Transaction de Mike Matheson: Jeff Gorton cause la surprise

Transaction de Mike Matheson: Jeff Gorton cause la surprise

Par Marc-André Dubois le 2025-07-14

C'est un coup de tonnerre dans le ciel montréalais : Jeff Gorton est monté au front avec un ton sérieux, pour mettre fin à la rumeur la plus persistante de l'été.

Non, Mike Matheson ne sera pas échangé. Pas à Saint-Louis dans un package pour Jordan Kyrou. Pas à Anaheim dans une offre pour Mason McTavish. Et surtout pas à Edmonton contre Ryan Nugent-Hopkins. C'est la fin d'une saga et le début d'une affirmation : Matheson est à Montréal pour y rester.

Dans une entrevue exclusive accordée à RG Media, Gorton n'y est pas allé par quatre chemins.

« Quand on regarde notre défensive avec Matheson, ça me semble vraiment solide. Il apporte un peu de tout. Si on regarde son travail depuis son arrivée à Montréal, il a été très bon. »

Malgré les critiques, les rumeurs et l'incertitude autour de son contrat qui se termine dans un an, Mike Matheson a toujours répondu présent.

Jouant parfois jusqu'à 25 minutes par soir, il a été, selon Gorton, « un pilier ». Il tue des punitions, affronte les meilleurs trios adverses et ne se plaint jamais, même quand on lui retire le premier avantage numérique pour faire de la place à Lane Hutson.

« Lors de sa première saison, il a été très solide. Puis l'année suivante, il a fait 62 points. L'an dernier, avec l'émergence de Lane, il a pris un pas de recul offensivement, mais c'était pour aider Lane. Mike est un gars solide, un leader, il a été très important pour nous. »

Ces propos viennent contredire toute l’analyse faite par plusieurs observateurs, qui croyaient que la congestion à gauche (Hutson, Guhle, Xhekaj, Struble, Engstrom) allait forcer le CH à effectuer une transaction. Mais Gorton révèle une donnée capitale : il voit Matheson évoluer aux côtés de Noah Dobson.

Oui, Noah Dobson. Le défenseur étoile acquis au prix fort lors du repêchage, avec un contrat de 8 ans à 76 millions $. Gorton envoie ainsi un message clair et sans détour : il veut que la première paire soit Matheson-Dobson. Une paire équilibrée, expérimentée, mobile.

Mais cette annonce soulève d'autres questions : que fera-t-on avec Kaiden Guhle, qui mérite aussi un poste dans le top 4? Avec qui jouera-t-il? Avec Lane Hutson (deux gauchers) ? Alex Carrier? Lane Hutson sur une troisième paire avec Arber Xhekaj? Cela ne fait pas de sens.

Rien n'est clair. Tout est congestionné.

Mais ce qui est clair, c'est que Mike Matheson, malgré les rumeurs, est vu par l'organisation comme une pièce centrale.

« Aucune décision n'a été prise sur Mike en ce moment. Il lui reste un an de contrat, mais il a été très solide pour nous. »

On comprend aussi que Gorton tente de bâtir une culture.

« Il y a des façons de contourner les impôts au Québec », dit-il, « mais ce qu'on vend, c'est l'histoire du club, la ville de Montréal, les jeunes qu'on a, notre personnel d'entraînement. »

Jeff Gorton croit à la nouvelle image du Canadien. Il croit que Montréal peut redevenir une destination, malgré les taxes. Et le fait que Dobson ait refusé plus d'argent à Columbus pour venir ici est un signe que le vent tourne.

Et peut-être est-ce aussi pour cette raison qu'il tient tant à garder Mike Matheson. Parce qu'on ne peut pas prétendre être un endroit stable, attirant, s’il faut échanger nos leaders à chaque été.

Alors, que les rumeurs s’éteignent : Matheson n’ira pas à Edmonton, ni à Anaheim, ni à Saint-Louis. Le défenseur de 31 ans, même sans prolongation, est encore dans les plans. Et Gorton l’a dit : « On verra la prochaine étape pour lui, mais on est très conscients de ce qu’il nous apporte. »

Un démenti rare. Une déclaration forte. Et un répit, peut-être temporaire, pour Mike Matheson dans la jungle montréalaise.

Il est aussi fascinant de constater à quel point Jeff Gorton reste évasif, voire prudent, lorsqu’on l’interroge sur le poste de deuxième centre.

À aucun moment dans l’entrevue il ne mentionne le nom de Kirby Dach, ni celui d’Alex Newhook, ni celui de Zachary Bolduc. Il se contente de déclarer :

« Beaucoup de gens parlent du centre, mais nous avons des centres dans notre organisation, et nous sommes confortables avec ça pour le camp. »

Une déclaration qui en dit long. Gorton ne veut pas vendre de rêve. Il ne veut pas s’avancer sur une promesse. Il se protège. Et c’est justement ce silence qui trahit tout : le Canadien n’a pas de deuxième centre établi, et les solutions internes, à commencer par Dach, n’ont visiblement pas convaincu la direction.

« Je pense que nous sommes à l’aise. On sait qu’on n’est pas un produit fini. »

« On va continuer de regarder et de tenter d’améliorer notre équipe, comme toujours. Beaucoup de gens parlent des centres, mais nous avons des centres dans notre organisation et nous sommes à l’aise avec ça en vue du camp. »

« J’ai déjà mentionné qu’on ne voit pas la journée d’ouverture comme la fin du moment où l’on peut changer notre alignement. Il y a plusieurs équipes dans la ligue qui ajoutent des joueurs après cette date, jusqu’à la date limite. Donc nous sommes à l’aise avec là où on est rendu et avec les mouvements qu’on a faits. »

De voir Gorton nier la transaction de Matheson est d’autant plus étrange quand on pense à la valeur de Mike Matheson. Un défenseur québécois de 31 ans, mobile, capable de jouer 25 minutes par soir, excellent en désavantage numérique, fiable contre les meilleurs trios adverses.

C’est exactement le genre de joueur qu’on sacrifie pour aller chercher un vrai centre top 6. Surtout si ce défenseur est en fin de contrat, sans prolongation à l’horizon. Surtout si l’on veut accélérer la reconstruction. Et pourtant, Gorton est formel :

Il insiste : « Il y a peu de choses qu’il ne fait pas. »

Or, c’est là le paradoxe : si Matheson est si bon, pourquoi ne pas maximiser sa valeur? Pourquoi ne pas l’utiliser comme monnaie d’échange pour débloquer un dossier comme Mason McTavish, Anthony Cirelli ou même Jordan Kyrou?

Pourquoi refuser d’inclure Matheson dans une transaction 1 contre 1 avec Ryan Nugent-Hopkins, alors que les Oilers sont désespérément à la recherche d’un défenseur de sa trempe?

La réponse de Gorton? Un attachement presque sentimental. Il parle de Matheson comme d’un « leader », d’un « gars solide », d’un pilier. Il évoque sa production offensive, tout comme sa capacité à jouer contre les meilleurs joueurs adverses.

« Bien sûr, il reçoit des critiques de temps à autre, mais il joue parfois jusqu’à 25 minutes par match, non? Il est énorme pour nous en ce moment, et on en est tous bien conscients. »

On sent un respect profond. Une loyauté. Peut-être même une hésitation à tourner la page trop vite. Mais est-ce une bonne gestion d’actif?

Gorton en profite pour rappeler que Montréal redevient attrayante. Il parle du prestige de la franchise, de la présence d’un jeune noyau dynamique, du travail de Martin St-Louis.

« Nous sommes excités par Montréal et par la direction que nous prenons, et j’ai le sentiment que, dans la ligue, les gens commencent à nous remarquer. »

Autrement dit, après des années d’ombre, le Canadien devient à nouveau une destination. Et Gorton compte bien utiliser cela pour séduire les grandes vedettes.

Mais encore faut-il savoir quoi faire avec Mike Matheson. Encore faut-il se décider à l’échanger ou à le prolonger. Encore faut-il ne pas le bloquer… tout en bloquant Lane Hutson et Kaiden Guhle dans le processus.

Parce que plus les jours passent, plus une vérité s’impose : Mike Matheson est un luxe que le Canadien ne peut plus vraiment se permettre.

Et plus Jeff Gorton nie la possibilité d’un échange, plus cette position semble ridicule.