Négociations Montréal-Anaheim: Elliotte Friedman ouvre la porte à une transaction

Négociations Montréal-Anaheim: Elliotte Friedman ouvre la porte à une transaction

Par David Garel le 2025-12-14

Ça chauffe à Montréal : le Canadien n’a pas de véritable deuxième centre établi. Mais Kent Hughes et Jeff Gorton seraient tellement en panique, qu'il veulent maintenant un centre "plan B"... en attendant d'en trouver un vrai top 6.

Tant que le club avançait en reconstruction, on pouvait se raconter que la solution finirait par émerger de l’intérieur, qu’un jeune allait éclore, que le temps ferait son œuvre, mais la réalité du marché et celle du vestiaire ont fini par se rejoindre brutalement.

Aujourd’hui, le CH est rendu trop compétitif pour se cacher derrière des projets à long terme, mais pas encore assez équipé pour affronter des séries sans une colonne vertébrale solide au centre.

C’est exactement ce que le journaliste Frank Seravalli a affirmé récemment : même à l’interne, le plan à long terme pour le poste de deuxième centre est flou, incertain, et source d’inquiétude réelle chez les dirigeants.

Quand un insider de ce calibre affirme que la direction du Canadien s’interroge sérieusement sur cette position clé, ça veut dire que les scénarios étudiés sur papier ne tiennent plus tout à fait la route sur la glace.

À première vue, Montréal mise encore officiellement sur Michael Hage dans son bassin d'espoirs, mais plus les mois passent, plus la question devient légitime : est-ce vraiment un centre de la LNH à long terme, ou un attaquant offensif qui finira par être déplacé à l’aile ?

Les difficultés persistantes de Hage au cercle des mises au jeu, son utilisation anticipée à l’aile avec Équipe Canada junior et le discours prudent de l’organisation autour de son développement alimentent un doute qui n’est plus tabou.

Alexander Zharovsky joue toujours au centre dans la KHL, mais il n'arrivera pas en Amérique du Nord avant 2027.

Oliver Kapanen fait un travail honnête, courageux, parfois inspirant, mais dont les indicateurs avancés laissent entrevoir une régression éventuelle.

Son taux de réussite sur ses tirs demeure anormalement élevé, et tout porte à croire qu’il n’est pas, à lui seul, la réponse durable à ce problème.

Kirby Dach, lui, représente le grand « et si » de cette discussion. Lorsqu’il est en santé, il montre exactement le profil que le Canadien recherche : taille, habiletés, intelligence, capacité à transporter la rondelle.

Mais la réalité est brutale : il n’arrive pas à rester sur la glace. Miser sur Dach comme pilier du top-6 revient aujourd’hui à parier sur une exception plutôt que sur une norme, et un directeur général ne bâtit pas une équipe aspirante sur un pari médical.

C’est dans ce contexte précis que le nom de Ryan Strome commence à circuler sérieusement autour du Canadien de Montréal, et ce n’est pas un hasard, ni une rumeur lancée au vent pour faire du bruit.

À Anaheim, la situation est étrange, presque paradoxale. Strome est un centre fiable, constant, respecté dans le vestiaire, un joueur qui a produit exactement 41 points lors de chacune de ses trois saisons complètes avec les Ducks, tout en demeurant remarquablement en santé pendant plusieurs années.

Pourtant, depuis son retour d’une blessure subie lors du camp d'entraînement, il semble être devenu un luxe inutile dans une équipe qui a appris à gagner sans lui.

Les Ducks ont connu leur meilleur départ en plus d’une décennie pendant son absence, et quand Strome est revenu, le portrait était déjà figé. Les rôles étaient distribués, la hiérarchie établie, et sous le nouveau personnel d’entraîneurs, il n’a jamais réellement retrouvé sa chaise.

Au point d'être envoyé dans les gradins et quand il joue, on lui donne des miettes sur un quatrième trio. Les propos d’Elliotte Friedman ont confirmé ce que plusieurs soupçonnaient : Strome n’est pas un problème à Anaheim, mais il est devenu de trop.

À 5 millions par saison jusqu’en 2027, sans aucune clause de protection, Strome est étonnamment facile à échanger. Les Ducks seraient prêts à retenir du salaire et demanderait des peanuts en retour. (un espoir B ou un choix tardif).

Pour une équipe comme le Canadien, qui cherche un centre capable de stabiliser un top-9 sans hypothéquer son futur, ce détail est capital.

On ne parle pas ici d’un joueur de 35 ans en fin de carrière, ni d’un contrat toxique à racheter, mais d’un vétéran encore fonctionnel à 32 ans, capable de jouer au centre ou à l’aile, et surtout habitué à évoluer avec des joueurs de talent.

Et c’est là que le lien avec Jeff Gorton devient impossible à ignorer. Ryan Strome a connu ses meilleures saisons en carrière à New York, avec les Rangers, lorsqu’il évoluait régulièrement au centre d’Artemi Panarin.

Entre 2018 et 2022, Strome a produit à un rythme de 0,74 point par match, devenant un rouage essentiel du top-6 new-yorkais.

Gorton, qui était DG des Rangers à partir de 2019, connaissait Strome intimement, son profil, ses forces, ses limites, et son rôle dans un alignement aspirant.

Même s’il n’a pas lui-même signé Strome à New York, le joueur ayant été acquis avant son arrivée comme président, il l’a vu performer dans un contexte gagnant, sous pression, dans un marché exigeant.

Ce détail change tout. Le Canadien ne regarde pas Strome comme une solution miracle ou comme un pari aveugle, mais comme un joueur dont les décideurs connaissent déjà le plafond et le plancher. Dans une ligue où chaque erreur coûte cher, cette certitude a une valeur énorme.

Évidemment, Ryan Strome n’est pas la réponse à long terme au problème du deuxième centre à Montréal. Il n’est pas la pierre angulaire du futur, ni le successeur naturel de Nick Suzuki.

Mais c’est précisément pour cette raison qu’il devient intéressant. Le CH n’a pas besoin, aujourd’hui, de régler définitivement ce poste pour les dix prochaines années. Il a besoin d’un pont. D’un joueur capable de prendre des mises au jeu importantes, d’absorber des minutes difficiles, de permettre à Suzuki de respirer, et de laisser le temps à des espoirs comme Hage ou Aleksandr Zarovsky de se développer sans être précipités dans une chaise trop grande pour eux.

Dans un marché où Ryan O’Reilly, Nazem Kadri ou même Phillip Danault coûtent chers sur le marché, Strome apparaît comme une option plus rationnelle et plus "cheap".

Anaheim a de la profondeur au centre. Montréal en manque cruellement. Les besoins s’alignent.

À écouter Friedman, une transaction Ducks-CH s'en vient.