Transaction Montréal-Anaheim: le Lane Hutson québécois change tout

Transaction Montréal-Anaheim: le Lane Hutson québécois change tout

Par Nicolas Pérusse le 2025-09-09

Pendant des mois, tout le monde croyait que si Kent Hughes refusait de donner son choix de première ronde 2026 aux Ducks d’Anaheim dans une transaction pour Mason McTavish, c’était uniquement par peur de rater le phénomène Gavin McKenna.

On imaginait déjà le Canadien vivre le pire cauchemar possible : voir son premier choix tomber dans le top 3, manquer McKenna, et offrir à Anaheim un billet aller-simple vers un joueur générationnel.

Mais la vérité est tout autre.

Ce n’est pas seulement McKenna.

C’est un autre prodige, québécois cette fois, qui retient l’attention du Tricolore : Xavier Villeneuve.

Villeneuve, défenseur de l’Armada de Blainville-Boisbriand, est en train de réécrire les règles.
Petit gabarit (5 pieds 11, 150 livres tout mouillé), mais un talent hors-norme. Un profil électrisant qui rappelle immédiatement un certain Lane Hutson:

Et pourtant, Justin Carbonneau, choix de premier tour dans la LNH avec les Blues, l’affirme sans détour sur les ondes de TVA Sports :

« S’il y a bien un gars qui veut voir ce que Xavier Villeneuve va devenir dans deux ans, c’est moi. »

À ses côtés, un autre choix de première ronde, Bill Zonnon, en rajoute :

« Ça va être ma quatrième année dans la LHJMQ. Je n’ai pas vu de joueurs aussi talentueux que lui. »

Quand deux premiers choix, déjà passés par le processus exigeant de la LNH, s’extasient devant un coéquipier plus jeune, ça veut tout dire.

Le directeur général de l’Armada, Olivier Picard, est carrément bouche bée :

« On a des Carbonneau et Zonnon qui sont des choix de première ronde. Même eux, des fois, ils le regardent dans les entraînements et… »

Il s’arrête. Sans finir sa phrase. Comme si les mots manquaient pour décrire la magie de Villeneuve.

Un talent rare, comme Jonathan Drouin à son époque.

On le compare déjà aux plus grands.

Un défenseur offensif comme on en a trop peu vu passer au Québec ces dernières années. Le Québécois le plus spectaculaire depuis Jonathan Drouin, rien de moins.

Et surtout, un joueur qui continue de grandir. Littéralement.

Villeneuve est arrivé au camp de l’Armada à 5 pieds 11, alors qu’il était plus petit encore l’an passé. Son père, qui a grandi tard, mesure 6 pieds 2. L’espoir d’un développement physique supplémentaire plane donc toujours.

Villeneuve le dit lui-même :

« J’ai eu un gros été. Le but ultime, c’est de se rendre à six pieds. »

Et son DG, Olivier Picard, se souvient du gamin frêle qui a débarqué à 16 ans :

« Il est arrivé ici à 16 ans et il n’avait pas un poil en dessous des bras. Sa maturité, c’était difficile, autant hors glace que sur glace. C’était un enfant. »

Aujourd’hui, cet enfant est en train de devenir un homme… et une superstar.

La transformation ne s’est pas faite uniquement sur la glace.

C’est tout ce qui entoure le hockey, la discipline, la gestion des émotions, le professionnalisme, qui a changé du tout au tout.

Picard le confirme :

« Tout ce qui était de casser son bâton sur le poteau, whatever… Là, il a pris un autre step en termes de maturité sur la glace aussi. »

Et cette maturité commence à se voir dans chaque séquence.

Villeneuve lui-même garde les yeux sur l’objectif collectif :

« Je viens ici pour tout gagner collectivement. Pour le reste, je ne suis pas inquiet avec ma game. »

Zonnon, témoin privilégié, met en garde :

« Le repêchage, il ne faut vraiment pas qu’il y pense. Il est assez talentueux, il ne faut pas qu’il se mette à penser à qui est dans les estrades ou peu importe. »

Bref, Villeneuve est déjà en train de grandir plus vite que prévu.

Des comparaisons lourdes de sens

Carbonneau est tout simplement cinglant :

« Je sais que, des fois, il se compare à Quinn Hughes ou à Lane Hutson. Ça paraît gros, mais je n’ai jamais vu un gars jouer de la même façon que lui. »

Quand on sait que Quinn Hughes est aujourd’hui capitaine et joueur étoile à Vancouver, et que Lane Hutson est perçu comme le joyau du Canadien, on comprend la portée de ces comparaisons.

Villeneuve est ce type de joueur.

Mais attention : Villeneuve ne fait pas l’unanimité.
Son gabarit (150 livres à peine) dégoûte e certains recruteurs.

Olivier Picard en témoigne :

« Je sais qu’il y a des équipes qui ne l’auront même pas sur leur liste. Pour elles, la consigne, c’est : “En bas de 6 pieds 3, regarde-le pas.” »

D’autres, plus conservateurs, n’aiment pas son style spectaculaire, ses spinoramas, ses manœuvres à travers trois joueurs.

« Ils trouvent qu’il joue n’importe comment, qu’il joue pas la game. »

Mais Picard, lui, voit plus loin :

« Moi, je suis prêt à vivre avec ça s’il laisse parfois le gars passer au lieu de se faire frapper. Mais c’est vrai qu’il faut qu’il soit plus subtil. »

Autrement dit, Villeneuve divise. Certains le voient comme un génie. D’autres comme un pari risqué.

Défensivement? Sous-estimé

Ceux qui critiquent son jeu défensif pourraient être surpris.

L’entraîneur-chef Alexandre Jacques est catégorique :

« Il est meilleur qu’on le pense défensivement. On va le placer dans des situations défensives cette saison, des mises au jeu importantes contre les gros trios et il va être capable de prouver à tout le monde qu’il a sa place. »

Picard ajoute :

« Il a un bon bâton. Après, c’est une question de gestion de risques. »

Villeneuve le reconnaît :

« Les petits détails défensifs, j’ai mis l’accent là-dessus tout l’été. »

Bref, il n’est pas parfait. Mais il travaille pour combler ses lacunes.

Le Canadien et le choix de première ronde 2026

C’est ici que tout prend son sens.

Pourquoi Kent Hughes refuse-t-il de céder son choix 2026, même protégé?

Parce que Villeneuve est actuellement classé 11e dans les mock drafts.

Exactement dans la zone où le Canadien pourrait repêcher.

Le DG ne veut pas rater l’occasion de mettre la main sur un tel prodige, québécois de surcroît.

Et même si la défensive à gauche est déjà congestionnée (Lane Hutson, Kaiden Guhle, Adam Engström, Arber Xhekaj, Jayden Struble…), on ne passe pas à côté d’un tel talent.

La question devient alors brutale :

Peut-on avoir deux Lane Hutson dans la même équipe?

C’est là tout le dilemme. Deux défenseurs offensifs, petits gabarits, spectaculaires, mais qui doivent encore prouver leur valeur défensive.

Un luxe… ou un risque?

Dans tous les cas, Kent Hughes tient mordicus à son premier choix 2026.

Pas seulement pour McKenna.

Pas seulement pour « protéger » l’avenir.

Mais parce que dans ce repêchage, il y a Xavier Villeneuve.

Et à Montréal, on sait très bien qu’un tel talent pourrait changer le visage de l’organisation, peu importe la congestion.