Catastrophe en vue sur le marché des transaction : le Canadien de Montréal est pris en sandwich entre Seattle et Saint-Louis.
Kent Hughes avait un plan. Il avait ses cibles. Il avait du capital. Mais voilà qu’en l'instant de quelques secondes, le terrain sous ses pieds s’effondre. Et la raison de revirement de situation s’appelle Seattle.
Tout semblait pourtant bien orchestré. Le Canadien de Montréal voulait frapper deux grands coups : obtenir Jordan Kyrou des Blues de Saint-Louis et mettre la main sur un centre du Kraken de Seattle.
Deux objectifs clairs, séparés, mais complémentaires. D’un côté, l’explosivité offensive d’un ailier droit capable de transformer le trio d'Ivan Demidov. De l’autre, un centre établi pour stabiliser la colonne vertébrale de l’équipe derrière Nick Suzuki... et pivoter Ivan Demidov... et Jordan Kyrou...
Simple. Élégant. Mais difficile à exécuter.
Surtout qu'un imprévu est venu tout saboter : le Kraken est entré dans la danse pour Kyrou.
Selon les informations d’Elliotte Friedman, Seattle est maintenant co-finaliste avec le Canadien dans la course à l'attaquant des Blues.
Et ce détail, qui semble anodin sur papier, est en réalité le pire scénario pour Montréal. Parce que Saint-Louis ne veut pas juste des choix. Ni des espoirs lointains. Les Blues veulent un centre. Un vrai. Et ça, Seattle en a… beaucoup.
Trop, même. Au point qu'on parle d'un surplus toxique à Seattle.
Matty Beniers, Shane Wright, Chandler Stephenson, Jared McCann, Frédérick Gaudreau, Berkly Catton. Sept centres. Pour trois postes.
La transaction qui a envoyé Gaudreau à Seattle a empiré la situation. En réalité, c’est la congestion au centre qui devient invivable pour le Kraken.
Et les dirigeants du club l’ont bien compris : un de ces centres devra partir. Et quoi de mieux que d’utiliser ce centre… pour aller chercher Jordan Kyrou?
C’est là que Kent Hughes se retrouve pris au piège. Parce qu’il négocie lui-même avec Seattle pour obtenir un de ces centres. Il tente d’amener Shane Wright. Il discute pour Matty Beniers. Il s'est informé pour Chandler Stephenson, sans toutefois être vraiment intéressé au vététan. (c'est vraiment Beniers ou Wright qu'il veut).
Mais si Seattle envoie un de ces centres à Saint-Louis pour acquérir Kyrou, le Canadien perd sur les deux tableaux. Pas de centre. Pas d’ailier.
À Saint-Louis, la consigne est claire : Jordan Kyrou ne sera pas échangé contre des choix ou des projets. Le DG Doug Armstrong veut un centre établi. Quelqu’un qui peut jouer tout de suite sur le top-6.
C’est pourquoi Kent Hughes était prêt à inclure Kirby Dach dans son offre. C’est pourquoi il a aussi mis sur la table Logan Mailloux ou Jayden Struble et potentiellement un choix de première ronde en 2026 ou 2027.
Mais maintenant que Seattle offre un centre en retour, ça change tout.
On voit mal le Kraken sacrifier Beniers, mais dans la vie, il ne faut jamais dire jamais. Sinon, Shane Wright serait-il disponible?
Les Blues préféreront un centre du Kraken à un Dach chancelant qui sort d’une grave blessure. Et même un Stephenson ou un McCann peut leur convenir davantage s'il y a d'autres éléments dans le "package", surtout s’ils cherchent un impact immédiat. Et ça, c’est une catastrophe pour Montréal.
Le pire dans tout ça, c’est que Kent Hughes se battait sur deux fronts sans savoir que ces fronts allaient fusionner. Il croyait pouvoir négocier séparément : d’un côté avec Doug Armstrong à Saint-Louis, de l’autre avec Jason Botterill à Seattle.
Or, en liant les deux dossiers par l’entremise de Jordan Kyrou, Seattle vient de faire exploser l’équilibre fragile que Hughes tentait d’imposer au marché.
Et maintenant, Montréal est dos au mur.
Parce que si Kyrou est échangé à Seattle, c’est fini pour le CH. Non seulement il perd la chance d’avoir Kyrou, un allié droitier explosif, ami proche de Nick Suzuki, mais il perd aussi la possibilité d’obtenir un centre dans une transaction avec le Kraken. Seattle ne donnera pas deux centres dans le même été. C’est mathématiquement et stratégiquement impensable.
Le plus cruel dans cette histoire, c’est que le nom de Kirby Dach a été jeté sur la table comme un indésirable qui laisse des traces.
Hughes l’a proposé aux Blues comme "throw-in."
Mais si l’offre du Canadien est balayée par celle de Seattle, alors Dach, lui, demeure à Montréal… avec la sensation d’avoir été rejeté.
Et ce genre de rejet laisse des marques.
Surtout quand il s’ajoute à un historique de blessures. À des doutes médiatiques. À une pression énorme. Si Kirby Dach reste après avoir été offert dans une transaction pour Kyrou, la question devient : quelle est sa place réelle dans cette organisation?
Et surtout… pendant combien de temps encore?
Même chose pour Logan Mailloux. On l’a vendu comme l’avenir à droite de la défensive montréalaise. On l’a placé dans les vitrines médiatiques, on l’a comparé à des noms prestigieux. Et pourtant, son nom est partout dans les rumeurs de transaction.
Que ce soit pour Kyrou, pour un centre de Seattle, ou dans des scénarios plus tordus impliquant Edmonton (Mike Matheson) ou Calgary (Rasmus Andersson), Mailloux est devenu une monnaie d’échange.
Et comme pour Dach, cela signifie qu’on ne le considère plus comme une pièce fondatrice du club. Kent Hughes le voit comme un outil pour construire via transaction.
Ils ne sont pas les seuls.
Le nom de Jayden Struble est revenu dans plusieurs conversations ces derniers jours. il représente un profil intrigant pour une équipe comme Saint-Louis ou Seattle qui cherche de la profondeur à la ligne bleue.
Struble, dans un package avec Mailloux ou Dach et un choix, peut faire basculer un deal. Mais cela signifie que Montréal continue de démembrer ses jeunes défenseurs gauchers. Struble est désormais dans le viseur du marché lui aussi.
Un autre nom mérite d’être mentionné : Owen Beck.
Beck, centre responsable, adoré par les recruteurs du CH, promis à un rôle de troisième centre idéal pour les prochaines années, a aussi été évoqué dans les rumeurs entourant Kyrou. Pas toujours directement, mais assez pour que son entourage le sache.
Et Beck, lui, commence à comprendre : il n’est pas jugé intouchable à Montréal.
Pas après qu’on ait tenté de l'envoyer à Long Island dans la transaction de Noah Dobson, alors que Mathieu Darche a préféré Emil Heineman. Et encore moins aujourd’hui, alors que tout le monde espère un centre établi de Seattle.
Et pendant ce temps-là, à Edmonton, un autre incendie est à deux doigts d'arriver. Les Oilers veulent Mike Matheson. Ils sont prêts à envoyer Ryan Nugent-Hopkins. Et le Canadien pourrait avoir son centre #2 immédiatement.
Mais si Hughes attend trop longtemps dans le dossier Seattle-Saint-Louis, il risque aussi de se faire doubler par une autre équipe dans le dossier Nugent-Hopkins. Rien n’est garanti. Et à vouloir être dans tous les dossiers… on peut tout perdre.
Kent Hughes doit choisir. Rapidement. Il doit décider s’il mise tout sur Jordan Kyrou. Ou s’il met le paquet pour un centre de Seattle. Ou s’il change complètement de cap et va chercher RNH à Edmonton. Mais il ne peut plus espérer jouer sur tous les tableaux à la fois.
Le marché est en feu. Et le Canadien est pris au centre de la tempête.
S’il ne frappe pas maintenant, il n’aura plus rien de potable offensivement.
Et dans un été où Ivan Demidov, Lane Hutson et Noah Dobson viennent de raviver la flamme des partisans, le pire serait de tout gâcher par excès de prudence.
Hughes a la balle. Il doit tirer. Tout de suite.