Transaction de Montréal-Pittsburgh: Sidney Crosby sort de son silence

Transaction de Montréal-Pittsburgh: Sidney Crosby sort de son silence

Par Marc-André Dubois le 2025-05-14

On l’attendait comme un miracle estival. Comme une délivrance pour un peuple de hockey affamé de grandeur. On le rêvait déjà en bleu-blanc-rouge, le «C» brodé sur la poitrine, menant Ivan Demidov vers des sommets jamais atteints depuis 1993.

Mais Sidney Crosby, en direct du Championnat mondial à Stockholm, a lancé une bombe glaciale: il reste un Penguin. Il le dit. Il le répète. Et ça fait mal.

«Je suis un Penguin. J’ai toujours été un Penguin. Et je vais finir Penguin.»

Bang.

Le Québec rêvait. Le Québec espérait. Le Québec construisait des scénarios complexes pour faire débarquer la plus grande icône canadienne du hockey moderne à Montréal. Et Sidney Crosby vient d’éteindre la flamme d’un seul souffle. Brutal. Froid. Sans appel.

Dany Dubé en avait fait une croisade. Sur les ondes du 98,5 FM, dans ses chroniques, il disait que c’était maintenant ou jamais. Que le destin de Crosby ne pouvait pas se terminer dans l’anonymat de Pittsburgh, une équipe moribonde, éliminée trop souvent dès avril. Que Montréal, Vegas ou Los Angeles — ces trois grands marchés — étaient les seules destinations dignes de la légende.

«Je suis convaincu que Crosby va finir à Montréal», disait-il, sûr de son coup, certain que la fraternité entre superstars, la solidarité entre joueurs de la vieille école, allait écarter le Colorado de la course.

«La façon dont l’Avalanche a traité Mikko Rantanen a dégoûté tous les grands joueurs», avait-il balancé.

Et c’était vrai. Rantanen, largué en pleine saison malgré ses années de loyauté, puis ré-échangé de la Caroline jusqu’au Texas, avait servi de leçon.

Crosby, homme de fidélité, aurait été incapable de s’associer à une organisation aussi volatile et aussi cruel envers un joueur vedette.

Mais voilà que Sid sort du silence. Et au lieu de tendre la main à Montréal, il la referme sur les cœurs des partisans du CH.

En entrevue avec Chris Johnston pour The Athletic, Crosby a aussi surpris en déclarant qu’il ne voulait aucun rôle dans la sélection du prochain entraîneur-chef à Pittsburgh. Une déclaration aussi rare qu’étonnante.

«Non. Je ne veux pas m’impliquer. Ce n’est pas mon rôle», a-t-il lâché sèchement.

Même quand Johnston a insisté, même quand la possibilité de nommer Rick Tocchet — un de ses mentors — a été évoquée, Crosby a coupé court.

«Je suis un joueur de hockey. Pas un gérant. Pas un entraîneur.»

Et pourtant, tout le monde sait que si Crosby voulait choisir l’entraîneur, Dubas lui remettrait les clés du vestiaire. Mais non. Crosby veut gagner, pas gouverner.

Et c’est justement ce refus de mettre de la pression sur son DG qui brise les rumeurs de départ: s’il restait un espoir qu’il cherche à se faire échanger, c’est maintenant envolé.

Il reste à Pittsburgh. Point.

Ce que cette sortie ne dit pas, c’est à quel point Kent Hughes pourrait tout tenter dans l’ombre pour rendre ce rêve possible.

Le DG du Canadien aurait-il préparé une offre contenant les choix 16 et/ou 17, Logan Mailloux et d'sutres éléments?

Une bombe transactionnelle qui aurait pu forcer les Penguins à réfléchir. Mais Crosby lui-même a barré la route.

Sa clause de non-mouvement est béton. Et contrairement à d’autres vedettes, il ne veut pas partir à la chasse à la Coupe ailleurs. Il veut la gagner là où il a tout bâti. Quitte à ne jamais la regagner.

Un choix de cœur. Un choix de fidélité. Un choix qui, aux yeux de bien des fans du CH, frôle l’aveuglement.

Et pendant que Crosby éteint les espoirs de Montréal, Bo Horvat, lui, les attise. Le centre des Islanders, en feu au Championnat mondial.

Mais c’est dans ses propos en coulisses qu’il a réellement envoyé un message à Kent Hughes.

«Je veux jouer pour une équipe qui croit qu’elle peut gagner maintenant. Et qui a besoin d’un centre de mon style», a-t-il glissé, dans une confidence captée en coulisse devant les médias présent en Suède.

«Appelez-moi, Montréal.» semble-t-il vouloir nous dire.

Horvat coûte moins cher que Crosby, son contrat est plus long (et fixe à 8,5M$ par saison jusqu’en 2031), et il a encore plusieurs bonnes années devant lui.

Le Canadien regarde le profil, le caractère, la constance… et surtout la disponibilité. Les Islanders pourraient écouter une offre impliquant un jeune défenseur comme Mailloux, un choix au repêchage, et un espoir.

Là où Crosby ferme la porte, Horvat la défonce.

Dany Dubé l’avait aussi clamé: Crosby ne mettra jamais un pied au Colorado. Et depuis l’échange de Mikko Rantanen, cette prédiction a pris des allures de certitude.

Rantanen, qui a éliminé l’Avalanche avec un tour du chapeau magistral et qui est en train de faire la même chose contre les Jets de Winnipeg, est devenu le symbole du karma négatif de cette équipe.

Même Nathan MacKinnon, son ancien acolyte, semblait abasourdi. 

«Crosby n’ira pas là où ses amis ont été trahis», a résumé Dubé.

La porte reste donc entrouverte ailleurs. Vegas? Leur historique de gros coups (Eichel, Stone, Hanifin, Hertl) parle pour eux. Los Angeles? Une ville glamour, une équipe qui s'est fait éliminer 4 fois de suite par les Oilers en première ronde avec le nouveau DG Ken Holland qui voudra frapper un grand coup.

Mais Crosby, en bon soldat, les ignore.

Il est à Stockholm. Il gagne. Il domine. Il patine aux côtés de Demidov, Celebrini et Horvat, comme un roi parmi les princes. Et quand il lève les yeux vers les tribunes, il ne voit pas le Centre Bell. Il voit Pittsburgh. Encore. Toujours.

Sidney Crosby vient de faire ce que personne n’avait osé faire: il a fermé la porte lui-même. Ce n’est plus une rumeur éteinte par des journalistes. Ce n’est plus un agent qui refuse de commenter. C’est lui, en personne, qui dit:

«Je reste.»

Et pourtant, la question continue de hanter les amateurs montréalais: «Pourquoi pas nous?»

Peut-être parce que le destin a décidé que Crosby serait un joueur d’une seule franchise. Peut-être parce qu’il incarne une autre époque, celle où on finissait là où on avait commencé.

Ou peut-être… qu'il va finir par changer d'idée.

Car dans cette ligue imprévisible, rien n’est jamais définitif. Un autre printemps sans séries. Un autre entraîneur mal choisi. Une dernière frustration. Et qui sait? Peut-être qu’un jour, Crosby rêvera à Montréal.

Mais pour l’instant, le CH doit tourner la page.

Et attendre le prochain miracle.