Transaction Montréal-Toronto: ça sent la reconstruction

Transaction Montréal-Toronto: ça sent la reconstruction

Par Marc-André Dubois le 2025-05-19

C’est terminé. Pas juste la saison. Pas juste l’ère Shanahan. Non. Ce qui vient de s’effondrer, c’est un château de cartes bâti sur l’arrogance, l’entêtement et les mirages de vedettes trop "bébés gâtées" pour gagner quand ça compte.

Les Maple Leafs de Toronto sont en crise existentielle.

Et ce n’est pas un autre échec parmi tant d’autres. C’est le crash final, celui qui sonne la fin d’un cycle et annonce un séisme sans précédent dans l’organisation. Pourquoi? Parce que cette fois, il ne reste plus rien à sacrifier.

Plus de choix. Plus d’espoirs. Plus de fenêtre.

Ce club a tout donné pour gagner… et il a tout perdu.

Toronto n’a plus de choix de première ronde avant 2028. Oui, tu as bien lu. Pas de choix 2025. Pas de 2026. Pas de 2027. Rien.

Leur premier choix de 2025 a été envoyé à Chicago dans l’échange de Jake McCabe et Sam Lafferty. Leur choix de 2026 est parti à Boston pour Brandon Carlo. Celui de 2027, expédié à Philadelphie pour Scott Laughton. Trois coups désespérés. Trois balles dans le pied.

Ajoute à cela Fraser Minten et Nikita Grebyonkin, deux de leurs meilleurs espoirs, aussi sacrifiés avec l'argument du « win now ».

Résultat? Une banque d’espoirs vide, des contrats surpayés, des vedettes sous pression et aucune progression en séries. Rien. Zéro. Nada.

Un système de développement déserté jusqu'à la dernière goutte.

Il reste quoi?

Easton Cowan, une lumière dans les ténèbres. Brillant en séries avec London (39 points en 17 matchs), mais encore un projet.

Ben Danford, un défenseur correct, sans éclat offensif.

Dennis Hildeby, un gardien suédois prometteur… mais qui a connu des débuts ordinaires dans la LNH (.878 d’efficacité).

Autrement dit, aucun sauveur. Rien qui ne viendra changer la donne à court ou moyen terme.

À Toronto, on commence à voir les fantômes de Pittsburgh. Une équipe qui a trop attendu. Qui a trop cru à son noyau. Qui a refusé de reconstruire… jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

La peur, c’est de devenir les prochains Penguins : un club vieilli, ruiné, sans avenir, qui court après ses erreurs en regardant le passé avec nostalgie.

Et c’est là que surgit le mot tabou dans la Ville Reine : reconstruction.

Car oui, aujourd’hui, elle est sur la table. Pour la première fois depuis plus de dix ans, on parle à Toronto de « tout vendre », de « recommencer à zéro », de mettre fin au mythe du "Core Four".

Et pour reconstruire, il faut du carburant. Des choix. Des jeunes. De l’espace sous le plafond salarial.

Et pour en obtenir, il faudra sacrifier les plus grandes pièces.

William Nylander? Il a une valeur de marché énorme. Même avec son contrat de 11,5 M$ par année jusqu'en 2032, les équipes feront la file pour obtenir le suédois. 

Auston Matthews? Le jackpot. Un contrat à 13,25 M$ jusqu’en 2028, mais un joueur d’impact que plusieurs équipes seraient prêtes à surpayer. Une transaction à la Eric Lindros. Un pacte qui pourrait ramener un trio d’espoirs élite, des joueurs établis et des choix à répétition.

Et c’est là que le Canadien de Montréal entre en scène… ou plutôt, devrait entrer en scène. Parce que s’il y a une équipe dans la LNH qui possède exactement ce que les Maple Leafs recherchent désespérément pour reconstruire leur avenir, c’est bien le CH.

Des choix de premier tour à la pelle, des espoirs de premier plan empilés comme des lingots dans une banque suisse, et une jeunesse vibrante qui attend juste d’éclore.

Michael Hage et Logan Mailloux sont les premiers noms qui viennent en tête. Sans parler des choix 16 et 17 du prochain repêchage.

Montréal est une caverne d’Ali Baba pour n’importe quel DG désespéré. Et à Toronto, ils le sont plus que jamais. Sans oublier Juraj Slafkovsky, déjà établi dans la LNH, qui fait de plus en plus jaser sur le marché des transactions.

Le hic? C’est que Toronto ne fera jamais affaire avec le Canadien. Pas volontairement. Pas directement. Pas dans un échange qui verrait Auston Matthews, le visage de leur franchise, traverser le corridor de l’ennemi juré pour enfiler le chandail tricolore.

Ce serait un scandale politique pour n’importe quel dirigeant des Leafs, un acte de trahison gravé au fer rouge dans l’histoire de cette rivalité.

Même si Kent Hughes déposait sur la table une offre de rêve – Logan Mailloux, Michael Hage, les deux choix de première ronde et Juraj Slafkovsky – les Leafs ne pourraient pas, psychologiquement, accepter de voir Matthews venir hanter Toronto six fois par année. Trop d’orgueil, trop de passé, trop de douleur accumulée depuis 1967.

Mais qu’on se le dise franchement : ce serait un fit parfait. Montréal pourrait offrir aux Leafs un pont vers une reconstruction rapide et structurée. 

Les Leafs, eux, pourraient se départir d’un joueur qui semble avoir atteint la limite de ce qu’il peut accomplir dans un marché aussi toxique et émotivement exigeant.

L’offre serait là, logique, équilibrée, même irrésistible sur le plan hockey. Et les partisans du CH, eux, auraient enfin leur premier centre générationnel depuis Jean Béliveau.

Malheureusement, l’histoire, elle, a d’autres plans. Mais dans un monde parallèle, Auston Matthews serait déjà dans un condo au Vieux-Montréal, et Toronto, pour une fois, aurait fait un choix intelligent.

Il n’est pas impossible que Matthews, frustré, demande lui-même à partir. La zizanie actuelle dans le vestiaire, ses commentaires après l’élimination, laissent croire qu’il en a ras-le-bol. Ras-le-bol d’échouer, ras-le-bol des critiques, ras-le-bol de porter ce logo maudit.

« Il y avait trop de passagers. On n’était pas tous sur la même page. »

Cette déclaration a fait exploser le vestiaire. Tout le monde a compris qu’il visait Nylander. Et pendant qu’il lançait ses coéquipiers sous l’autobus, Matthews refusait de se regarder dans le miroir. Pourtant, il a été transparent dans cette série : invisible, anémique, incapable de produire.

Un leader? Non. Un capitaine de naufrage.

Et pendant que Marner fondait en larmes, hué par ses propres partisans qui lançaient chandails et casquettes sur la glace, Matthews se cachait derrière le podium. Comme pour mieux fuir un vestiaire en ruine.

Mitch Marner ne remettra plus jamais les pieds au Scotiabank Arena avec un chandail bleu. Hué, méprisé, psychologiquement vidé, il va quitter Toronto cet été... pour rien...

Son nom circule déjà à San Jose, à Pittsburgh, à Chicago. Il ne veut plus vivre dans une ville qui le brûle vivant à chaque erreur. Et le marché de Montréal, oubliez ça. Marner ne veut plus jamais vivre sous un microscope.

Pendant ce temps, Brendan Shanahan est l’architecte du naufrage

Le président doit tomber.

Shanahan a tout tenté… sauf la chose évidente : changer son plan.

Il a cru que la persévérance allait payer. Que la fidélité à un noyau finissait toujours par rapporter. Mais il s’est trompé. À Détroit, il y avait une culture. À Toronto, il n’y avait qu’un mirage.

Et aujourd’hui, c’est lui la tête à couper. Son règne de onze saisons ne compte que deux victoires de séries. Deux.

Le dernier espoir est Matthew Knies.

L’organisation ne veut pas le perdre. Knies est le seul intouchable. Et ça en dit long.

Autour de lui? Une défense ordinaire. Des gardiens sans éclat. Une structure qui s’écroule.

Il ne reste plus qu’une chose à faire : tout vendre. Et le faire maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.

Toronto n’est pas un aspirant. C’est un club ruiné. Un Titanic dont le capitaine refuse d’évacuer.

Mais les fans en ont assez.

Les médias sont unanimes : ventes de feu. Reconstruction. Renouveau.

Car tant qu’on continuera de croire que ce noyau peut gagner, la malédiction de 1967 va perdurer.

Et cette fois, même le hockey ne peut plus les sauver.