Oubliez Mitch Marner à Montréal nous dit les médias torontois.
Pas parce qu’il n’a pas le talent. Pas parce qu’il ne ferait pas rêver Ivan Demidov. Pas parce qu’il n’a pas le profil parfait pour évoluer dans un top-6 en manque de créativité. Non.
Selon les médias de Toronto, il faut oublier Mitch Marner à Montréal, tout simplement parce que ce n’est pas réaliste.
Mais si Kent Hughes veut quand même tenter sa chance, il devra payer un choix de 3e ronde simplement pour avoir le privilège de lui parler.
Car c’est là qu’on en est. Brad Treliving ne laissera rien partir pour rien. Et surtout pas les droits de négociation d’un joueur qui, même dans la controverse, reste l’un des ailiers les plus productifs de sa génération.
Max Pacioretty l'a dit avec justesse : toutes les équipes rêvent d'avoir Mitch Marner. Mais très peu peuvent vraiment se le payer. À commencer par le Canadien.
Oui, Kent Hughes dispose d'une certaine flexibilité. Mais elle est temporaire. Dès 2026, le contrat de Lane Hutson va peser lourd. Et en 2027, celui d’Ivan Demidov explosera les plafonds. Deux contrats qui vont drainer la marge de manœuvre.
Et rappelons un élément fondamental : Mitch Marner n’est pas un joueur de centre. Il ne vient pas stabiliser la structure offensive du CH. Il vient l'embellir. L'intensifier. Mais il ne résout pas le plus grand défi du club : trouver un deuxième centre élite derrière Nick Suzuki.
Cela dit, si Hughes veut foncer, il devra jouer sur un terrain dangereux.
D’abord, convaincre Marner de s’intéresser au CH. Et ça commence par le convaincre qu’Ivan Demidov peut changer sa carrière.
Car pour jouer avec Demidov, il faut un cerveau. Pas seulement des mains. Marner, dans ce rôle, pourrait connaître ses plus belles années.
Il verrait des lignes de passe que personne d’autre ne voit. Il deviendrait un chef d’orchestre d’un nouveau genre, dans un marché qui sait reconnaître le talent.
Mais voilà : selon les journaux de la Ville Reine, Marner ne veut rien savoir de Montréal. Il est né à Toronto. Il a grandi avec cette rivalité. Et il sait très bien que les projecteurs montréalais ne sont pas moins cruels que ceux de la Ville Reine.
Et surtout, il n’a pas oublié ce qu’il a vécu avec les Leafs : insultes dans la rue, attaques verbales envers sa famille, critiques virulentes envers son père, et un climat médiatique devenu invivable.
Aujourd’hui, Mitch Marner veut de la paix. Il veut un marché discret. De l’anonymat. Et une chance de gagner. Montréal ne coche aucune de ces cases.
C’est pourquoi les destinations les plus plausibles restent :
Chicago, pour jouer avec Connor Bedard
San Jose, pour encadrer Macklin Celebrini
Pittsburgh, pour retrouver Kyle Dubas et peut-être Sidney Crosby
Utah, pour devenir la vedette d’un nouveau marché en plein essor
Kent Hughes, lui, pourra peut-être tenter un coup de poker. Donner un choix de 3e tour à Treliving, comme les Hurricanes l’ont fait pour Guentzel, juste pour parler à Marner.
Ce fameux choix de 3e ronde, ce n’est pas une invention sortie de nulle part. C’est exactement ce que les Hurricanes de la Caroline ont obtenu lorsqu’ils ont échangé les droits de négociation de Jake Guentzel au Lightning de Tampa Bay, quelques jours avant l’ouverture du marché des joueurs autonomes l'été dernier.
Guentzel, comme Marner aujourd’hui, allait tester le marché. Et pourtant, la Caroline a su soutirer un 3e tour juste pour que Tampa ait le droit de lui parler en avance. C’est ce précédent qui donne à Brad Treliving toute la légitimité pour exiger la même chose avec Marner.
Mais ce serait un pari à haut risque. Car même si l’offre est convaincante, rien ne garantit que Marner dira oui.
Et pendant ce temps, le CH devra aussi garder des cartouches pour son véritable besoin : un centre élite. Quelqu’un pour appuyer Suzuki. Pour guider Demidov. Pour ancrer le futur de l’équipe à la position la plus importante au hockey.
Marner, aussi brillant soit-il, n’est pas ce joueur.
Ce serait du luxe. Un luxe que Montréal ne peut pas encore se permettre selon ce qui circule.
Alors, comme dirait les médias de Toronto : next.
Mais… et si on arrêtait deux secondes d’écouter les médias de Toronto?
Et si, juste une fois, Kent Hughes osait dire non aux évidences et oui à la folie?
Un choix de 3e ronde, c’est quoi dans le grand schéma? C’est le prix pour parler à Mitch Marner. Juste pour s’asseoir. Juste pour faire miroiter. Juste pour essayer. Et dans le sport, dans la vie, parfois… essayer, ça change tout.
Surtout si on lui présente le plan. Surtout si on lui parle d’Ivan Demidov.
Parce qu’un talent comme Demidov, il ne demande pas n’importe quel compagnon de trio. Il demande un artiste. Une finesse. Un QI hockey qui dépasse la norme. Marner est cet homme-là. Et ce duo, sur la glace, pourrait faire exploser toutes les théories.
Et si, au lieu de fuir la pression, Marner décidait de l’affronter?
Et s’il en avait assez de se faire traîner dans la boue? Assez de se faire traiter de passager, de fantôme, de diva surpayée?
Et s’il voulait leur prouver à tous — à Toronto, aux médias, aux partisans — qu’il est capable d’être transcendant dans le marché le plus exigeant du hockey?
Montréal pourrait être sa rédemption. Sa revanche ultime. Son bras d’honneur.
Il est pratiquement assuré qu’il dise non.
Mais et s’il disait oui?
Et s’il choisissait d’écrire un nouveau chapitre à 28 ans? De prouver qu’il n’a pas peur. Qu’il veut gagner ici. Et pas ailleurs.
Un choix de 3e ronde, c'est pratiquement rien. Mais dans la bonne conversation, avec la bonne vision, le temps, ça peut ouvrir la porte à l’impossible.
Alors non, Mitch Marner ne viendra probablement pas à Montréal.
Mais le hockey, c’est aussi fait pour rêver.