Transaction Montréal-Pittsburgh: Sidney Crosby perd patience, Kirby Dach se cache

Transaction Montréal-Pittsburgh: Sidney Crosby perd patience, Kirby Dach se cache

Par David Garel le 2025-09-15

Le hockey est fait de symboles. Et ce lundi, alors que les Penguins de Pittsburgh ouvraient leur camp d’entraînement, Sidney Crosby a donné une véritable leçon de caractère.

À 38 ans, le capitaine légendaire, pressé par un journaliste qui lui demandait à quoi bon s’acharner à gagner des matchs alors que plusieurs voyaient l’intérêt d’un « tanking » pour viser Gavin McKenna, a perdu patience.

Son regard était noir, son ton sec. Crosby a claqué une réplique qui résonne déjà comme une déclaration de guerre contre la médiocrité.

« Dans le sport professionnel, vous jouez pour gagner. C’est ce que j’ai appris. Vous n’allez pas me convaincre du contraire. S’il y a des gens qui pensent ainsi, moi, je n’ai pas signé pour perdre des matchs.

Ce n’est pas ce que je connais. Si vous voulez regarder les choses de cette manière, bien, c’est votre perspective. Cependant, ce n’est pas comme ça que je vois la situation. »

Puis il a ajouté, sans aucune pitié :

« Les prédictions provenant de l’extérieur sont très pessimistes, mais ça ne change pas mon approche. Je travaille chaque soir en essayant de gagner.

Voilà comment je vois le tout. Quand les attentes sont très élevées, vous devez bien gérer cela. Cette fois, elles sont basses, mais il faut également gérer adéquatement. Au bout du compte, on doit jouer les matchs, peu importent les prévisions à notre égard. Nous ne pouvons contrôler ça. »

Un message clair. Crosby n’acceptera pas de devenir le visage du « tanking ». Son ADN est celui d’un gagnant, pas d’un figurant dans une reconstruction.

Pendant que Crosby lançait ses éclairs devant les caméras à Pittsburgh, la scène était bien différente à Laval-sur-le-Lac.

Au tournoi de golf annuel du Canadien, tous les regards cherchaient Kirby Dach. Mais Dach n’a pas parlé. Pas un mot aux journalistes. Pas une citation. Rien.

Ce silence n’est pas un simple détail. On le cache. On le protège. On sait qu’il revient d’une deuxième opération au genou en moins de deux ans. Et qu’il n’a pas encore prouvé qu’il pouvait occuper le rôle de deuxième centre tant attendu par le Canadien.

À sa place, c’est Jeff Gorton, le vice-président des opérations hockey, qui est allé au front :

« Il a l’air plutôt bien. Il est en santé. Nous avons un plan. Nous voulons qu’il soit prêt pour le match d’ouverture. C’est ce que nous essaierons de faire. Il sera peut-être un peu lent au départ, mais nous voulons qu’il soit là. »

Le message est cinglant. On veut calmer les inquiétudes. On veut montrer à la LNH, et surtout aux Penguins, que Dach est bel et bien vivant. Que son genou tient. Que son potentiel existe encore.

Ce n’est pas juste une communication interne. C’est une opération marketing. Une façon d’envoyer un signal à Pittsburgh : si jamais Crosby devait lever sa clause, Dach fait partie de l’équation.

Crosby refuse le tanking, Hughes refuse le bluff.

C’est là que les deux histoires s’entrecroisent. À Pittsburgh, Crosby hurle à la face du monde qu’il ne jouera jamais pour perdre. À Montréal, Gorton se porte garant que Dach sera prêt à jouer. Deux discours, deux contextes, mais une même ligne directrice : envoyer des messages.

Crosby dit au DG Kyle Dubas :

« Ne comptez pas sur moi pour servir de figurant dans une saison de tanking. »

Gorton dit à Dubas :

« Si tu veux reconstruire, nous avons Dach. Il est prêt. Son genou est stable. Tu peux le prendre dans un package deal. »

Les rumeurs ne sont pas sorties de nulle part. Depuis plusieurs semaines, les insiders multiplient les indices. Pat Brisson, l’agent de Crosby, a ouvert la porte à un départ.

Pierre LeBrun l’a rapporté. Arpon Basu a publié un texte choc dans The Athletic démontrant pourquoi Montréal est l’option numéro un. Et Michael Russo, l’un des plus respectés aux États-Unis, a confirmé que « si Crosby va ailleurs, ce sera pour Montréal ».

La question est désormais frontale : Dach est-il un centre #2 crédible pour le Canadien, ou une monnaie d’échange parfaite pour séduire Pittsburgh?

Alors que les noms d'Owen Beck, Joshua Roy, Oliver Kapanen et Jayden Struble sont des noms qui circulent à Pittsburgh pour un possible "package deal" qui incluraient aussi des choix au repêchage, Kirby Dach est clairement un élément essentiel aux négociations entre Montréal et Pittsburgh.

Ses statistiques récentes parlent contre lui : 22 points en 57 matchs la saison dernière, un différentiel de -29. Des blessures récurrentes. Une réputation de joueur fragile. Mais il a 24 ans. Il a un gabarit rare. Et il reste une valeur intrigante pour une équipe qui cherche à rebâtir.

Ce qui frappe dans tout ça, c’est le contraste. Crosby, à Pittsburgh, refuse de plier devant l’idée du « tanking » et garde intacte son aura de compétiteur.

Dach, à Montréal, est protégé derrière Gorton, symbole d’un joueur dont la confiance publique est trop fragile pour affronter la tempête médiatique.

Mais le lien est évident : les deux dossiers se rejoignent. Si Crosby dit un jour à Dubas qu’il veut partir, Dach sera probablement sur le premier avion pour la Pennsylvanie. Et Gorton le sait.

Pendant ce temps, Dach n’a pas été rendu disponible aux journalistes. Silence radio. Pas une phrase, pas un mot. On cache un joueur de 24 ans qui n’a pas joué depuis le 22 février, après une autre blessure au genou contre Ottawa.

Ce silence, c’est plus qu’une précaution médicale. C’est une manœuvre stratégique. Dach, on le protège, car il est désormais au cœur d’un double discours : à Montréal, on le vend comme le futur deuxième centre, mais en coulisses, tout le monde sait qu’il est l’une des premières pièces qu’on glissera dans un package deal si Sidney Crosby ouvre la porte à un départ de Pittsburgh.

Martin St-Louis, lui, a aussi pris soin de se présenter comme le coach confiant. Il a rappelé qu’il parle régulièrement à son jeune centre, qu’il suit sa réhabilitation, qu’il croit en son retour :

« Il a travaillé fort. Il progresse afin de pouvoir être prêt pour la saison. On sait de quoi il est capable, et il a tout fait cet été pour revenir au jeu. On va voir, mais je suis très encouragé. »

Des mots positifs, mais qui sonnent aussi comme une mise en marché. Dach est présenté comme un soldat exemplaire, un jeune qui n’a rien lâché malgré deux chirurgies en moins de deux ans. Exactement le genre de profil qu’une équipe en reconstruction pourrait accepter comme pièce dans une transaction.

Interrogé sur les solutions de rechange si Dach n’est pas prêt ou si son rôle reste flou, Gorton n’a pas fermé la porte :

« On est toujours ouverts à l’idée de pouvoir ajouter des joueurs à notre formation. C’est bien connu qu’on a amorcé la période estivale en tentant d’améliorer notre degré d’habiletés, en tentant d’ajouter à notre noyau, et je pense qu’on a en partie été capables de faire ça. On va toujours essayer de devenir une meilleure équipe, c’est là où nous en sommes dans notre évolution. On verra ce qu’il y a sur le marché. »

Montréal regarde ailleurs. Et cet « ailleurs », il a un nom : Sidney Crosby.

En attendant, les partisans de Montréal peuvent savourer ce paradoxe : leur rêve de voir Crosby au Centre Bell prend de plus en plus d’ampleur, tandis que leur deuxième centre actuel se cache derrière les discours rassurants de la direction et du coach.

Un capitaine qui gronde, un jeune centre qui se tait. Deux destins, deux villes, une seule rumeur.