprésente et dérangeante.

Les coéquipiers, au départ indulgents, sont désormais excédés. Il s’est isolé. Il est devenu le running gag du vestiaire.

Le point de non-retour est survenu lors du match décisif contre les Panthers de la Floride. Kotkaniemi, alors que les Hurricanes avaient l’élan, a écopé d’une punition stupide, loin du jeu. Quelques secondes plus tard, égalité. Puis le but de la victoire. Et la saison s’est envolée.

Rod Brind’Amour n’a pas osé le dire, mais il a tout dit :

« No comment. Parce que si je commente, je vais le regretter. »

Kelly Hrudey a, lui, été plus clair :

« C’était une des décisions les plus idiotes que j’ai vues en séries. C’est honteux. »

Et Elliotet Friedman, souvent modéré, a concédé :

« S’il est encore dans la LNH en octobre, ce sera un miracle. »

Alors pourquoi Vancouver?

Parce que l’équipe n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. Parce que Kotkaniemi ne coûterait presque rien si les Hurricanes retiennent une portion du salaire.

Parce que le DG Patrick Allvin croit encore qu’on peut redresser certains jeunes en perte de repères.

Et il faut le dire : si Kotkaniemi renaît quelque part, ce ne sera pas en Caroline.

Il lui faut un nouveau départ. Un système simple. Un encadrement serré. Et un ultimatum : ça passe ou ça casse.

Et Montréal?

Évidemment, certains partisans du Canadien ont posé la question. Et s’il revenait?

La réponse est NON.

Kent Hughes ne veut rien savoir.

Martin St-Louis non plus.

Le Canadien a a une culture de travail à protéger. Kotkaniemi est l'opposé du message prôné à Montréal.

On ne veut pas d'un joueur lâche comme KK. 

Peut-être aura-t-il une neuvième vie. Un dernier souffle. Un dernier appel à la maturité. Mais le sablier est presque vide.

La LNH n’est pas un jardin d’enfants. Si KK est échangé à Vancouver ou ailleurs, espérons qu'il n'invite pas sa mére trop vite.