La colère gronde à Columbus.
Une colère noire, profonde, presque personnelle. Dans les bureaux des Blue Jackets, le nom de Mathieu Darche est sur toutes les lèvres, mais pas pour les bonnes raisons.
Depuis que Noah Dobson a été échangé au Canadien de Montréal, les téléphones surchauffent en vue du marché des agents libres, les réunions s'enchaînent, et le sentiment de trahison ne fait que croître.
Selon plusieurs sources internes, Don Waddell, le nouveau directeur général des Blue Jackets, est furieux. L'homme n'est pas du genre à réagir à chaud, mais cette fois, il se sent littéralement floué.
À ses yeux, tout était en place pour acquérir Dobson. Il était prêt à offrir deux choix de premier tour, le 14e et le 20e au total, un joueur établi de son alignement, et un espoir prometteur.
Mais au bout du compte, le défenseur vedette a pris le chemin de Montréal contre Emil Heineman, les choix 16 et 17, et rien d'autre.
Ce n'est pas tant la transaction qui irrite Columbus, c'est la façon dont elle a été conclue. Parce que selon les Jackets, Darche n'a jamais voulu vraiment faire affaire avec eux.
Il aurait fixé la barre de manière délibérément haute, exigeant Dmitri Voronkov, leur attaquant de puissance de 6 pieds 5, comme condition sine qua non.
Voronkov, 24 ans, vient de connaître une saison éclatante : 23 buts, 47 points, une présence constante dans le top 6, adoré par le vestiaire et vu comme une pierre angulaire de la relance à Columbus.
Le sacrifier aurait été perçu comme un geste de panique. Et Waddell, même dans son empressement d'améliorer la défensive, ne pouvait pas s'y résoudre.
Finalement, selon les informations révélées par Elliotte Friedman, Don Waddell a bel et bien consenti à inclure Dmitri Voronkov dans son offre, avec le 14e choix au total, ainsi qu’un espoir ou un autre choix de repêchage.
Ce geste était perçu comme un compromis majeur, une forme de bonne foi pour répondre aux exigences de Mathieu Darche.
Waddell croyait sincèrement avoir mis de l’eau dans son vin : il refusait d’inclure à la fois Voronkov et les choix 14 et 20, mais en cédant Voronkov et le 14e, il était convaincu d’avoir franchi un cap.
Le pire dans tout ça, c’est que le DG des Blue Jackets a mis du temps, beaucoup de temps, à en arriver là. Il a fallu des jours de discussions, de brainstorms internes, de débats enflammés avec ses adjoints, de textos échangés à minuit et de longues conversations avec des membres influents de son personnel hockey pour qu’il accepte l’inacceptable : inclure Dmitri Voronkov dans la transaction.
Pour lui, c’était une déchirure. Un sacrifice qui ne devait se faire qu’en ultime recours. Et ce recours, il l’a activé. Il a pris son téléphone, il a composé le numéro de Mathieu Darche… et il est tombé de haut.
Darche venait tout juste de conclure l’échange avec Kent Hughes. C’était trop tard. Montréal avait raflé la mise. Et pour Waddell, ce fut vécu comme une trahison. Une gifle en plein visage. Un manque de respect total. Il venait de mettre de l’eau dans son vin, il avait enfin accepté de donner Voronkov, et Darche n’a même pas attendu de le rappeler.
Ce qui fâche Waddell, c'est l'impression que la game était arrangée depuis le départ.
Car dans les coulisses, tout le monde savait que Dobson voulait Montréal. Il l'avait fait comprendre à son agent, à ses proches, et même à tous les dirigeants de la LNH.
Le défenseur ne voulait pas s'engager à long terme ailleurs qu'au Québec. Et Darche, ancien joueur du CH devenu DG à Long Island, ne voulait pas forcer la main à un joueur qui ne voulait pas s'investir dans sa prochaine destination.
Mais à Columbus, on voit cette attitude comme du favoritisme pur et simple. Une trahison. Une préférence donnée au CH par affinité culturelle, linguistique et historique. Et à leurs yeux, cela entache toute la transaction.
Waddell aurait, selon une source interne, qualifié l'attitude de Darche de "manipulation" et de "jeu politique". Il lui reproche d'avoir fait fuiter l'exigence Voronkov pour faire porter l'échec sur les épaules de Columbus, alors que lui-même était disposé à négocier à armes égales.
Et dans toute cette controverse, un autre nom a le coeur brisé : Owen Beck. Le jeune centre de 20 ans a beau afficher un profil modèle, irréprochable sur et hors glace, il ne peut ignorer la réalité brutale de ce business.
Le Canadien a bel et bien tenté de l’inclure dans l’offre aux Islanders pour Noah Dobson. Et ces derniers ont refusé. Pire encore, ils ont préféré recevoir Emil Heineman, un ailier de quatrième trio balloté d’organisation en organisation.
Pour Beck, c’est une véritable claque en plein visage. Un signal clair qu’il est devenu, aux yeux du CH, une monnaie d’échange sans valeur stratégique. C
e genre d’épisode laisse des cicatrices. Dans la tête d’un jeune joueur, il n’y a rien de plus cruel que de sentir qu’on est un indésirable silencieux.
Pendant ce temps, à Montréal, on savoure. Kent Hughes a mis la main sur un défenseur droitier de 25 ans, capable de jouer 25 minutes par soir, avec encore une marge de progression.
Et il l'a fait sans sacrifier Cole Caufield, Juraj Slafkovsky, Lane Hutson ou David Reinbacher. Mieux encore : il n'a pas cédé Owen Beck, qui était pourtant sur la table dans les discussions préliminaires. Mathieu Darche a préféré Emile Heineman.
C'est à ce moment que la frustration devient personnelle à Columbus. Car Darche, dans ses négociations, aurait affirmé aux Blue Jackets qu'ils devaient égaler l'offre du CH et que la seule solution était d'envoyer Voronkov à Long Island.
La transaction Dobson n'a donc pas fini de faire des vagues. Car elle soulève des questions profondes sur la transparence, les alliances culturelles, et la politique interne de la LNH.
Et Don Waddell, lui, compte bien faire entendre sa voix.
Il est convaincu que Darche a favorisé le CH. Il estime que les règles du jeu ont été modifiées en cours de route. Et il laisse entendre, à mots couverts, que cela pourrait affecter les relations futures entre les deux organisations.
Le dossier Dobson, loin d'être clos, devient une véritable. Et à Montréal, on le sait : dans cette ligue, tout se paie un jour. Mais pour l'instant, Kent Hughes sort gagnant. Et Don Waddell, lui, médite sur une victoire qu'il croyait acquise et qui s'est évanouie entre ses doigts.