Le DG des Penguins, Kyle Dubas, répond à Sidney Crosby du tac-au-tac.
Il ne répond pas par des paroles, mais bien par des gestes. L’annonce du départ imminent d’Erik Karlsson est synonyme d'affront public pour Crosby.
Selon plusieurs sources, les Red Wings de Détroit sont désormais les mieux placés pour acquérir le vétéran défenseur suédois.
Et pour les Penguins de Pittsburgh, ce ne serait pas simplement un mouvement comptable ou une réorganisation sportive. Ce serait le premier domino d’une liquidation historique, une opération assumée par Kyle Dubas et son état-major : détruire pour mieux reconstruire.
Et dans ce chaos annoncé, un homme se retrouve au cœur de toutes les spéculations : Sidney Crosby.
Quand Dubas a ramené Karlsson à Pittsburgh, l’idée semblait séduisante. Offrir à Crosby un quart-arrière mobile, capable de redonner du souffle à une équipe vieillissante. Mais le rêve a vite tourné au cauchemar.
Karlsson a cumulé 53 points en 82 matchs. Correct, mais loin de l’impact attendu pour un joueur payé 11,5 millions par saison (10 M$ assumés par Pittsburgh).
Pire encore : son différentiel de -24 a symbolisé l’incapacité du club à gagner avec lui. Résultat : deux saisons consécutives sans séries éliminatoires avec Karlsson dans l’alignement.
La conclusion est brutale. Josh Yohe (The Athletic) l’a dit sans détour :
« Je crois réellement qu’il veut l’échanger. L’expérience Karlsson n’a pas fonctionné à Pittsburgh : on l’a regardé jouer et ce fut un désastre. Cependant, je sais qu’il y a des clubs intéressés à ses services. »
Et d’ajouter que Détroit est la destination la plus plausible, à condition que Pittsburgh retienne une partie du salaire.
En clair, l’ère Karlsson à Pittsburgh s’achève. Et son départ sera interprété comme un aveu d’échec, mais aussi comme un message direct à Crosby.
Car pendant que Dubas manœuvre dans l’ombre pour liquider Karlsson, Sidney Crosby a parlé. Et ses mots résonnent encore à travers la ligue. Interrogé par Pierre LeBrun, le capitaine a été limpide :
« Je veux gagner. Je ne me vois pas passer les deux, trois prochaines années à perdre des matchs et à attendre un hypothétique cycle. »
« J’ai toujours dit que je voulais finir ma carrière à Pittsburgh, mais je ne peux pas ignorer la réalité : je veux être compétitif. »
« Montréal? C’est une ville spéciale. J’y ai des souvenirs incroyables. Je sais ce que ça représente de porter ce chandail-là. »
« Si je devais bouger, ce serait pour une chance réelle de gagner. »
Jamais Crosby n’avait été aussi clair. Jamais il n’avait laissé entendre, même à demi-mots, qu’un départ de Pittsburgh était envisageable.
Et voilà que Dubas, en décidant de larguer Karlsson, envoie une réponse cinglante : le club entre en reconstruction. Point final. Et on se fout bien si tu veux gagner ou non.
Imaginez la scène : à peine deux jours après que Sidney Crosby a confié à Pierre LeBrun qu’il voulait simplement « gagner », qu’il n’était « pas encore prêt à se faire échanger » et qu’il voulait « donner une dernière chance à Pittsburgh » en rêvant d’une participation aux séries, Kyle Dubas lui répond de la façon la plus crue qui soit.
Pas par un discours, pas par un appel, mais par un geste sanglant : envoyer Erik Karlsson à Détroit. Un geste qui dit tout haut ce qu’il n’ose pas dire en coulisses.
« Nous ne croyons plus en toi, nous passons à autre chose. »
Quel affront public. Quelle gifle à l’orgueil d’un capitaine qui a porté cette franchise sur ses épaules pendant deux décennies.
C’est l’équivalent de lui claquer la porte au visage après qu’il ait tendu la main. Dubas savait exactement ce qu’il faisait : montrer à Crosby, aux partisans et à toute la LNH que les Penguins n’ont plus aucune intention de sauver les apparences. La reconstruction est lancée. Et si Crosby veut gagner, ce ne sera plus à Pittsburgh.
Le paradoxe est violent. Alors que Crosby clame haut et fort son désir de gagner maintenant, Dubas trace la voie inverse : liquidation, accumulation de choix, reconstruction.
Les rumeurs disent que Dubas veut « faire monter les enchères » entre Montréal, Los Angeles et le Colorado. Mais il n’aura peut-être pas ce luxe. Car si Crosby ne veut que Montréal, ou qu’il met son veto à certaines destinations, Dubas sera coincé.
L’échange de Karlsson est donc plus qu’un simple mouvement de personnel. C’est un test de force entre un directeur général et son capitaine légendaire.
Dubas veut lancer un nouveau cycle. Crosby veut encore soulever une Coupe. Les deux visions sont irréconciliables.
Pourquoi Détroit?
Détroit, c’est l’équipe logique pour Karlsson.
Les Red Wings ont de l’espace sous le plafond salarial. (presque 12 M$)
Ils cherchent un vétéran pour épauler Moritz Seider.
Ils veulent revenir en séries immédiatement.
En ajoutant Karlsson, même à 7 ou 8 millions (si Pittsburgh retient une partie), ils se donnent une option offensive et une dose d’expérience.
Pour Pittsburgh, l’objectif est simple : se débarrasser d’un contrat toxique et amorcer le ménage. Karlsson n’est que la première étape.
Impossible de ne pas repenser à l’échange de Raymond Bourque en 2000. Boston, en reconstruction, avait cédé sa légende au Colorado. En retour? Brian Rolston, Samuel Pahlsson, Martin Grenier et un choix de première ronde (Martin Samuelsson). Autrement dit, un joueur établi, des espoirs et des choix, mais aucun joueur majeur.
Seul Rolston a joué dans la LNH.
Et pourtant, l’échange est resté dans l’histoire comme un succès, car Bourque a remporté la Coupe dès l’année suivante avec l’Avalanche.
La leçon est claire : quand une légende veut gagner ailleurs, le retour est toujours limité.
C’est exactement ce qui attend Pittsburgh avec Crosby.
À Montréal, les partisans retiennent leur souffle. Crosby a ouvert la porte. Dubas ouvre la reconstruction. Les astres s’alignent.
Kent Hughes n’offrira jamais David Reinbacher. Mais il a d’autres cartes : Owen Beck, Joshua Roy, Kirby Dach et surtout des choix.
Reste à voir si les Penguins vont demander Erik Karlsson.
Pittsburgh, qui veut un centre d’avenir, regarde évidemment vers Michael Hage. Mais à Montréal, on répète : Hage est intouchable.
Ce bras de fer ne fait que commencer.
Il faut aussi souligner la tristesse de Mario Lemieux, qui voulait racheter les Penguins, aurait gardé Crosby jusqu’à la fin. Mais Lemieux a perdu la bataille face à la famille Hoffmann pour le rachat de l'équipe.
Pour Lemieux, c’est crève-cœur. Pour Crosby, c’est la fin d’une ère.
Ne nous trompons pas : l’échange de Karlsson n’est pas l’événement central. C’est le prélude. Le vrai séisme, c’est celui que tout le monde redoute et espère à la fois : le départ de Sidney Crosby.
Avec Karlsson expédié à Détroit, Dubas envoie un message limpide : l’équipe ne gagnera pas cette année, ni la prochaine.
Et quand Crosby relit ses propres mots, « Je veux gagner », il n’a plus d’échappatoire.
La balle est dans son camp.
Le dossier Erik Karlsson est en train de se régler. Il sera échangé. Et ce mouvement, loin d’être anodin, est le premier chapitre d’une liquidation totale.
Dubas veut reconstruire. Crosby veut gagner. Ces deux visions ne peuvent coexister.
Et l’échange de Karlsson, loin d’apaiser les tensions, ne fait que les amplifier.
La bombe est prête à exploser.