Transaction Laval-Philadelphie: Pascal Vincent veut quitter le Rocket avec son gardien

Transaction Laval-Philadelphie: Pascal Vincent veut quitter le Rocket avec son gardien

Par Marc-André Dubois le 2025-04-10

C’est maintenant clair comme de l’eau de roche : Pascal Vincent a été pris la main dans le sac.

Pendant que tous les projecteurs étaient tournés vers la remontée spectaculaire du Rocket de Laval, que les éloges pleuvaient sur sa gestion humaine, sa rigueur et ses résultats, l’entraîneur québécois "joue pour sa gueule" et personne d'autre.

Son plan? Quitter Laval pour prendre les rênes des Flyers de Philadelphie… en amenant avec lui Cayden Primeau.

C’est le genre de scénario qui ferait rire s’il n’était pas aussi plausible, voire machiavélique.

Depuis que Primeau a été rétrogradé à Laval après avoir été ignoré au ballottage, Pascal Vincent n’a cessé de lui dérouler le tapis rouge.

« Pour moi, c’est un gardien de la LNH. C’est inimaginable pour moi qu’il ne devienne pas un gardien de la LNH. Il est trop dominant chez nous pour que ce ne soit pas le cas. »

Un peu trop élogieux, non? Surtout pour un entraîneur qui sait pertinemment que l’organisation a misé sur Dobes pour le présent… et sur Fowler pour le futur.

On croyait à un discours paternaliste. Une manière de rebâtir la confiance d’un jeune homme humilié, délaissé, exposé sans ménagement par Martin St-Louis, qui l’avait laissé pourrir sur le banc tout l’automne.

Mais aujourd’hui, à la lumière des rumeurs persistantes qui envoient Pascal Vincent à Philadelphie cet été… tout s’éclaire.

Daniel Brière veut Cayden Primeau. Et Vincent aussi.

Les Flyers de Philadelphie sont en crise devant le filet. L'entraîneur congédié John Tortorella avait été tellement cinglants avec ses mots cette saison.

Il a répété à plusieurs reprises que le DG Daniel Brière n’a pas « réglé la situation devant le filet ». Le départ précipité de Carter Hart a laissé un trou béant dans les buts, et ni Samuel Ersson, ni Ivan Fedotov, ni Aleksei Kolosov n’ont été à la hauteur.

C’est là que le nom de Cayden Primeau est réapparu avec insistance.

Le lien est évident. Primeau a des racines profondes à Philadelphie. Son père, Keith Primeau, est une légende locale. Cayden a lui-même déjà affirmé :

« C’est là que le rêve a commencé pour moi. Philadelphie a une signification unique dans mon cœur. »

Et maintenant que Daniel Brière, un autre fils du Québec, dirige cette organisation? Il est difficile de ne pas y voir un alignement parfait.

Mais la pièce maîtresse de ce casse-tête? C’est Vincent.

À mesure que Cayden Primeau enchaînait les victoires à Laval et que le Rocket grimpait au sommet de la LAH, les propos de Vincent devenaient presque maladroits tellement ils étaient excessifs.

Il allait jusqu’à dire qu’il était inconcevable qu’un gardien aussi dominant ne devienne pas un joueur régulier de la LNH.

Et ce, pendant que Kent Hughes, lui, gardait les cartes près de sa poitrine. Car Hughes, lui, connaît la vraie situation.

Primeau devient joueur autonome avec compensation à la fin de la saison. Et malgré sa belle séquence actuelle dans la ligue américaine, le CH n’a pas d’espace pour lui. Dobes a volé sa place. Fowler est déjà là. Et Primeau veut jouer dans la LNH, pas à Laval.

Pascal Vincent le sait. Et au lieu de servir l’organisation qui lui paie un salaire, il donne des munitions… à l’agent de Primeau.

Il élève sa valeur sur le marché. Il pousse Kent Hughes dans un coin. Et il prépare tranquillement le terrain pour lui ouvrir la porte de Philadelphie. Là où un DG francophone l’attend. Là où le poste d’entraîneur-chef pourrait être à pourvoir. Et là où le poste de gardien numéro un est désespérément vacant.

Il faut le dire : ce scénario est du pur génie québécois. Un plan d’amis, de frères de sang du hockey. Daniel Brière est en mission pour redonner aux Flyers une identité forte.

Vincent veut se rétablir comme entraîneur-chef crédible dans la LNH. Et Primeau… veut relancer sa carrière dans l’uniforme orange et noir de son enfance.

Tout converge.

Kent Hughes, lui, se retrouve à jouer sur la défensive. Il ne peut pas perdre Primeau pour rien. Il devra lui faire une offre qualificative.

Mais il ne peut pas lui garantir un poste dans la LNH. Et il ne veut pas l’échanger à un rival de division comme Ottawa. Philadelphie, par contre? S’il s’agit d’une transaction vers l’Ouest de la Conférence, les enjeux sont différents.

Mais ce n’est plus une simple question de joueurs. C’est devenu une question politique. Une question de loyauté. Et Vincent vient de se placer en rupture avec l’organisation.

Il a publiquement désavoué le plan de gestion des gardiens du Canadien de Montréal. Et il a, volontairement ou non, fragilisé la position contractuelle de son propre directeur général.

Si Vincent prend la route de Philadelphie, il est presque certain qu’il frappera à la porte de Kent Hughes pour demander Cayden Primeau. Et cette fois, il aura une voix. Il aura un DG complice. Il aura des racines émotionnelles à exploiter.

Et Primeau, après avoir été tassé à Montréal par Jake Allen. Puis par Samuel Montembeault. Puis par Jakub Dobes. Puis maintenant par Jacob Fowler. Primeau, qui n’a jamais été le chouchou de Martin St-Louis.

Primeau, qui n’a cessé d’envoyer des flèches voilées dans ses entrevues pour dénoncer son traitement. Ce Primeau-là, il dira oui. Il signera. Il partira.

Et Vincent l’attendra les bras ouverts.

Alors que Montréal acclamera Ivan Demidov et Jacob Fowler, le duo Vincent-Primeau pourrait renaître… à Philadelphie.

Ce n’est pas une fuite. C’est un plan... québécois...

Mais attention : si le plan de Pascal Vincent et Daniel Brière est bien ficelé, Kent Hughes, lui, n’est pas né de la dernière pluie.

Le directeur général du Canadien sait pertinemment que Cayden Primeau deviendra joueur autonome avec compensation à la fin de la saison, et il n’a aucunement l’intention de laisser filer son gardien gratuitement… surtout pas à Philadelphie.

C’est pourquoi Hughes va sans aucun doute lui soumettre une offre qualificative, tout juste après les séries de la ligue américaine.

Ce sera une formalité, mais une formalité cruciale. En faisant cela, il protège les droits du CH sur Primeau. Il s’assure que, même si une équipe tente une offre hostile — ce qui reste peu probable vu le contexte — le Canadien pourra égaler ou obtenir une compensation.

Surtout, cela bloque toute tentative de Daniel Brière de le récupérer par la porte arrière, en croyant que le CH pourrait simplement le laisser filer.

Ce scénario-là, Brière peut l’oublier tout de suite. Hughes a trop investi de temps, de patience et de ressources dans le développement de Primeau pour le laisser s’envoler sans rien en retour.

Si Philadelphie veut Cayden Primeau, Brière devra payer le prix.

Et ce prix, Kent Hughes va le fixer. Parce que lui aussi connaît les liens familiaux de Primeau avec les Flyers. Il connaît le lien émotionnel. Il connaît les besoins criants de l’équipe à cette position.

Et il a probablement très bien compris que Pascal Vincent l’a mis dans l’embarras en déclarant publiquement que Primeau était un gardien « de la LNH » alors qu’il n’a même pas de poste garanti à Laval en vue des séries avec l'arrivée de Jacob Fowler.

C’est une chose de faire monter la valeur d’un joueur. C’en est une autre de le faire au détriment de ton propre DG, dans une organisation qui a déjà placé tous ses pions ailleurs.

En vantant Primeau de cette manière, Vincent a fait grimper son prix… y compris pour son propre employeur potentiel à Philadelphie.

Alors oui, le scénario est séduisant pour les Flyers. Pascal Vincent derrière le banc. Cayden Primeau dans le filet. Deux Québécois, deux hommes en mission. Une histoire de rachat. De revanche. De renaissance.

Mais si Daniel Brière pense qu’il pourra réaliser cette opération gratuitement ou par ruse, il se met le doigt dans l’œil.

Kent Hughes ne va pas perdre Cayden Primeau pour rien. Il le qualifiera. Il protégera ses droits. Et il établira ses conditions. S’il faut un échange, il y aura un échange. S’il faut une guerre de coulisses, il l’assumera.

Parce qu’à Montréal, on ne donne plus. On réclame. Et si Brière veut Primeau… il devra "ouvrir le chéquier" ou sacrifier un espoir. Il n’y aura pas de passe-droit entre anciens coéquipiers d’équipe Québec.

Le message est clair : Pascal Vincent veut voler Primeau à Montréal. Mais Kent Hughes va verrouiller la porte.